LES AUTOMNALES REPLIÉES / DÉPLIÉES / SANS SURPLIS


30 11 18, à l'éveil:

Concilier
conciliabules
intérieurs


& évocation
du flux en
puissance,
extrinsèque,


auquel se
fondre, en
connivence◊


En milieu de matinée
Ce jour au havre est propice à l'entretien de pommaisons futures L'air calme & bienveillant enveloppe le corps qui s'y insère◊ Les deux premiers fruitiers ont été recoiffés, retaillés. Le plus exubérant avait déposé à mon intention une pomme mûrie par l'automne qui se retire Je l'ai remercié pour son cadeau auquel le corps fait honneur entre deux notes de carnet une fois rentré, comme pour mieux savourer toute l'ardeur du don Ce jour est propice à la saveur douce de cette énergie en dépôt La maison a pris un bain d'air frais en prévision de pluies annoncées La perfection de cette pomme tapie sur ces feuilles échues est douce aux papilles qui l'accueillent* Le jour est propice: l'énergie fluide nourrit la matrice de soi

* donc ! ...


29 11 18

2h45

C'est en aval des indécidables
que l'énergie gère le soi au passage◊
Nulle tension, même pas une urgence◊
De simples fluidités traversées


28 11 18

L'ordre que la joie établit en soi
(l'ordonnancement joyeux disponible au soi)

est luminosité douce,
comme celle qui traverse
ces tentures venues d'Inde,
par un matin de pluie
assombrissant le jour◊

Chaque humain explore les contingences que les branchements sur son cheminement ont construit par intutitions attentives aux pas posés devant soi◊

L'indéfini L'infini
≠ le défini ≠ le fini, la finitude
la définition absente La finition égarée
L'imprévisible futur
ne crée pas la surprise;
il ne rend juste pas la
prévision accessible◊
Car prévoir le futur
est incongru
L'immense de l'indécidé
vers lequel le chemin
se dirige pourtant, attentif
à ses courbes, ses
ruptures, ses conduites◊

27 11 18

L'ordre régulé que le corps fait au soi
le protège d'inélégantes froideurs de l'air,
peu seyantes à son équilibre intérieur◊

Temps féru de soi
finement tramé
au seul cercle qui importe,
le proche, l'amical◊

L'enfoncée dans la nuit hivernale
tasse les flamboyances colorées

jadis suspendues aux feuilles entassées
à même l'herbe docile◊


Dans ces rurbanités décadentes, certains humanoïdes ressassent leurs ventilos idiots à la pourchasse de la bouffe chère aux Annelides, ces animaux protostomiens métamérisés vermiformes, comme le susurre, sûre d'elle, l'enclyclo participative◊ Ces braves structurent pourtant nos horizons essentiels◊ Mais ils s'en foutent, les souffleurs sans texte à leur souffler; pire, à la limite ils en ont peur, des protostomiens & donc les affament ... sans même le savoir ! Leurs repousses ventilotées sont sans ramasse évidemment, épuisement existentiel oblige, de ces essoufflés par la vie... Du coup, les feuillus se vengent & repassent les plats chaque nuit... Ironie vexatoire arborescente, quand tu nous tiens◊


Enfin, methinks...

 Oufti ! comme ne dit pas J. Paque dans sa recension du dernier opus dévastateur de Madame l'Académicienne...
Ah la galère... mais son élection rend visible le sérail ulbiste autour d'I. Stengers
Le roman de V. Bergen est d'une belle inventivité,

à la fois par le point de vue adopté,
lexique néologique éructé (les verbes se darwinent 9 la vie à qui mieux mieux !)
& la souplesse narrative◊
C'est du rebrousse-poils absolu...
Frissons de plaisirs pluriels !
Fastueux & décapant;
adossé & déjanté.
L'auteure va aussi nous dénicher
des perles d'écriture absolue
comme celle de Claire Lejeune...
pour des instantanés en carnets
(instances de copinages... aussi !)

