Il avait été poète,
Il serait aventurier,
Mercenaire et déserteur.
Il ferait fortune,
Il serait millionnaire.
Il partirait loin, par-delà les mers et les océans.

Délaissant les livres, il fit sa valise
Et largua la muse pour le chant des sirènes.
Il embarqua à bord d’un vaisseau blanc
Lesté d’émigrants, de négociants…
L’Afrique pour horizon.

Il  fut commerçant, trafiquant,
Marchand d’esclaves,
Comptable, caravanier…
Sur ces rives inhospitalières,
Son génie s’épuisa en combines,
Procès et querelles mesquines.
Il parcourut les déserts et les jardins de bananes.
Il connut les fièvres et les vents contraires,
La chaleur accablante, les mornes paysages,
La solitude et l’ennui…

Ils ne furent qu’une poignée
À suivre l’enterrement
De cet enfant précoce,  
Mort prématurément.

 

(Les mots en italiques sont extraits du poème de Guillaume Apollinaire, L’émigrant de Landor Road)


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