Elle pose en équilibre fragile
sur ses échasses dans la vase.
Les croisées aveugles de ses palais
délabrés fixent au loin la lagune,
et la rivière jadis détournée.
Le Canal traine spleen et rêves
d’éternité sous mille ponts, soupirs
à cueillir sur l’eau brumeuse d’avril.
Les pastels délavés des ruelles
gardent en leurs lézardes la nostalgie
de l’ivresse des nuits travesties.
Nulle part ailleurs, désespérance et
langueur ne se complaisent, que derrière
la façade blême d’une demeure
close qui s’abîme dans l’océan.