Citation, dixit le clébard de service qui parlote en nous adressant la parole: « Je n'ai plus la force de contrer ceux qui courbent l'échine devant les plans de rigueur, devant les mesures de mort qu'on leur réserve, je n'ai plus la force de démontrer leur inclination à l'asservissement. » 31


26 11 18

L'air de la cité
fait au corps accueil neutre◊
Le cocon textile assure la bulle
sans l'échauffourer◊


 

25 11 18

8h30

S'émouvoir:
nulle distorsion retorse;
la voix égrène la forme aboutie de l'éveil;
le fil d'une vie
plonge dans des abysses insoupçonnés,
virginités inviolées
par notre espèce
salopant tout sur son passage:
aucun respect
face à plus immense que soi;
aucun

Automnales assiégées
disponibles
sans fanfares

Besieged autumn
available
so deep in its accomplishment,
open to the unending
unaccountable universe
far from its maddening crowds

Prendre le temps
des affleurements:
bulbes autoformés
sans autres balises qu'intérieures
pulsant aux rythmes des ailleurs,
contingences effacées

Être cause de soi
sans autre exigence
disponible aux éclats mûrs
à l'orée du corps de soi,
coriace épiphanie du Tendre

9h40

Automnales assises, comme accomplies
tenues coites & ténues,
prises en étau
par un brouillard laiteux & froid
étirant une diffusion sans linceul
sur l'horizon qui s'y dilue

Automnales pansées, comme assagies
sur leur chronologie sans durée:
la nature advient à ses fins
sur ce rythme posé
de passions assumées

Chaque humain fait avec le soi
reçu en dépôt sans rien avoir demandé
− un reçu sans demande −
un accueil tout entier dépendant
de la qualité faite à sa venue

Rien n'a jamais couleur définitive;
tout passe sans lasser
tout s'enlace
tout embrasse
du regard l'instant

Tant d'humains passent une vie
à ne pas se demander
comment emplir leur errance indéfinie;
à d'autres, sans questions,
davantage est donné

La pie vaque
rebond souple
d'atterrissage réussi;
longue pratique
queue fière, dressée;
explorant du regard
sans rien remuer encore
l'espace assuré
par une congénère
au guet sans faille

Coriaces équipées
sans début ni fin:
convergences, un aplomb d'équerre


24 11 18

L'ordre que fait le sage en sa vie
le rend disponible à ses amis

Ces larmes routières
sourdent tant de chagrins suspendus aux remparts
tenus entre les carrosseries
par une vigilance aux aguets;
Ces alarmes sans retard
s'estompent sur les bans aux passages
au-delà des espaces réduits
dans le creux d'une atmosphère si liquide;
s'épèlent des bulles messagères
innervées au cocon intact;
leurs ballets guerriers inlassables,
aux stéréotypes abyssaux,
sont laissés sans prise
dans la sagesse éprise
de l'isolat confortable
tenant à distance
leurs égos hyperenflés;
fasciné par l'énergie circulante,
malgré l'ankylose des immobilités,
l'habitacle consacre le cocon
auquel le corps confie les roulements
à l'écart de leurs contraintes;
auras compagnes
s'écoulent des hauts-parleurs,
rythmes-charnières
agrippés aux portes-tambours,
autant de balises
arrimées aux amours◊


23 11 18

Le corps projette une ombre matinale encore
sur le quai: elle le devance
30° sur la gauche
comme pour dégager les pas
qui le parcourent

Un étiage si bas
qu'aucun ciel ne pleure;
deux cents jours au moins
à épuiser nos réserves
tandis que d'autres se noient
sous des déluges
que nous provoquons

Sérénité du héron
pattes posées sur quelques
pierres affleurées
au milieu du lit de la rivière;
Train à contrevoie
si proche d'elle
par moements que l'univers
s'imagine poissons
survivant à l'oxygène raréfié

Un conducteur méditatif
aborde chaque quai
avec une prudence matoise;
aucun corps ne ballote
face à ce traitement de luxe

Le contrepoids du pont rougeoie dans une lumière d'apparat

L'ICE au parking retient le regard

L'ancien carrossage vibre
d'une recharge (?)
pleine de vigueur;
ces bruits régulent
l'environ sonore
d'une rythmique tendue
sur le rebord de l'urgence

