(à Don Juan)
Félicité parfaite d’une nuit blanche dans un jardin d’Espagne
Fraîcheur de l’herbe mousse rousse la pelouse comme on se couche
Clin d’œil de la lune borgne dans le dais d’un ciel de lit piqué de trous
Qui tamise l’aveuglante l’éblouissante lumière au-delà de l’au-delà
Silence des oiseaux, seule stridule encore la cigale, hulule la hulotte
Froufrou du vol incertain d’une chauve pipistrelle en sa quête nocturne
Un dernier tango flamenco nuptial allume les lampions des lucioles
Le vent d’été s’accroche amoureusement aux hanches des peupliers
Balancement, bruissement, soupirs des feuilles caressées
Douceur lactescente d’une épaule prise dans le faisceau de la lampe de lune
Effluves d’herbe moite froissée, de sucs et sèves mélangés, de corps en sueur
Je recueille, tel un aveu muet, l’amertume de la victoire dans ton regard désarmé.