Plan de l'essai
Introduction
Première partie: Traduire
- M. Heidegger
- B. de Spinoza 1632-1677
- J. von Uexküll 1864-1944
- Charles Martin-Fréville
- 1/ Tableau &
- Traduire 2/
- Transition vers
Deuxième partie: Embryon de réseau notionnel au service du spinozisme & de la mésologie
- Introduction
- Contexte
- la mésologie invite à l’essaimage de ses concepts fédérateurs.
- Le spinozisme a trouvé en R. Misrahi son Maître vulgarisateur.
- Le comment ?
- Première manière: la carte mentale
- Outils
- Premier outil: Empreinte / matrice et prises
- Deuxième outil: Tétralemme
- Troisième outil: Trajection
- La mésologie, un cadre
- La mésologie, un matérialisme
- La mésologie, trois fils tramés
- Le complexe
- Le comment ?
- Deuxième manière: le réseau notionnel
- Où Spinoza réapparait
- Mais qui trop embrasse mal étreint, n'est-ce pas ?
- Réfléchir encore...
- Première manière: la carte mentale
Introduction
Il se prépare, il se concocte plutôt, un rapprochement à opérer, qui sait, entre spinozisme et mésologie. Plusieurs fils de lecture conduisent vers ce possible rapprochement.
Le cheminement passe entre autres par deux lecteurs très éclairés de l'oeuvre de Spinoza: Éric Delassus et R. Misrahi, dont de nombreuses traces sont désormais présentes sur Nulle part. Les essais qui leur sont consacrés sont listées dans le tableau ci-après:
La mésologie est, elle, entièrement déposée dans un répertoire qui lui est propre et se lit ici.
Première partie: Traduire
M. Heidegger |
Davantage sauvage qu'artificielle, mon authenticité à écrire ce qui se lit ci-après, puisse A. Berque n'y point voir un quelconque jugement, plutôt un aimable conseil formulé avec une fougue néophyte !
A. Berque (AB) me semble (beaucoup) trop obnubilé par M. Heidegger (MH), y compris dans la démarche de néologisation de son vocabulaire. MH lui a bien sûr servi de matrice pour comprendre les limites de Fûdo de Watsuji et traduire ce dernier entièrement, malgré ces limites bien cernées dans l’introduction fort informée qui précède sa traduction publiée au CNRS en 2011.
Peut-être aurait-il fallu qu’il ne s’acharne pas tant sur Fûdo, et ses excroissances déterministes et anti-heidegeriennes au delà du chapitre premier, pour se consacrer davantage à Spinoza dont il me semble bien plus proche.
B. Spinoza 1632-1677
En fait, les lignes de force que je détecte/que je perçois dans la mésologie sont implicitement imprégnées par l’éthique spinozienne, telle que l'exposent ses deux lecteurs éclairés, plutôt que de ces deux impasses, telles qu’elles m’apparaissent, que sont Fûdo et L’être et le temps (mais où est l’espace ?) de MH, ce dernier non lu, et ne le sera jamais… Fûdo sert bien la mésologie en lui offrant une terminologie adéquate. Son apport définitoire est essentiel; quant à MH, je ne vois pas à quoi sert de fréquenter cette impasse philosophique du XXe siècle.
La piste spinozienne vaut donc la peine d’être poursuivie aux fins de rechercher les convergences, les contingences même, entre L’éthique et la mésologie.
L'ensemble des textes et essais consacrés à Spinoza sur Nulle Part se lit ici.
J. von Uexküll 1864-1944
AB attire à de multiples endroits de son œuvre, à la fois en livrée et articulée, l’attention sur les apports fondamentaux de ce biologiste allemand, J. von Uexküll (JvU) qui a officié à l’université de Hambourg à partir de 1925. Ses recherches, qui ont débouché sur la biosémiotique, se poursuivent d’ailleurs en Estonie à l'université de Tartu. K. Kull publie régulièrement des articles sur ce thème.
Charles Martin-Fréville
En lecture l'ouvrage, sur lequel la mésologie se fonde beaucoup, de la main de JvU, Milieu animal et milieu humain, pourvu d'une excellente traduction de la main du jeune philosophe Charles Martin-Fréville (CMF) dont la thèse doctorale semble se mettre dans la continuité de cette approche et de la mésologie, tout en disqualifiant totalement la philosophie de M. Heidegger comme un anti-humanisme. Dans un article pour la revue en ligne Sens public, il écrit en effet: « le dispositif conceptuel de Heidegger exclut fondamentalement les valeurs humanistes. » CMF renforce donc l’à priori que j’ai contre MH, qui me donne depuis très longtemps des petits boutons (d'où l'image plus haut...) à cause de son nazisme impénitent et impuni. D’autres raisons s’y ajoutent désormais… plus philosophiques, celles-là.