Chaleur citadine
fait au corps
meilleur accueil
que la vallée d'Ourthe:
mains & tête nues

Ces marges consenties
font les soldes avant l'heure
& disent les euros donnés
à l'excès en d'autres temps;
ou alors
les pertes forcées
sur des franchisées impuissantes;
ce que le conformisme
fait au capitalisme

Une vallée au retour
serpente au gré
des eaux qui l'ont façonnée

Ces dévalées de troncs sectionnés
sur le bassin versant proche de la voie
disent  l'incompris d'une gestion
"du râble" de la forêt;
il n'est nulle forêt en ces endroits;
ce neuf carnet sied davantage


Nuit du 20 au 21

La marée intérieure
a l'oeil vif;
un chocolat chaud
appâte l'ininquiet remou en soi
d'un baume de calcium lacté◊

L'activité plurielle joyeuse peut alors s'exercer plus librement, plus intuitivement de façon rationnelle◊ L'humain prend s'il le peut petit à petit conscience puis établit le constat qu'il

  • est davantage libéré de la servitude des passions,
  • n'est dès lors plus au service de ses passions, souvent tristes,
  • qu'il n'en est plus l'esclave◊

C'est un peu comme si le corps s'était détaché de l'une puis de l'autre (et ainsi de suite...) dans un enchainement qui doit être éminemment personnel tant il est propre à chaque chemin se traçant, unique, sous les pas de chaque personne◊

« Le rêveur reçoit des images d'un autre temps

  • qu'il ne crée pas
  • mais qu'il va chercher quelque part: un lieu qui est tout autant un pays conduisant NULLE PART ◊ » Jean-Clet Martin, Le Matricule des Anges, novembre 2018, p. 24, dossier Borges

Les murs de basalte
tapissent leur intérieure noirceur
de la lave qui les contient◊


20 11 18

 

Nul jour sans trace
chacun sa tonalité.
Grisaille sans griserie
ne tire nulle grise mine

flux intérieur

Lever tardif
une hibernation
qui tairait son nom

La semaine écoulée fut celle des pluies d'or

Tramer finement le jour
entre actes pensés/posés
& dépôts réflexifs

Être cause de soi lui éclaire les ombres inévitables sous un autre jour

La main accueille le refuge d'une tasse chauffante

Regard noyé dans la langueur d'un horizon intime

Marche transformée
par de neuves anamorphoses amicales
oreilles transcendées au pas rythmé par cette marche conduite
inscrite


18 11 23 Aube intime: bouleaux à contrejour

 Lordre serein que fait l'aube
au regard posé au ciel
de ce paysage intime
accomplit le jour
dès son bourgeonnement◊


18 11 21 Échappées de ciels vespéraux


18 11 18

Harmoniques solaires

La cendre un peu grasse adhère au cendrier.
Les pellets ardennais s'élancent
à l'assaut de la flamme

qui va, maitresse en leur sein◊
Par l'ouverture en fenêtre
s'écoule l'oxygène fraichi:

air intérieur vivifié
ces corps y circulent,
contents d'être◊

La lumière transverse
adhère au visage:
l'imprègne sa flamme lointaine

sans faille, à travers les écrans
de ses écrins solaires
... et soudain un vent d'esbroufe

ébouriffe quelques feuilles
qui pleuvent sous les paupières
au regard abîmé derrière elles,

comme tant d'ombres faufilées,
faufilées◊
Entretemps,

feu éteint
pellets consumés...
Corps d'active

reprend pied:
il émerge au réel.
Réserve pourvue◊

11h, un café en extérieur
Pluie de feuilles, chacune son trajet:
dégrafages par
un vent sans urgence;

Celle-là prend même le temps
d'une caresse rapide
à une congénère moins pressée◊

Elle rejoint le peuple des feuilles
au tapis d'elles;
sous elles s'activent déjà

les vivants dans les ténèbres
de l'horizon jamais remuées
depuis quarante ans◊

14h Havre. Assis, attablé.
Lumière effrontée, faciale◊
Un vent de Norois
trois-quart arrière◊

