Je suis celle qui lui fait prendre  
de la hauteur pour mieux voir  
les détails de la plaine,  
les ubacs montagnards,  
les lueurs finissantes  
de l’infini du jour.

Je suis celle qui soulève  
son corps soudain sans pesanteur,
l’enthousiasme de son œil,  
de son cœur. C’est ma manière  
à moi de l’aimer  
par-dessus les volcans éteints.

Je suis celle qu’il emprunte  
chaque matin. Je l’élève.
Il m’est fidèle. Parfois,  
il  m’amène une belle. Pour lui,
je prends l’aube à revers.

Tant de vigueur l’émerveille.
Je maîtrise la manœuvre.
Je lui laisse le bénéfice  
du doute sur la conduite  
à tenir. Je le soutiens.

L’ombre détache les objets  
endormis à même le sol.
C’est l’heure calme. L’objectif fait  
des cueillettes pleines de grâce,  
comme sans effort. Je m’incline.
Nacelle nomade. Zoom avant.

Je suis celle qui va chaque nuit  
de hangar en hangar.
Je rends vastes nos ébats,  
le ballon, ses bonbonnes et moi.
Langoureuse ou véloce,  
je me poserais sur un mouchoir,  
n’était ce ballonné de naissance.

Il a besoin d’espace  
pour se dégonfler en beauté.
Nacelle, j’en paille pour lui,  
le silence qu’il s’impose,  
la joie de son regard,la caresse de ses doigts  
sur mes bords en osier.

Il est celui dont l’âme errante
me sied si bien. Si loin.
Nacelle pucelle. Nacelle bretelles.
Je suis la version écolo  
des grands hélicos.


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