23 11 19

Cette pluie-là avait enfilé ses impacts
en colliers de perles sur la vitre.
Ils intercédaient en faveur
d'une esthétique au
paysage intérieur replié.


22 11 19

Acquiescer au réel sans ses aspérités

Défroncer le corps, yeux clos,

face au soleil d'est
qui point sur la gare,

puis le déplier dans le halo
lumineux qui irradie
sous les paupières,

ce voilage qui diffuse
le réel sans ses aspérités,
un acquièscement en quelque sorte.


17 11 19

Lève — Élève — Enlève — Prélève — Relève — Soulève — ...

Cet air renfrogné
au creux de l'après-midi
semble, à travers les vitres,
chargé d'une annonce,
comme si,
dans cet impalpable,
se préfigurait déjà
l'augure suivant.


15 11 19

La charge de grisaille dans l'atmosphère alourdit la vue. Aucune ombre n'envisage de porter la moindre perspective de densifier la troisième dimension. La vie semble s'effilocher entre deux feuilles temporelles, sans même la moindre petite brise qui aurait allégé une quelconque profondeur de champ. Certains jours sont ainsi défaits. L'humeur intérieure n'en dépend pas. Elle se contente de tenir compte du constat.

Une seule trouée, & le flux se rengorge.


13 11 19

Plis, déplis, replis.
Énergie circulaire:
soi, en soi, hors soi.

Respir, inspir, expir
Shake spire* temporelle son pli:
dépli, repli; dépli, repli...

Veiller au rythme différencié
des usages de soi assure
une fluidité énergétique,

un équilibre aussi.

*Oups! un an passé avec lui
- même il y a 45 ans -
à le lire, ça les laisse des traces...


11 11 19

L'air est replié sur soi.
Il en acquiert une blancheur,
comme on le dit d'une écriture neutre.

La neutralité ne se voit pas,
elle se ressent.
Elle se palpe comme un tissu gorgé de soleils.

Rien ne triche:
la température est à l'encan, frisquette,
surtout à travers la vitre.

L'oeil frissonne, intérieur.
Le corps chatoie face au foyer.
Chaque feuille choit.

À peine touché terre,
chaque chute irradie
une joie pour celles qui ont déjà chu,

des retrouvailles sur ce chemin sans retour;
parfois s'entame une ronde en spirale,
emportée par l'énergie d'un vent

qui passait par là.
Il les dépose avec élégance:
nulle ne s'y disjoint.

Un
accompagnement
amical...

Une fête a lieu
à même le matelas
d'étendue moussue,

comme pour amortir chaque chute.
Tout est prévenance
dans cet univers végétal.

Ces vivants savent
y faire face au temps long du retrait.
Chaque végétal

fait preuve de cette bienveillance
si caractéristique
des civilisations matures.

Puisse un jour l'humain...


10 11 19

Le flux s'affaire dans les moindres recoins du corps
éveillé par l'ablution flamboyante d'aube
le roucoulé de l'eau sur la peau

l'assaisonne de chaleur.
Un glissando d'huile la nourrit,
pressions amandées...

La vivacité qu'entretient
cette luxuriance végétale & lumineuse
suscite cette joie même

que Spinoza qualifie de sans-objet.


3 11 19
Nos vents sombres fertilisent
les flans du volcan. (La Soufrière)
Nos vents de cendres descendent

leurs charges d'ombres sur les cultures,
ajoutant de la chimie de synthèse
à la chimie décadente

sur leurs cultures décadentes, sur nos herbes. (Lubrizol, Rouen, 2019)
Nos vents descendent sur les flans des collines
jusqu'à la caresse vibrée

quand ils se faufilent entre les branches,
en toute connivence.
Nos vents d'ambre allument les crépuscules

de novembre finissant,
allumant par-delà l'horizon
les fours de nos fêtes enfantines.

Certains vents chargés de nucléons invisibles
s'arrêtent même, c'est un mystère, (Tchernobyl, 1984)
à la frontière que les humains tracent

pour marquer l'en-deça de l'au-delà,
de territoires qu'indiffèrent
leurs conquêtes ou leurs défaites.


2 11 19

L'écureuil va à sauts & à gambades
dans l'univers visuel proche.
Il y poursuit ses traces.

L'or brun, reflets d'ambre,
traverse l'espace
le temps de se faufiler,

nourricier, dans la nudité presque hivernale.
La pie exerce sa pointe de vitesse
en un décollage paramétré sur

l'asymptote du vide...
Tout tronc lui est aussi une fête.
Il s'installe un bref instant

sur le tronc sectionné du cerisier,
peu probable appui oculaire.
Il est la vie même.

Il éparpille sa joie,
il parcourt le sol
de long en large,

traçant moult lacets,
bienveillant aux yeux qui le suivent.
Le rapace l'a repéré.

Sa discrétion si menue
l'enfouit sous une cape d'invisibilité,
juste que passe un peu de temps.

il réapparait fouinant du museau
le sol meuble, inlassable, guilleret.
Il répand une sérénité enjouée...

Pendant ce temps, le chat du rabbin...


Les ambres que
dégage novembre

emplissent l'air

d'effluves bruns qui

tracent d'un vol alangui
vers le tapis

de leurs congénères

la trajectoire
d'une chute si


prémonitoire
de renaissances sues

par leurs oripeaux

automnaux.
Chaque étape
balise les contours

de nos saisons.
Chacune a son charme
pour centre de tous les égards.


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