De l'éphémère aligné, garanti sans ragots
Le plus récent, en bas de page !
C'est à décoincer une plume, à la dégourdir hors de ses tranchées qu'il convient peut-être de s'atteler. Mais aussi à élargir un tant soit peu le champ des possibles en se disposant à se rendre davantage disponible.
25 7 23
Un été aux atours d'arrière-saison. Et toujours cette patience face à la paucité d'humanité: elle ne me dissout plus.
Parfois d'elles-mêmes les choses se règlent, en accord avec d'antérieures impressions saisies au vol.
26 7 23
Le Monde diplomatique, le seul abonnement mensuel qui douze fois l'an atterrit dans la boite aux lettres. Sans cette lecture mensuelle, je me sentirais moins équipé pour y lire les manières du monde tel qu'il va de plus en plus mal. Un journalisme qui décape.
Blaise Pascal, cité en exergue du roman d'Audur Ava Olafsdottir, La vérité sur la lumière: « Je ne sais qui m'a mis au monde, ni ce que c'est que le monde, ni que moi-même; je suis dans une ignorance terrible de toutes choses; je ne sais ce que c'est que mon corps, que mes sens, que mon âme et cette partie même de moi qui pense ce que je dis, qui fait réflexion sur tout et sur elle-même, et ne se connait non plus que le reste. »
Comme quoi d'autres plumes, antérieures, se sont penchées sur les mêmes questionnements sans y trouver plus de sens alors que maintenant, plus de sens que je n'en trouve à titre personnel. Cela est susceptible de nous rendre humbles dans l'acceptation même à laquelle il y a lieu de consentir. Une fois pour toutes. Sans précipitation ni atermoiement.
9 8 23
D'un soleil pâle apte
à tenir le corps
au sein d'une chaleur confortable
sans dévêture encore, évidemment !
Entre l'enchevêtré, l'inachevé et l'intraduisible, « Il faudra dans la phrase les mots composés à de telles places que la phrase ait un sens pour chacun de ses termes. » in Francis Ponge, Pratiques d'écriture ou l'inachèvement perpétuel, cité par Barbara Cassin dans Éloge de la traduction, Barbara Cassin Cet ouvrage est un journal de bord élogieux pour la traduction. Datant de 2016, le journal bien étoffé, étoffant une lecture-plaisir, a bénéficié d'une réédition en collection de poche (Pluriel, 2022). Son sous-titre: Compliquer l'universel ! Tout un programme, non ?
Un long passage de l'éloge du grec constitue du chou réchauffé sur la réforme [française] du Collège, version 2016. L'autrice y vibre d'une rage qu'elle alimente en l'adossant à une argumentatioon très franco-typée. Hormis ce texte de circonstance qui eût pu disparaitre à l'occasion du retravail qui a donné lieu à cet édition de poche, l'ouvrage est uniformément plaisant. La complémentarité entre ce recueil d'articles écrits par l'autrice entre 1989 & 2016 & Le vocabulaire européen des philosophies (mis à jour en 2019 dans une coédition Seuil/Le Robert), dictionnaire des intraduisibles s'éclairent l'un l'autre avec bonheur.
10 8 23
Être davantage présent
au plaisir instantané
né de la caresse solaire
enfin réinvestie:
il conduit à une forme
de joie paisible, comme une
puissance au potentiel
indéfinissable: tout ne peut l'être
& c'est aussi bien ainsi.
Avoir saisi l'occasion
d'une visite en duo
amical, communiquant
des impressions surgissantes
est un bienfait apprécié.
Ce bel imprévu accueilli
s'abouche en sensations partagées
commentées en direct
pendant la déambulation longue
au travers de l'art assemblé par
21 collectionneurs privés
(Musée de la Boverie, Private views, Liège 28 04 -13 08 23):
250 oeuvres
ponctuant habilement un dédale
autour de quelques toiles
prélevées des collections muséales
éclairant, elles, des thématiques transversales.
11 8 23
Dire une impuissance personnelle
n'est en rien s'offrir un moyen
de la reformuler.
