Je te fais une promesse, quand tu regarderas au
creux de toute chose, je me dévoilerai.
Moi, Amandine, papillon de mer, fille du ciel
lessivé par les vents océans, fille du brouillard
condensé sur les matins du monde, fée écumante
de la mer dans ses mouvements de sac et de
ressac, je te le jure, je me dévoilerai.
Je réveillerai la fleur qui vit dans ton cœur
d’homme.
Enfin frémissante, la peau de ton tambour
caressera l’opale de ma peau douce, tressera mes
cheveux d’algues brunes et boira mes larmes
comme on boit l’eau de vie des fêtes païennes.
Tes mains donneront forme à mon visage d’argile,
mes seins, effleurés par tes doigts, se
gonfleront, globes lourds et fertiles, mes jambes
fermement enserreront ta taille et je
t’emmènerai nous couler dans la vague.
Mon cœur de fée océane se mêlera à ton cœur
trop humain, ma bouche nourrira le creux de ton
oreille et je te porterai de mes bras entrouverts.
Pour que tu voies les ciels de traîne, voleurs de
souvenirs, les miroirs du soleil qui façonnent les
mers, le velours de la nuit cloué par les étoiles.
Pour que tu sentes la force des vents d’ouest
bousculer l’eau vivante et les embruns tisser la
voile des bateaux portés par les rouleaux.
Pour que tes rêves se réveillent après tes
cauchemars, pour que tu te souviennes des
dentelles d’écume et de mon port de reine.
Puis dans le ressac, je te déposerai sur une plage
vide, enfin vivant, enfin avide de vivre la suite de
tes jours, où tu verras toujours la profondeur des
choses, où de nouveaux midi se donneront à toi.
Et moi, je partirai, grosse de tes tourments,
rejoindre la mer étale et les vents océans.
Oui, je t’en fais promesse, quand tu regarderas
au creux de toute chose, je me dévoilerai.
4/12/2011 DL