Lundi
Lundi à la veillée, le mot ‘artiste’ est trépassé
Ces lettres gisent à mes pieds, ensanglantées
‘Poètes vos papiers’, jamais ne serez ‘artistes’ !
Que les trompettes sonnent le glas, dieu que c’est triste
Mardi
De pertes en pertes les mots se tassent
Ils se tracassent et se demandent
Lequel d’entre eux on va pourfendre
Le mot ‘victime’ est à la masse
Bientôt c’est lui que l’on trépasse
Mercredi
On dit que la langue est vivante
On dit que la langue évolue
Qu’il faut donc bien faire de la place
Mais que l’on jette son dévolu
Sur la victime et sur l’artiste
Voilà qui tue…
Jeudi
Vous mes chéris jetés au feu, venez chez moi
Je vous attends, je vous reçois et vous accueille
Solennellement et devant tous, je lève le deuil
Qui vous accable, j’honore vos vies avec émoi
Installez- vous, je vous en prie,
Faites comme chez vous
Je m’occupe de tout !
Vendredi
À vous donc les honneurs
Mots qui disent, mots qui bruissent
Mots fait de creux et de reliefs
Ceux qu’on retient, ceux qui expliquent
Ceux qui se cachent, ceux qui s’oublient
Mots passionnés et mots d’amour
Mots de détresse et mots secours
Mots qui s’essoufflent, mots qui se vident
Mots ronronnants et mots qui vibrent
Ils farandolent, ils font la ronde
Ils se bousculent, ils créent un monde
Mais s’ils existent, s’ils s’enrichissent
S’ils s’amplifient, s’ils signifient
C’est qu’une terre les a reçus
Les a goûtés et abrités
Ils peuvent germer, pousses fragiles
Se renforcer, se faire aimer
Ils s’enracinent en plaine féconde
En plaine fertile, ils créent leur monde
Et même s’ils meurent à leurs ancêtres
Ils peuvent ailleurs enfin renaître
Samedi et dimanche
Heures bienheureuses de repos, de lecture
D’amour et de balades.
(Ostende, Knokke, ‘Une langue étrangère’ de
Serge Delaive, Les vagues du Nord De Dirk
Vermeirre, et Les scuptures de déesses de Jean-
Philippe Richard) Une ou deux idées de Poe, sur
une incitation de Karel Logist !!)