éveille la feuille d'un neuf carnet.
Semailles effeuillées:
chacune, singulière,

personnalise son chemin◊
La couronne du charme est si large:
même un vent d'insistance

leur assure un havre éveillé;
un coup d'invisible balai
sonorise leur assemblée

autour du tronc de leur matrice◊
Cette beauté sage
colorise l'univers d'un corps

sensible à la somme
d'univers singuliers
qui se tapit à ces pieds-là◊

Saule pas en reste:
ses feuilles réorchestrent l'univers
sonore d'une matité différente◊

Chacune est reconnaissable
à l'ampleur du souffle
qui égrène leurs ramées◊

Tant de simplicités accomplies
au cœur d'une joie fraîche,
dominicale vigorée par l'étendue

d'un autre univers anamorphosé.
Séjour feuillu en page de gauche.
Une graine s'y conserve◊

Ces voilures en partages
assouvissent une vie◊
14h20 L'anorak est requis...

Une invitée en page 7◊
À chacune sa façon de choir◊
Ce savoir de l'instant éphémère

n'en effarouche oncques -
elles s'y sont conformées,
à cette fluidité que

chaque instant
a valeur
d'éternelle

fugitive
assortie
amortie

par les rebonds
que les sons font
au fond des conduits

tympans aux
maximales proches.
Que la seule pointe

de la mine fluide
pointe le bout de son nez
hors la laine

dont s'emballent
les mains dit assez
le souci corporel pris

au confort de soi,
parfaitement coi.
L'aliment conduit

par l'instance intuitive
au juste équilibre conscient
entre les sources d'énergies

nécessaires à sa
carburation d'éveil.
Portance captée

observant l'oeuvrage
que le souffle trace
à même chaque ligne,

telle une portée
à portée de main
émue par le confort◊

Résister à l'usure
que le temps dépose
feuille à feuille

sur chaque organe vivant◊
Impression d'une plongée
sans apnée dans les interstices

du temps de la mesure
composant l'harmonie
de l'univers  sonore,

telle une imprimante 3D
construisant un modèle fractal
déposé sur la pulsation harmonique:

cartouches d'encres vibratoires,
universaux colorés
par Goethe, grand admirateur

de Spinoza
Un dimanche
à l'humeur des univers
multipliés par

de compatibles sensibilités,
impalpables, surcomposées,
inédites connivences◊

Le corps se laisse enlacer
par la voute en surplomb
aux bleus illimités◊

Dynamique sans errance
appontée à l'extrême finalité
d'une contreplongée

survolant le gouffre
des Jardins statuaires
où s'abyment les statues

débulbées, hors normes,
hors maitrise des jardiniers
apeurés par leurs effervescences◊

L'ombre au sol grandit.
L'horizontale accouche
à l'éveil d'horizons voisins

invisibles,
insoupçonnés,
inenvisagés◊


16 11 18

Matinale intérieure

Quant au souci de soi,
il épèle chaque geste
centré sur l'essentiel

d'une cohérence générale
imprégnant
ce
corps vivant◊

Aller
Tout le temps de l'arrêt à quai,
ce cheval à robe brune
demeura l'immobile méditation

de soi au milieu
d'une prairie proche◊
Les choix posés par soi en sa vie propre ancrent le corps

Être ainsi conduit instille la joie.
Raison d'être:
ces échanges attablent l'amitié◊
D'un pas habité, la ville,

où se dépose
la fraicheur du soir.
Cette vivacité corporelle
se faufile une voie
dans la foule compacte◊

Retour
La rumeur intérieure emplit
le silence à quai
La muraille de pierres anciennes

retient les terres
surplombant le quai
tandis que les lierres dévalent◊

L'une parle, l'autre écoute.
La ville enlumine la vitre◊
Le contrejour efface les détails

La nuit éteint l'ardeur diurne.
Le corps s'y engage
serein, mais sans plaisir.

Comment
effaroucher
cette absence ?

Mais le faut-il ?


