Elle épluche les pommes de terre
De ses mains noueuses et frêles
Elle émiette les poussières
Elle oscille un peu la tête
Elle épluche une tranche de vie
De ses lèvres qui hésitent
Elle émiette peu de phrases
La sémantique s’en évade
Elle épluche les mêmes sphères
Sa mémoire est en jachère
Elle émiette ses pensées
S’évade dans ses tendres années
Elle épluche une page blanche
La feuille glisse sur ses hanches
Ses pupilles ne capturent plus
Que quelques figures connues
Elle sourit encore à la vie
Elle sait qu’elle va bientôt partir
Bientôt se rapproche déjà
L’absence l’emporte pas à pas
Bientôt est au bas de la porte
Sous ses paupières closes, elle dort
Bientôt pour elle est enfin là
Elle sourit encore une fois
Et elle s’en va.