L'arbre est horloger* de sa croissance.

Chaque jour, au fil des décennies,
il règle son pas sur le baldaquin
des étoiles qu'il allume une à une.

Le soir en estompe la feuillée
jusqu'à ces longues minutes avant l'aube
où, d'un glissement furtif, il écarte

le voile bleu nuit sous lequel il renaît,
ni tout à fait pareil, ni différent à
l'oeillade langoureuse qui l'embrasse.

 

Il se déploie sans relâche
par de subtiles extensions ligneuses
qu'esquive la mémoire oculaire.

Chaque pas prend un temps si long
que le souvenir imprécis
est sa marque humaine, asynchrone.


Gaétan Lodomez: Horloge des arbres / Jardin miniature / où mouillent les vents... (1987, Dans l'étang, le parc, éd. La folle avoine)

 


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