15 11 18

La prudence ne vous fera pas aborder l'empathie avec lui; ce concept promeut aussi la bonne entente réciproque des individus entre eux, avec pour souci et conséquence une meilleure communication entre les humains◊ La sagesse acquise l'accueillera comme si de rien n'était, sans méfiance donc; juste cette discrète allusion déposée au détour des actes de deux professionnels, oeuvrant chacun à ce qu'ils font bien: l'un l'écrire, l'autre le faire◊ Une sérénité majuscule a imprégné l'intime tout le jour◊


13 11 12

Cette clarté ventilée
fait à la ville ces joues rosies
par un vent au piquant insistant

mais sans violence.
Le corps fend ces biseaux indolores◊
Teintes automnales:

leurs vivacités
perdent en intensité
à chaque gradient d'altitude◊

La conscience en soi, sereine & à l'écoute du corps qui la comporte, veille à lui offrir des occasions de bouger◊ C'est une telle grâce, cette synergie◊ Tous profits pour la circulation de l'énergie◊ La variété apportée au déroulé des jours est gage de cette implication, comme si la conscience tenait à ce qu'aucune monotonie ne s'installe◊


12 11 18

Le retrait décale les balises◊ Déjà à la marge, le trait se tire◊ Une sinuosité neuve, non moins droiture qu'avant, rend la vie davantage onctueuse◊ De moins en moins contrariée, la joie se satisfait du contentement qui s'efforce de ne pas briser la ligne, l'assurance d'une continuité recherchée◊


 11 11 18

Ces quelques minutes, le malaise avait été palpable entre eux◊ Le trio avait tourné autour du silence◊ Ces tables, deux ou trois, étaient jonchées d'ouvrages psy◊ Cette librairie de ville moyenne aurait eu davantage d'attraits à ses yeux s'ils n'avaient été qu'eux deux◊ Enfin, peut-être◊ Il n'en saurait jamais rien◊ Elle avait réussi, cela l'avait frappé◊ Le conformisme BCBG de ce couple avec pignon sur rue l'en avait dissuadé◊ Il avait abandonné la partie◊

Le repli n'avait pas eu un goût de défaite◊ Plutôt une politesse due à l'année de patience convenue qu'ils avaient passée à « se voir »◊ L'écart avait eu lieu sans heurts◊ Une règle déjà, du moins quand les deux sont civilisés◊

Il en avait eu la certitude et cette assurance avait traversé le temps: elle ne lui en avait jamais rien dit◊ Le sens des convenances à n'en pas douter◊ Il n'était que psy, après tout◊


10 11 18

Jocelyn nous avait habitué à ses arrivées furtives. Ses pas, plus habiles aux cailloux des chemins qu'aux pavés de nos hameaux, effaçaient leurs traces avant même de s'imprimer. il semblait glisser sur un fin coussin d'air.

Marie avait le chic pour déposer un café allongé à sa table sans qu'il ait rien dit, comme s'il était sûr qu'elle le verrait la première. L'éternel sourire qu'il portait aux lèvres rayonnait jusqu'à ses yeux. En déposant le café fumant, elle était aussi tout sourire: elle le raccompagnerait bientôt jusqu'à l'orée de la forêt seigneuriale. Leurs chuchotis effleureraient les chants d'oiseaux saluant les premiers feux du couchant sur la mer, parant les contreforts des Albères de couleurs émues.

Il repartait le sac à dos garni de victuailles locales, toujours choisies sur certains étals du marché sur la Place. Il engageait volontiers la conversation avec les maraichers auprès de qui il s'arrêtait. Leurs réponses l'étoffaient d'un savoir qu'il n'avait pas. Il n'hésitait jamais à demander un conseil, tantôt sur la marjolaine à replanter, la recette pour préparer ce légume oublié, la saveur d'un fruit neuf à ses papilles.

Son passage régulier, ces deux-là se savaient liés par une même vibration, les nourrissait. Le ressort qui les animait s'en trouvait avivé. Ils ne devaient pas s'assembler pour se comprendre. Ils étaient un répit pour l'autre.


9 11 18

Nos morsures assassinent
le temps d'effroi
dont elles sont nées.

