Pan ! T’es mort !
Les enfants soldats ne jouent pas à la guerre. Ils la font.
Les enfants soldats n’ont pas d’armes factices. Leurs jouets tuent.
Les enfants soldats ne simulent pas la mort. Ils meurent.
Les enfants soldats ne font pas semblant, ne font pas comme si…
Les enfants soldats ne disent pas : je suis trop petit.
Les enfants soldats ne disent pas : quand je serai grand.
Les enfants soldats ne rêvent pas, leurs cauchemars sont éveillés.
Les enfants soldats ne disent pas : même pas peur.
Les enfants soldats ne disent pas : cap’ pas cap’.
Leurs terrains de jeux sont minés,
À la marelle ils perdent pied…
Les enfants soldats ne savent pas danser,
Ils marchent au pas cadencé.
Les enfants soldats n’ont ni père ni mère,
Ni sœur ni frère, ni fiancée.
Leur guerre est belle comme une amante,
Aimante et dévorante comme une mante
Religieuse.
Les enfants soldats ne sont plus des enfants.


L’enfant soldat sait le sexe des femmes
Et leurs yeux qu’exorbite la peur.
L’enfant soldat sait le pouvoir des armes,
Les mains qui implorent et les cris de douleur.
L’enfant soldat sait la saveur fade du sang ;
Il sait la beauté du carnage
Et la pâleur des cadavres
Et que les mouches maquillent de noir
Les béances pourpres des plaies.
L’enfant soldat sait le feu et les flammes
Et le goût de la terre brûlée,
Les enfants ahuris qu’on mutile,
Les vieillards résignés qu’on vénère
À grands coups de machette.
L’enfant soldat sait l’alcool et les drogues
Qui rendent invincible et lui donnent des ailes
De démon, de vampire,
De héros, de martyr
L’enfant soldat meurt au soleil de ses certitudes.


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