(Sangatte)

Il marche à reculons
Il pleure à petits pas
Il ne sait plus son nom
Ne sait pas où il va

Il a les pieds en sang
Et du sang sur les mains
Trop de fils barbelés
En travers des chemins

Jeté bas d’un camion
Sur la voie de détresse
Il n’a plus de maison
Seulement une adresse

Il tient le poing serré
Sur un bout de papier
Un numéro en poche
Des poches sous les yeux

Voyageur sans bagages
Voyageur imprudent
Il longe l’autoroute
Souvent se fait rouler

La mer au bout du rouleau
Le rêve vire au cauchemar
Le monde est un mirage
Cerné de chevaux de frise

Il se terre le jour, il s’égare la nuit
La ligne brisée de l’horizon
Où se fracassent ses illusions
S’éloigne, se dérobe et le fuit

Il marche à reculons
Il pleure à petits pas
Passager clandestin
À bord d’un jour sans fin

Notre père qu’on dit aux cieux
Donnez-lui s’il vous plaît
- Même s’il ne sait pas nos prières
avant les repas, Notre père -
Une part de notre pain quotidien
Il a faim.


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