Debout sur le quai en manteau gris
Sur le quai le qui-vive aux aguets,
Il caresse un galet dans sa poche.
Sur le quai, il attend un radeau
Un bateau un vaisseau ferroviaire.

Au creux du manteau l'eau fait son lit
D'autres déploient des parapluies
Pour éviter pour éluder l'eau
Qu'on élide mais peu lui importe :
Il caresse un galet dans sa poche.

Poncer polir mille fois la peau
Effleurer l'écho de la rivière
Sonder la patience du galet
Éroder les rêves de la roche
Croiser la vie cueillir la pierre

Il transporte ce galet en poche.
Poncer jusqu'à laisser filtrer l'eau
À travers les pores dilatés
Du mois d'avril ivresse de pluie
Averse frileuse qui s'enfuit

Ailleurs ou peut-être nulle part
Un quai de gare, port ou hangar
Debout sur le quai mémoire close
Il caresse un galet dans sa poche
Il berce l'océan de sa main

Et quelque chose en lui semble éteint
Et la mer et le jour se retirent
Et sur la voie on ne voit plus rien,
Le port, le quai, la gare expirent

À la surface, un galet ricoche.


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