Les soirs de lassitude, oser fermer les yeux.
Au pli tendre du cou, respirer son odeur.
Puis, heureux, laisser se dérouler la torpeur
En une onde monotone. Etouffer les feux
De détresse, aborder une île paresseuse,
Goûter à cet instant singulier, savoureux.
Echouée contre ce corps d’homme, soyeux,
S’étonner d’être encore une femme désireuse.
Sous un climat d’indolence, odeurs de paresse,
Lever le voile sur un port de non retour,
Fatigués, animés d’une vague tendresse.
Sur sa peau moite, saisir les parfums verts, lourds,
Qui enflent l’air quand une note de cinname
Se mêle à sa chaleur pour chavirer les âmes.
(Atelier du 7 mars : caviarder un poème, deux mots par vers - Parfum exotique, Baudelaire)
Parfum exotique Charles Baudelaire
Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ;
Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l'œil par sa franchise étonne.
Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,
Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.