Parmi les nombreuses oeuvres de ce philosophe chinois, Han Fei (-288/-233), il en est deux qui ont Le Lao-Tseu pour objet: Les commentaires de Lao-Tseu & Les illustrations de Lao-Tseu. Le traducteur à la manoeuvre, dans cet inédit publié dans une collection de poche en 1995, est Jean Lévi.
Han Fei ne commente pas toutes les stances, ici nommées versets, de Lao-Tseu. Quatre vers de la première ont retenu mon attention:
Par le non-vouloir permanent
On contemple son mystère.
Par le vouloir constant,
on saisit ses frontières.
Le même traducteur, 24 ans plus tard, offre une version légèrement différente des mêmes quatre vers
:
Toujours le non-vouloir
m'ouvre le caché.
Et toujours le voiloir
m'ouvre les entours.
La note 3 précise:
Entours est glosé habituellement par frontière | contours | terme | retour, mais aussi extrémité, voire ténuïté.
Par caché, Jean Lévi nous invite à comprendre "essence". "En demeurant perpétuellement dans un état de non-vouloir, on est capable d'accéder à la contemplation
- de l'essence,
- de la voie.
& cette essence n'est rien d'autre que l'un. En état de perpétuel vouloir, on est capable de saisir vers quoi le vulgaire fait retour & vers qui il accourt."
De ce qui précède, j'en induis (à mes risques & périls !):
Par le non-vouloir constant,
nos marges propres s'élargissent,
nos limites tendent à se dissoudre
davantage sans disparaitre pour autant.
Disons que nos limites tendent à s'illimiter
en posant des actes neufs
là où ils se savent assurés
de maintenir le "risque"
au même niveau d'acceptabilité.
C'est en construisant un cheminement serein à travers les réflexions d'autres que se glane de quoi l'affermir selon un parcours sinueux & pluriel qui est propre aux pas qui y progressent sans qu'ils puissent revendiquer une quelconque originalité de pensée; tout au plus quelques formulations propices qui concrétisent l'une ou l'autre station sur un parcours de vie. S'adossent ainsi quelques poussées végétativespuis fructueuses à de prudentes hypothèses, jamais à des affirmations péremptoires.