Elle est sur scène.
Sa robe l’aligne, à l'instant dans le ton.
Première note:
elle s’approfondit
en creux
dans le rythme basal
de ce trio bleu.
Le texte scande ses phonèmes
dans les interstices musicaux.
Il abonde en césures.
Respirations fondues dans l’effroi d’être là.
Rapidement, il se dissout
dans la certitude des mots dits.
Leur beauté surtout.
Cette beauté se confond avec l’épine dorsale d’une vie.
Le texte dit l’adéquate présence
dans le roulis du train
quittant un fleuve, le Mosan,
pour rencontrer l’autre, le Mosellan.
Aller.
Retour.
Balancements.
Déhanchements physiques.
Évocations.
Le corps s’équilibre sur la batterie.
Une symbiose vécue de l’intérieur.
Le sens prend son envol,
entre deux rythmes ternaires,
habité par l’habillage de mots ciselés
dans la parcimonie de perles rares,
de diamants taillés
dans la tradition
des plus grandes pierres
du quartier de la gare centrale anversoise,
haut lieu de rafles meurtrières.
La voix se fait l’instrument
d’un allant-de-soi
qui renouvèle le blues.
La voix sait se faire écrin muet
respectueux
d’une montée contenue d’adrénaline.
Et puis celui-ci, qui a choisi de
« fondre plutôt que de s’effondrer ».
Le texte creuse un sillon harmonique dans la sphère bleue.
La voix accorde ses interstices
aux palettes sonores offertes sur un plateau
à la poétesse modale.
Le voyage: Pise, Florence défilent.
L’essentiel trace l’être, observatrice du « tu ».
Passages.
Transitions.
Roulis.
Tangage: la langue tangue, sûre d’elle.
L’en aller par devant encombre, brouille un instant. La maîtrise.
Un verre d’eau et ça repart.
Cet univers lexical si riche,
outillé,
pointu,
acéré,
ciselé,
coincé dans les failles du rêve,
l’assaut des vagues,
la domination des orées….
l’encore indompté du réel.
Il s’est agi d’être une présence pleine
dans la vacuité d’un monde
où s’insérer pourtant
avec rigueur
& sans ostentation.
La voie est tracée
par le sillon,
par les vibrations des cordes
& des peaux tendues
sur des cylindres
& des plateaux aux tintements
que l’infini s’amuse
à offrir avec obstination.
La voie est tracée
par la signification
que prennent les mots
ajustés avec précision
par une orfèvre
d’univers à découvert.
Catherine Barsics,
quelle soirée !
Sourire à l'arôme
que prend la joie
d'être là,
à partager ce moment
universel
parcouru par la bonté
d'une certitude.
Avoir senti passer
l'effluve agrandi
d'une plume
qui tressaille
au moindre soubresaut.
Terminus:
tout le monde descend
d'une atmosphère
arrondie par la rencontre
amicale & langagière,
familiales,
saisie, fixée
par l'oeil sororal complice
accroupi au seuil de la scène.
Bercé par ces sons
sensuels, essentiels,
finement mêlés
à la trame de nos vies,
le public acclame
la joie d'être là.
Communion
commuant nos mercis
applaudis
en conversations
enfilées les unes aux autres
by a sense of propriacy
to be hic et nunc,
adequate & serene.
La nuit douce
ouvre avec parcimonie
ses bras accueillants
tant sont exaltées
ces émotions-ci tendues
au-dessus d'un berceau
principautaire.
Une plume, trop rare encore sur le papier,
s'est affûtée dans l'ombre
ferrée longeant ces flux
entre bassins contigus
déversant l'un dans l'autre
une eau opaline
et pure, sans Tabou pourtant
inondant trop brièvement ces Dissonances-là.
Pour elles, j'ai arpenté
un Boulevard de Maubert, Métro
jusqu'au-delà d'une église germano-pratine
pour en cueillir,
à l'Écume des pages,
la fleur lumineuse & dense
de l'agave, rare comme elle.
La
rareté
nous
préserve
de
l'
usure.
22 12 2015