La qualité des notes infrapaginales de CMF, tout au long de sa traduction, m'en a fait chercher ses traces sur le ouaibe. D'où cet essai préparatoire.
Traduire 1/
Philosophe XXe-XXIe | Robert Misrahi | Augustin Berque | Charles Martin-Fréville |
Socle de l’œuvre traduite |
Philosophie | Géographie | Biologie |
Point de vue | Dieu c'est-à-dire la Nature | Le mi-lieu humain | Milieu animal & milieu humain |
Perspective | Remonte le temps jusqu’au XVIIe |
Change de lieu jusqu’au Japon & change de d'époque en remontant à la chôra de Platon (in Le Timée) |
Établit des ponts entre Monde animal & Monde humain |
Système philosophique |
Spinozisme | Mésologie | Apparemment « Spino-compatible ». Biosémiotique |
Pays d’origine de l’auteur traduit |
Pays-Bas | Japon | Allemagne |
Auteur traduit | Baruch de Espinoza, dit Benedictus de Spinoza (1632-1677) |
Watsuji Tetsurô (1889 – 1960) |
Jakob von Uexküll (1869-1944) |
Langue de départ | Latin XVIIe | Japonais, XXe | Allemand XIXe-XXe |
Langue d'arrivée | Français | Français | Français |
Traductions antérieures en français |
Oui | Non (?) | Oui |
Le traducteur | Décode, traduit en spécialiste de l’histoire de la philosophe, explicite les ramifications universelles du système philosophique mis au point par B. de Spinoza. |
Étudie le milieu humain occidental avec des instruments neufs issus d'une logique philosophique et d'apports philosophiques de l’Orient, principalement Japon mais pas que: l’Inde, la Chine aussi. Traduit en linguiste-géographe orientaliste ayant mis au point un système de nature philosophique pour étudier le milieu humain. |
Traduit en philosophe & commente en notes de façon philosophique. Fait le pont, comme l’œuvre traduite, entre milieu animal et milieu humain. |
Le traducteur | Rafraîchit et actualise par la traduction précise de L’éthique & par la vulgarisation réussie d’un système philosophique existant de portée universelle, le spinozisme, susceptible d’avoir un impact sur notre temps. |
Met au point de façon théorique une synthèse philosophique neuve, la mésologie, l’étude des milieux humains, qu’il adosse à plusieurs courants philosophiques majeurs (Occident et Orient) avec soin et cohérence pour en dégager les lignes de force communes. |
Construit une métaphysique qui explore l’interface entre milieu animal et milieu humain, mouvement initié par l’œuvre traduite. |
Objectif final | Proposer le spinozisme comme philosophie pratique de la nature pour les temps actuels. La conduite éclairée de soi, aussi. |
Infléchir le cours de l’histoire occidentale au moyen d’instruments théoriques neufs d’interprétation du réel contemporain occidental via le milieu humain. |
Construire des ponts entre deux milieux naturels. |
Instruments | Vulgarise de façon magistrale la terminologie mise au point par B. de Spinoza. Toute son oeuvre philosophique personnelle en est imprégnée. |
Le vocabulaire de Watsuji prolonge et précise la terminologie mésologique propre au traducteur professionnel et géographe. |
Le vocabulaire est traduit de façon cohérente. |
Premier instrument C’est-à-dire |
Traduit sive, lat. par c'est-à-dire alors que d’autres traducteurs le rendent par soit/ou/ou bien. R. Misrahi consacre du temps à nous expliquer toute la portée du c’est-à-dire chez Spinoza. |
S’intègre dans le tétralemme en logique par la LEMMIQUE DU C'EST-À-DIRE |
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Définition 1 du c’est-à-dire |
Implicitement, sive / c'est-à-dire, plutôt que sive / ou, ou bien, correspond à la logique du tiers inclus. |
ON PASSE du 3e lemme au 4e lemme par la LEMMIQUE DU C'EST-À-DIRE « dans une immédiateté à la fois temporelle & spatiale qui relève de l'intuition, non de la dialectique." v. tétralemme. |
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Entre deux termes, A & B c'est-à-dire exprime un rapport dans lequel A est/n'est pas B. C'est bien le 4e lemme, le syllemme, où l'on prend à la fois A & NON-A. |
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Premier rapprochement |
C’est par le c’est-à-dire qu’il me semble que le point d’accroche est susceptible de se faire entre spinozisme et mésologie. Par la nature aussi, qui porte le nom de chôra (contrée) chez A. Berque, géographe du milieu humain, par une filiation très construite qui remonte à Platon. |
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Deuxième rapprochement |
Les deux traducteurs (AB & CMF) se connaissent, ont participé ensemble à au moins un colloque, etc. La biosémiotique, que J. von Uexküll a initiée, fait explicitement partie de la mésologie. |
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Deuxième instrument En-tant-que |
Dans l'expression logique r = S / P, l'en-tant-que se loge dans la barre oblique. (à suivre) V. réalité. |