Depuis, avoir appris à
desserrer les mâchoires sans
dommages pour le soi.

l'âme d'un câble
le débarrasse de sa tension.
Il n'en démord pas:

De l'ordre naît le répit.
Du désordre, le dépit.
Mais qui est il ? Une île ?


8 11 18

Toussaint
Quand les saints toussent, les mains fraichissent.
Les gants ressortent & repeuplent les poches,
disponibles au moindre frisson
.


Aligner ici faits & gestes d'un humain confirme l'intuition du bien faire. Connaissant chaque jour un peu davantage le vrai bien auquel cette vie-ci se consacre, avoir su, à la suite de Spinoza, que « les biens de la vie commune » peuvent « être réintégrés à titre de moyens » (A. Suhamy, La communication du bien chez Spinoza, 25)  en vue d'atteindre le souverain bien par le perfectionnement de la nature humaine en soi, pour autant que ce cheminement vers une plus grande perfection de la nature humaine en soi soit partagé avec le plus grand nombre. Cette condition est portée par Spinoza: ce type de mutualisation des savoirs est une condition probable pour sortir de l'individualisme égotiste ultracontemporain, même si la démarche est celle d'un seul individu.

Le lieu du partage est adéquat au siècle: la toile répartit tant de chemins (des millions... voire davantage !) sur son réseau de fils « neuronaux ». La nature de ce qui y est partagé varie à mesure que les pas quotidiens créent leur propre chemin. Cette tension vers davantage de perfection permet d'atteindre ce bien que Spinoza qualifie de souverain. L'authenticité est sa marque. Elle tient la route depuis trois siècles et demi !


Prendre le temps de soi
résulte de ce retrait
né de la dépose
du joug professionnel.

Il se consacre à un chemin de perfectionnement, auquel Spinoza a également abouti au sortir d'une méditation assidue, nous confie-t-il dès le TRE (Traité de la Réforme de l'Entendement, 1670).

Prendre le temps de soi n'équivaut à aucun repli même s'il correspond à un retrait. Retrait et repli, deux démarches antinomiques. Le retrait permet le déploiement vers d'autres, ce réseau amical proche. Le repli est une extinction.

Ce chemin de perfectionnement consiste à parfaire, loin du désordre, l'essence de soi en la rendant disponible à tant d'autres apprentissages.


L'encoignure murale
vibre de l'ombre portée
par la feuillée du saule.
7 11 18  Dans le paysage intime
éclate le matin de lumière
autour d'un clocher.
 
(Ne pas en)
 Son élancement dessine
une culminance géologique,
ombrage persistant du désordre

que la domination des esprits
provoque par faiblesse
chez les dominés,

depuis si longtemps conduits
dans les impasses de l'esprit
errant entre

vertus théologales &
promesses d'un après calqué sur
les trois cercles de la Divine Comédie.
 Le charme aéré
de la colonne énergétique
du havre magnétique
propulse une assise en soi.
 Nul ne répond du cheminement
de ses racines familiales,
seulement de la conduite
de son propre
embranchement.
 D'un humain habité par son parcours
dont il a fait mission de
le communiquer à partir d'un
foyer qui s'appelle Nulle Part.
S'écrivent ici des pages qui
adossent une perfection
telle que Spinoza la définit.
Ces pages constituent la confirmation
par l'écriture éclairée
d'une forme de sagesse
acquise au terme
d'une méditation assidue
déjà ancienne.
(Spinoza, TRE)
Elle vaut confirmation
du souverain bien choisi.
Aligner ici faits & gestes d'un humain
confirme l'intuition du bien faire.
Connaissant chaque jour un peu davantage
le vrai bien auquel cette vie-ci se consacre,
avoir su, à la suite de Spinoza, que
« les biens de la vie commune »
peuvent « être réintégrés à titre de moyens. » 25
Ce livre semble ouvrir des passages neufs
dans l'oeuvre de Spinoza.
Il offre une grille de lecture novatrice
en l'équipant d'une palette conceptuelle
qui tend à mettre de neufs concepts
en contact.
 A. Suhamy sait user de métaphores
se référant à ce (supposé) métier
de tailleur de verres d'optique
qu'exerçait Spinoza
quand il n'écrivait pas.
Le foyer en est une...
 L'orange a la vibration incantatoire
du rouge
& la vivacité lumineuse
du jaune.

