Vendredi 23 11 18,

Le corps projette une ombre matinale encore
sur le quai: elle le devance
30° sur la gauche
comme pour dégager les pas
qui le parcourent

Un étiage si bas
qu'aucun ciel ne pleure;
deux cents jours au moins
à épuiser nos réserves
tandis que d'autres se noient
sous des déluges
que nous provoquons

Sérénité du héron
pattes posées sur quelques
pierres affleurées
au milieu du lit de la rivière;
Train à contrevoie
si proche d'elle
par moements que l'univers
s'imagine poissons
survivant à l'oxygène raréfié

Un conducteur méditatif
aborde chaque quai
avec une prudence matoise;
aucun corps ne ballote
face à ce traitement de luxe

Le contrepoids du pont rougeoie dans une lumière d'apparat

L'ICE au parking retient le regard

L'ancien carrossage vibre
d'une recharge (?)
pleine de vigueur;
ces bruits régulent
l'environ sonore
d'une rythmique tendue
sur le rebord de l'urgence

Chaleur citadine
fait au corps
meilleur accueil
que la vallée d'Ourthe:
mains & tête nues

Ces marges consenties
font les soldes avant l'heure
& disent les euros donnés
à l'excès en d'autres temps;
ou alors
les pertes forcées
sur des franchisées impuissantes;
ce que le conformisme
fait au capitalisme

Une vallée au retour
serpente au gré
des eaux qui l'ont façonnée

Ces dévalées de troncs sectionnés
sur le bassin versant proche de la voie
disent  l'incompris d'une gestion
"du râble" de la forêt;
il n'est nulle forêt en ces endroits;
ce neuf carnet sied davantage

Ce texte fait partie d'un mois de strates poétiques déposées dans ces Portions de réels.


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