Il suffirait peut-être pour cela
de la mieux réfléchir,
d'en approfondir
le sillonnement en soi
pour en infléchir le cours
tout en demeurant coi
le temps nécessaire
à cette éclosion.
L'assombrie tenture
tirée sur l'astre central
rend à la verdure
une densité profonde
qui sied assez bien
à l'enrobage nocturne.
12 8 23
Sème la houle intérieure.
Disperse-la sans vergogne.
L'uniforme règne pluvieux réendossé
a envahi l'univers sonore à neuf.
Chaque impact se détaille
en un précipité nourrissant
sans urgence: il règne
au végétal un air de contentement paisible.
Le régulier évoque une mousson confisquée
sous des dehors sans énervement.
Les écoulements sauvent
de leur omniprésence
la monotonie
d'un jour
de pluie.
Laisser vivre en soi
l'érudition cavalière:
d'une bibliothèque assemblée,
devenue peau vitale,
qui en ressource l'attrait,
en étoffe le souvenir
quand elle s'étonne d'avoir failli.
21 8 23
L'esseulement manifeste peut pour beaucoup et par moments s'avérer pesant. Le Robert (petit et historique confondus) ne reconnaît pas ce néologisme dérivé de l'adjectif qu'il définit ainsi: esseulé, « qu'on laisse seul, sans compagnie. » Il m'est venu spontanément... Le "on" de l'entame définitoire est un pronom indéfini: il dit bien l'impossibililité d'une quelconque responsabilité puisqu'elle résulte d'un acte involontaire - ne découlant d'une volonté explicite de quiconque -; l'esseulement ne dépend que du déclenchement de circonstances fortuites dont il convient, tout en en formulant le constat, de ne pas (trop !) se formaliser. Faire avec le faire sans en quelque sorte.
je 31 8 23
Cette perplexité mienne, bien installée mais sans crise existentielle, est plus que probablement pérenne. & faire avec le sans a tout du profit pour soi en en prenant le parti de faire avec le sans.
ve 1 9 23
Rythmaisons sonores
d'une pluie rigoureuse
se captent telle une info
dispensable & tout de même
bienvenue tant le bien entendre
vient en appui de l'élan vital.
Ovation faite au cocon
émancipant de maints tracas faits au soi.
7 9 23
« Si nous cherchons à nous associer aux autres, nous bénéficions en commun des talents de chacun et serons mieux à même de résister à ce qui peut nous détruire. » extrait d'une correspondance impossible entre Spinoza & Freud; attribué à Spinoza par Michel Juffé.
Phares automatiques:
pénombre au saut du lit,
une sérénité
un peu circonspecte,
accueillie car innovante.
9 9 23
L'officiel caniculaire inédit
Il est un peu plus de dix heures pour le soleil
et déjà s'invite
le rythme à l'amble
de la vie qui bat en soi.
10 9 23
La vitesse de dissolution
de glaçons dans un verre
plein d'eux est grande.
Le chaud bouillant du climat
en cet automnal émergent
est à la manoeuvre.
Remonte, inévitable,
un souvenir d'ado:
la fin des années soixante,
Piazza san Marco, Venezia,
une halte terrassée
trois grands verres d'eau
fonte glaçante très rapide,
à peine le temps de dire ouf,
11 9 23
Maturité rutilante
portée par branches-mûres
finement innervée
de chèvrefeuilles en fleur:
le noiraud a scellé d'abondance
la fin de l'été
davantage que les pommes
hébergeuses, larvées, empapillonnées.
13 9 23
Se confier au soi
une évidence tant que faire se peut.
Contenter le soi
sans être content de soi.
Se contenter d'être
imprégné de flamme.
Être content d'aller de l'avant
en fermant quelques portes
réelles & virtuelles
au profit d'autres aérant mieux
bronches, intérieur;
en un louvoiement
comptant sur un appui émergeant.
Être cause de soi
sans se remettre en cause
à chaque cause un peu abrupte
qui se présente, fortuite.
Naviguer entre promesses tenables,
compromis bien négociés;
toute compromission ç l'écart.
