Il a le regard tendre et profond des rêveurs éveillés. Il a découvert son monde. Il lui arrive de se laisser porter par son esprit, les cheveux au vent, vers l'ailleurs. Choisir une tenue vestimentaire n'a jamais été son fort. Il s'habille comme il se sent. Il est artiste. Je n'ai jamais trop su la matière de son art. Il est la polyvalence même. Il pianote à merveille le jazz et Mozart, il peint ses impressions de façon expressive, il écrit des poèmes en prose, il sculpte tant le bois que la pierre et a su garder des mains de jeune fille. Il n'a pas d'âge. Sa façon de se pencher vers son auditeur inspire confiance. Sa parole est claire, vive, épurée. Son nez est droit, fin, à croquer ... Voilà quelque temps maintenant que je fréquente son atelier de la rue Mouffetard. Pas un hasard cet atelier un peu à l'écart de la vie des artistes qui cherchent davantage les touristes que l'inspiration. La pièce est grande, lumineuse et chaude. Bien rangée : chaque objet a sa place et lui y a trouvé la sienne. Aurait-il été créé pour ce lieu tant ils se ressemblent ? Sa compagne est son modèle favori, sa muse d'ici bas. Ils vont bien ensemble dans le calme apaisé de leurs complémentarités assumées. Il ne cherche pas à vendre le fruit de son imaginaire. Il trouve pourtant toujours acquéreur. "Chaque chaussure a son pied", a-t-il coutume de dire. Le prix de ses oeuvres se fixe de manière attentive : il invite l'admirant de son art à parler de son coup de foudre. C'est subtil et élégant. C'est habile aussi : vous oseriez, vous, emporter pour 100 euros un objet auquel vous avez déclaré votre flamme ? Il en vit de cette écoute active de l'autre au frottement de son art. Il ne paie pas de mine, Adrien.
Si vous passez par la rue Mouffetard,
pas trop tard,
arrêtez-vous à son atelier de ma part.
Il me semble que son art
s'accordera bien à vos écarts.