Jour intérieur enjoué
face au spectacle simple de la vibration
dans le balancement discret

de ce vert arrimé aux branches.
Un vent matinal
fait ruisseler les bouleaux.

L'éventail joyeux que font
ces trois troncs assemblés
constitue attachement viscéral.

Un vent ténu emporte
ces goutelettes d'or
détachées des bouleaux.

Elles choient au sol
dans la caresse apportée
à un visage offert.

5 11 18

L'onde nait de la caresse du vent sur le flux.
Le bus fluvial remonte le courant.
Le regard à la fenêtre frôle l'eau.
Dépôt au pied de La Belle Liégeoise.

À l'année prochaine !

La rotonde du musée
propage le moindre son
en un écho vibratoire.
L'exposition de design

valait le déplacement:
architecture d'après séismes
et la conception d'objets
compensant nos fragilités.

De la créativité à tours de bras.
Ville dominicale dépose sa vallée:
son silence matinal pondère
l'après d'un flux circulatoire enfin non tendu.

Le train de milieu d'après-midi
projette une ombre longue.
Une fois rendu à son havre,
un corps-félin ouvre sa passe-énergie:

la vigueur y circule paisible;
un moment omise,
l'aisance revient,
surprise par la résilience

du corps-familier.
Une tiédeur citadine
qu'une prudence rurbaine ignora,
& c'est un pull que les mains rangèrent

sur l'instance intuitive
du corps en surchauffe.
Compteur de stress
remis à zéro

par l'activation des portes-tambour,
confiance réciproque
entre corps de soi
& le soi conscient.


4 11 18

Cette ardeur à s’agir,
persévérée, nulle brûlure;
une consécration plutôt,
celle de la conscience de soi
prenant le pas sur le penchant,
cette ancienne fêlure; aucune lutte.
La raison, une sagesse finalement.
À suivre loin de l'agitation.

3 11 18

Corps-fête à la lumière !
Rien ne lui échappe...
Il s'active, dès le matin né,
au compostage des chutes culinaires:

pommes-cadeaux reçues
valeur symbole d'un lien nature-homme.
Madeleine, ce corps de balai,
reprend du service

pour assembler en terrasse
feuillages saisonniers,
cette couche d'interface
conduite en brouette-carrosse

vers ce lieu vibrant de vies.
Herbes blanchies, première main,
là où les fruitiers ne les protègent pas
de leurs dômes bienveillants.

Vingt minutes concentrées.
davantage aurait déplu.
Une mousse prospère,
lisière de mondes

toute en verdeur
sous le matelas
que Madeleine entraîne.
Mas pourquoi l'avaient-ils appelé Madeleine ?

Que nul corps
ne rompe...


2 11 18

Interrompre, pour un temps,
l'entropie qui s'installe
à la façon du métronome inlassable
qui égrène la pulsation

en exerçant l'attention
à toujours mieux percevoir
le dés-ordre enraciné
dans le flux vital.

Le réel trouve à l'alimenter
dans la confusion qui nait
d'une moindre attention portée à
la perception de l'action,

délétère, parce que
progressive,
d'une attention qui
se dilue.

16h50-18h30

La fenêtre de lumière rétrécit chaque jour de quelques minutes d'angle. Cette moindre exposition agissante n'est pas une tristesse mais une opportunité, celle de saisir joyeusement chaque occasion solaire pour s'en imprégner, quelle que soit l'activité par ailleurs que la vie emmène sous son pommeau. Chaque repli, chaque pliage que l'astronomie fait à notre hébergeuse se compense par un dépliage d'occasions saisies à d'autres moments. Le rose vient aux joues du corps qui marche dans les corridors de lumière. Une sensation de bien-être l'imprègne davantage lorsque la fenêtre se referme sur la nuit qu'allonge l'automne en nos contrées.


1 11 18

Routine
obsédante,
matricielle,
perte de sens.
Raviver cet
Éveil.


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