Un liquide se la coule en douce:
bref surgissement pluvial
noirceur lumineuse
une réplique possible.
Se poser sans imposition des mains:
un faire-sans au plus près de soi pourtant.
Chaque étape son époque.
Nulle étoupe ne l'étouffe
et reprend cette caresse folle
que les feuilles se prennent
tant l'intense sonorise mieux
l'environ sonore.
S'y faire sans s'enferrer,
précisément coller au plus près de l'instant
tant la dépose est réelle
Maintenir le cap vers la non violence (Judith Butler) et le pacifisme face aux humeurs guerroyantes tout en tenant à l'oeil dix Principes élémentaires de propagande de guerre (Anne Morelli) pour ne pas s'en laisser (trop) conter:
- Nous ne voulons pas la guerre;
- Le camp adverse est seul responsable de la guerre;
- L'ennemi a le visage du diable (ou "l'affreux de service");
- C'est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers;
- L'ennemi provoque sciemment des atrocités: si nous commettons des bavures, c'est involontairement;
- L'ennemi utilise des armes non autorisées;
- Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l'ennemi sont énormes;
- Les artistes et les intellectuels soutiennent notre cause;
- Notre cause a un caractère sacré;
- Ceux qui mettent en doute la propagande sont des traitres.
17 9 23
Puiser dans l'observation paisible des jeux de couleurs que fait la lumière solaire dans les feuillages la force pourtant fragile qui alimente le corps en humanité. C'est à cette audace-là que je dédie cette journée.
Réapprendre de soi, chaque jour un peu plus, que je suis un réfléchisseur et non/plus un agisseur me permet d'approfondir au mieux les balises précises qui se posent.
N'est-ce pas en étant de soi-même le meilleur garant, à chaque instant selon son potentiel propre disponible, qu'on est capable de faire face à chaque évènement qui advient tout au long d'une vie, peut-être bien trop longue, mais bon !, c'est ainsi...
Être pour soi d'une tendresse floue vaut consentement sans forfanterie ni vantardise.
C'est à cette saveur de l'air que se reconnait mieux la tessiture commune qui unit la nature au jardin & le corps d'en soi.
22 9 23
Songe à toute la pluie qu'il faut pour faire d'un monde
un habitat habitable.
26 9 23
Il ne suffit évidemment pas d'être femme pour être féministe*. Il n'est même pas sûr que ce soit une condition nécessaire.
*« Féminisme: Doctrine, mouvement qui préconise l'extension des droits, du rôle de la femme dans la société. » Le grand Robert, 2e édition, 2001)
Cette forme pensive de l'être en soi sied.
Tant qu'accueilli le corps se tient; pied à pied
lutter contre l'automne-hiver.
Tant que le lumière est là,
s'y complaire.
En s'évertuer, l'effort,
la vertu aussi.
L'effort, une vertu ?
La vertu, un effort ?
Entre deux mots, tant de pistes.
La clameur que le vent fait aux arbres
s'accompagne d'effeuillées/semailles:
détachements en voie de précipitation;
pour l'instant, langoureux.
Assister, conscience vive,
à l'automne s'installant
procure au corps une normalité
probablement propice.
La sérénité par dépit !
À défaut.
Par défaut, avoir le dépit serein
puisqu'il est de toute façon insiaisissable.
À défaut de repos, y cueillir du répit.
Et si je suis désespéré que voulez-vous que j'y fasse ? C'est par cette phrase que se conclut l'entretien accordé par Günther Anders (1902-1992) à Mathias Greffrath en 1977. La traduction française de cet entretien est parue en 2001 aux éditions Allia. Réimpression, 2022, ce qui m'a valu de pêcher l'ouvrage dans ces boites à livres que l'éditeur met à disposition des libraires... Peut-être même bien parce qu'elle trouve un écho puissant en moi face à "la situation" que je me dispenserai bien de qualifier plus avant, tant elle est à bien des égards devenue proprement inqualifiable.
