Un couple qui s’y est donné rendez-vous, jeune; l’homme sort une petite boîte cylindrique, un baffle wifi nous inonde de son bruit intempestif. Le couple, très mince: l’homme se fait câlin en entourant sa compagne de ses jambes par l’arrière. Ils sont tous deux assis, non pas face l’un à l’autre, mais tous deux regardent vers l’écran allumé sans rien y voir, tant ses insistances câlineuses les occupent. Il lui susurre. Elle l’écoute. Il la couvre de baisers. Elle s’en émeut. L’anonymat de ce rdv connu d’eux seuls les protège du traditionnel des familles plus au Sud.
Il se retire, range son cylindre à bruits, reste à califourchon sur le banc de marbre & continue à boire son expresso en regardant l’écran qu’elle fait défiler.
Pourtant, point de long roucoulement: elle lui tient tête, en femme moderne, semble rarement d’accord, se raidit, lui explique. Son machisme en prend des coups. Leurs visages se ferment.
Un africain, qui a ôté son haut de forme en s’asseyant, téléphone bruyamment. Il a deux gsm. En se levant, il rangera sachet et gobelet vides dans la poubelle et réenfilera son chapeau. Il assume son élégance de voyage. Elle lui va si bien.
Un TOM, dans la néologie mésologique pratiquée par A. Berque, se décode: Topos ontologique moderne. Pour faire simple, l'homme moderne, sans monde, sans relation avec un milieu.