L'entretien est une bonne introduction au parcours philosophique de cet écrivain qui a traversé le siècle et est passé au travers de ses soubresauts les plus sombres. Souvent, un entretien bien mené avec un auteur est une bonne manière de faire la connaissance d'une personnalité dont nous ne savions rien auparavant. Cette incursion par son intermédiaire dans la philosophie allemande, puis l'anti-nucléaire et le pacifisme, est riche de possibles sujets d'approfondissement personnel.
1 10 23
Mort sûre. Nulle morsure.
L'apparence tranquille
à la surface du flux
ne dit rien du chahut intérieur
qu'il s'agit de tenir sous boisseau.
L'automne affirme de discrètes apparitions:
ces champignons ravissent l'oeil.
Le tactile solaire
accomplit la thermopile corporelle.
Reconquérir l'espace sonore intérieur
en le dérobant
à d'inopportuns ébruitements.
Cette dérobade, une souplesse cohésive
avec l'environnement sonore immédiat.
Le trop bien entendre
vaut aussi pour l'inadéquat.
Il est adéquat de l'intégrer
& puisqu'il est possible
de le nier, ainsi soit-il !
Un gamin d'ennui s'évanouit, répétitif
à placer un ballon dans un cercle sans filet,
un squelette rachitique
le panier d'un sport
jamais traduit en français
tant le sens concret
de l'anglais aurait semblé incongru
aux pourvoyeurs de langue.
L'impact récurrent
sur un sol en bois
n'ennuie en rien, ouïe aiguisée,
la lecture attentive
des dix dernières pages
d'une fiction obéissante.
3 10 23
Les lémures, les aimes-tu mûrs ?
Ou alors derrière de laids murs ?
5 10 23
La paix intérieure qu'inclut
« Mon temps m'appartient. »
est une bienveillance faite
au soi fluide & maitrisé.
Cette aisance sied au corps.
Avancer posément en âge
sans y mettre de pression
ni se monter le bourrichon:
car
La sagesse de l'homme libre n'est point une méditation de la mort mais de la vie. Le terme MÉDITATION sous la plume de Spinoza s'entend comme une action par laquelle on considère exactement quelque chose à la recherche d'une vérité. Il signale
- l'intensité de la concentration,
- le soin qui est apporté à se concentrer
- et la durée passée à réfléchir.
Sous la plume de Spinoza, le terme méditation ne désigne pas une technique destinée
- à orienter puis
- à surmonter
les associations mentales.
6 10 23
L'indécision, être indécis, c'est hésiter. Cela n'empêche finalement pas de trancher l'indécidable, ce qui ne peut être décidé, ce dont "on" se sent incapable, comme faire pencher la balance dans un sens ou dans un autre. C'est cette sensation, voire même ce sentiment, que l'on éprouve qui révèle une forme d'impuissance à agir; celle-ci peut nous laisser fort démuni, sans munition, sans ressources intérieures suffisantes pour nous empêcher de tomber dans l'un ou l'autre puits dont on a l'impression qu'il est sans fond avant d'en arriver, au terme d'un parcours procédural qui peut s'avérer long et pénible, à décider que ce puits n'a pas lieu d'être, qu'il est sans fondement matériel. Il peut aussi se découvrir un autre "talent", celui de devenir un chantoir.
7 10 23
Accoster au réel
par un café mis à roucouler.
Citation extraite de la nécrologie que Roger-Pol Droit a rédigée pour sa chronique dans Le Monde (et aimablement mise à disposition par quelqu'un qui y est abonné sur un fil consacré à la version spizonienne du texte de l'Éthique): « La seule grande affaire de l'existence... était d'être heureux, ce qui signifiait pour lui être libre, autonome et en relation avec les autres. » Y veiller est salutaire.
11 10 23
À tant souhaiter sertir nos vies au creux de certitudes pourtant délétères, il est devenu insoutenable de s'y terrer en étant à ce point desserti par nos tangentes.
12 10 23
L'emprunt fictionnel, Encre sympathique de Patrick Modiano, récemment vu en entretien avec Augustin Trapenard. Un oral alangui lui prête langue précise à l'écrit. Ce lent jeu de piste tente de reconstituer des bribes de vie d'une inconnue. Le style plait. Premier enfouissement dans cette écriture aboutie.
Le martèlement serein du pluvial matiné convient à l'émollience du jour.
À la page 48, un saut dans le temps, 10 ans: « à force de recoupements, je dirais que 10 ans avaient passé depuis mon bref apprentissage de l'agence Hutte... »
Les villes muent. La nostalgie y devient alors propice à celles & ceux qui y sont sujet.
1310 23
L'amoingris s'installe
avant le frisson glaçant
un corps, en un peu moins circulant.
L'utile au jardin
fatigue au corps vissée
sublime une sieste
de quarante minutes.
Cécile Desprairies, La propagandiste. Ce roman en est-il bien un ? L'historienne a patiemment assemblé des faits survenus au plus proche, dans sa famille. D'où lui est venu ce besoin d'installer le mot "Roman" en couverture ? Cela dit, la vie sous l'occupation, côté collabo français, est bien rendue. Une antithèse en quelque sorte. L'avers sombre de la médaille.
14 10 23
L'écriture posée dont use Corinne Morel Darleux (1973) dans son plus récent essai, Alors nous irons trouver la beauté ailleurs: Gymnastique des confins, éd. Libertalia, 2023) enchante. En quarante étapes, un parcours de vie, la sienne. Grande lectrice, Rosa Luxemburg notamment dont plusieurs passages sont cités qui révèlent une surprise: elle est une plume de l'ailleurs, à la fraicheur intacte. Chaque moment passé avec cette présence humaine qui s'écoule de cette prose posée est un délice, un emportement au cours duquel d'éparses glanes s'assemblent. Par soulignements balisés.
La gymnastique (mentale si j'ai bien comrpis) qui se pratique dans les contins est prise à témoin lors d'un voyage d'un mois en Inde où elle a pu séjourner à Pondichery, ancien comptoir français, mais aussi dans une forêt du Tamil Nadu voisin. Ce grand pays imprègne toutes les pages de ce volume. Il s'y crée du lien entre pas mal de lectures de l'autrice; elle nous fait profiter au passage de ressources qui peuvent s'avérer précieuses pour nourrir plus avant nos curiosités assoifées de comprendre, si tant est que cela soit encore possible.
Arrimer nos fragilités humaines à de telles écritures, une ferveur.
15 10 23
Faire du feuillage
adoubé par la lumière
un soleil dans sa vie propre.
20 10 23
Le cocon du repli
Consentir à ne pas laisser filer la maille.
21 10 23
Le posément soi,
un ressourcement
nourri du paysage familier
adossé au jardin
façonnant le regard déposé.
La courbe solaire amoindrie
fait au living un miroitement
qui peuple la pièce de vie
d'ombres de lumière
à travers la feuillaison.
S'arrimer à l'ordre du présent en soi.
Hubert Haddad (1947), Le peintre d'éventail. L'aplomb qu'offre le déport dans une fiction que la main a élue sur un rayonnage de bibliothèque publique constituerait bien l'humus auquel il convient d'arrimer le corps, voire même de l'y ancrer.
Osaki: « J'ai longtemps vécu dans un monastère. Les moines m'ont recueilli après le suicide de mes parents. Beaucoup de gens n'ont pas survécu à l'armistice [au Japon]. » Ce passage évoque ce que Christian Ingrao, historien français - IEP Paris - documente dans Le soleil noir du paroxysme: nazisme, violence de guerre, temps présent (Odile Jacob, 2021). Au chapitre V intitulé Le suicide de guerre comme suicide paroxystique, le suicide de civils dnas la seconde guerre mondiale (193-199).
Ces complémentarités qui émergent de lectures entreprises, l'une fictionnelle, l'autre de nature historique, comble l'esprit dominical dont le corps savoure le retrait déposé dans l'antre de son havre.
23 10 23
« L'autonomie du sujet, qui est l'accomplissement humain ultime, et la béatitude, qui est l'accomplissement ultime aux yeux de Spinoza, sont une seule et même chose. » (134) J. F. Billeter in Pourquoi l'Europe: réflexions d'un sinologue, Allia, 2020
Le sujet autonome est une donnée qui est davantage à bas bruit que la béatitude que j'associe à une intensité forte qu'il s'agit de maintenir en position haute, ce qui semble être souvent au-dessus des forces ordinaires d'un corps quotidien...
S'en lire plein la vue... un parcours !
26 10 23
L'élan presque quotidien
vers le sol sous les pommiers
enchante & nourrit
le matin incorporé.
Le parcimonieux d'une récolte,
une évolution majeure
ou une singularité de cette année ?
Un froid humide ceinture
le corps au creux de son apparat
calorique. Ne pas lui laisser
l'occasion de se déceinturer
en réduisant l'élan incursif
au strict minimum...
27 10 23
maintenir un certain allant en soi,
un allant de soi retrouvé.
Une éclaircie éclairante
par la continuité
qu'elle imprime en soi par procuration.
Le paisible dépause en soi l'enjoindre.
29 10 23
L'heure jardinière:
broyages; l'unique calage.
Une, la pluie plie l'excès
qu'aurait représenté
pour le corps une poursuite.
La chaleur exhale
de tous les pores sensibles.
Se sentir ainsi vivre,
une utile dépense aussitôt
au service du compost.
31 10 23
« Un peintre qui déteste une couleur est un grand peintre. » Gilles Deleuze, Sur la peinture, p. 236
ve 3 11 23
Bois morts chus broyés
Offrandes sèches, un simple calage.
Du corps actif retirer
sans partage
de la bonté
L'air froid sans ouverture solaire pour se tamiser a replié l'humain sur le chez-soi.
10 11 23
Se modeler sur sa lecture:
faire corps avec elle,
suivre les méandres d'une écriture
à la recherche d'elle-même.
Huit cours oraux mis par écrit
– comme ceux que nous offre David Lapoujade en s'appuyant sur les cours du printemps 1981 que Gilles Deleuze a consacré à la peinture voir note du 31 10 23 –
se coulent différemment
qu'une réflexion autorale tenue
face à la page blanche...
Les notes de l'éditeur y sont d'une précision dévergondée.
11 11 23
Les ressorts vitaux internes
parce qu'ils sont internes
dépendent peut-être même bien de soi.
12 11 23
Activer le corps
l'éloigne de ses démons simples,
tel ce fond de commerce
d'inquitéude face à son poids...
13 11 23
Ces rebonds enlivrés catapultent des couvertures annonçant quelques effeuillages limités, peut-être pas sans conséquence au vu de la température extérieure... Le corps, Chantal Jaquet. Un emprunt.
28 11 23
Des chaussures de ville emmenées
(Aux pieds !) en terres liégeoises:
que croyez-vous qu'elles ramènent ?
De la boue de tramaisons languides...
et des étoiles plein les yeux
d'avoir visité en amicale compagnie
un musée exposant au milieu
d'un parc bourbeux ses arts situés...
Tenir présent en soi un dynamisme fluide
tient en grande partie l'inquiétude
éloignée de soi.
Un parcimonieux saupoudrage neigeux, deux nuits se suivent en se ressemblant, sort le corps, matinal, pelle à neige à la main.
5 12 23
C'est en assumant des actes posés en tant qu'homme seul tout en jouissant d'une certaine indépendance qu'une forme d'équilibre est apte à se tenir avec quelque fermeté. La jouissance m'a été inspirée par la lecture d'un texte très posé, très adulte de G. Anders sur l'émigré qu'il a été - lui qui avait éprouvé le besoin de créer le concept d'adultat* en allemand - le temps (très long) que se dissipent les menaces léthales qui pesaient sur la judéité en terres occupées par les nazis. Les ressorts de réserve que cela a exigé de lui et d'autres sont bien définis. Cette prose est précieuse.
*Si le wikitionnaire a raison, Michel Tournier avait employé le terme en français; le traducteur de G. Anders, dans la note qu'il consacre au concept, ne le mendionne pas.
6 12 23
Laisser passer le temps, est-ce que ça passe le temps ?
10 12 23
Effaré de solitude