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Troisième instrument le réel, la réalité |
« Par réalité et par perfection, j’entends la même chose. » Il ne lui manque rien pour être ce qu’elle est, elle n’a besoin de rien d’autre qu’elle-même pour exister, commente É. Delassus (46). « Plus une chose aura de réalité, plus elle aura par elle-même de force pour exister. » que R. Misrahi commente ainsi: La réalité d’une chose est donc sa puissance, sa force d’exister. C’est du niveau de cette puissance que dépend le degré d’autonomie existentielle de chaque être. (319) |
r = S/P se lit: la réalité, c’est le sujet en tant que prédicat. Tout sujet - Moi, individuel ou collectif, humain ou non-humain, a son monde propre. Le en-tant-que correspond au concept de trajection, cher à AB. C’est à la fois l’assomption de S > P Et l’hypostase de S < P. |
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Quatrième instrument le hors-monde / l'acosmie |
Dans un ouvrage qu'il consacre à La liberté ou le pouvoir de créer, R. Misrahi présente le concept de hors-monde (26 et sv). |
L'acosmie berquienne semble lui correspondre en tous points. Elle constitue le constat initial qui conduit aux trois parties structurant La poétique de la Terre. |
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Ces deux points de vue sur le réel/la réalité, celui du spinozisme et celui de la mésologie, me semblent totalement compatibles, non ? Certes, la mésologie se mérite… Elle n’a pas encore trouvé ses exégètes-vulgarisateurs… Cela viendra peut-être si la contingence s'en fait sentir auprès de son concepteur. |
Traduire 2/
Deux des trois traducteurs sont des non spécialistes de la traduction au départ. R. Misrahi s'est longuement penché sur le latin pour nous offrir une traduction lumineuse de l'oeuvre difficile de B. de Spinoza, le tout à l'ombre de Jean-Paul Sartre. Charles Martin-Fréville, sur l'allemand pour Jakob von Uexküll. Ces deux philosophes de formation rendent ainsi service fort utile par leurs traductions pour leurs lectrices/lecteurs francophones.
A. Berque par contre est aussi un spécialiste des Langues orientales, dont le japonais. Il vit à la fois en France et au Japon où il a pris plus que ses marques. Il rejoint de la sorte la philosophie pour poser la mésologie sur des assises solides.
Transition vers
L'angle de prise d'opportunité de cet essai est donc linguistique. Et il révèle déjà, par le tableau ci-dessus, des va-et-vients possibles entre les trois fils certains avérés: AB comme auteur --> CMF comme traducteur --> JvU.
D'autres fils sont encore à construire: B. de S. --> RM comme philosophe et traducteur -- > AB comme géographe turned philosopher cette fois.
Deuxième partie: Embryon de réseau notionnel au service du spinozisme & de la mésologie
Introduction
Restons en linguistique appliquée pour nous intéresser à la contribution potentielle de la terminologie notionnelle, éventuellement contrastive, au spinozisme & à la mésologie pour nous interroger au passage sur la question de savoir si la mésologie est aussi un spinozisme et envisager l'utilisation de cartes mentales comme intermédiaires avant la mise au point du réseau notionnel.
Embryon de réseau notionnel au service de la mésologie
Introduction
Comment rendre mieux compte encore que par des tableaux à deux ou trois colonnes, comme dans chôra et topos, des facettes multiples qui s’emboitent les unes dans les autres, comme ce formidable volume géométrique en trois dimensions (celles qui donnent de la perspective à la représentation des paysages peints, notamment) qu’est aussi le Rubik’s cube ?
Contexte
Par l’intermédiaire
- de séminaires organisés à l’Ehess au rythme de deux par mois, entre novembre et juin, dernière année du séminaire: 2016-2017;
- d’une journée d’étude le jeudi 24 novembre 2016;
- et d’une semaine à Cerisy-la-Salle fin août-début septembre 2017.
La mésologie invite à l’essaimage de ses concepts fédérateurs.
Lors des séminaires, de jeunes doctorant-e-s et des chercheuses/chercheurs confirmé-e-s viennent exposer, trop souvent assis & trop brièvement – ¾ d’heure c’est court ! -, les possibles rapprochements entre leur domaine de recherches et la mésologie, sur une thématique annuelle choisie. C'est toujours digne d'intérêt. À la lecture à postériori en tout cas.
Souvent, malheureusement, Ils n'ont pas assez (et pas assez bien) réfléchi à la forme que doit prendre leur communication: trop rares en effet sont celles et ceux qui ne lisent pas le texte de leur communication écrite, ce qui est profondément anti-communicationnel… Ils ont pris tant de temps à peaufiner à la dernière minute un texte qui les habite que l'énergie leur a souvent manqué pour tenir compte du vecteur oral de leur communication.
La « bouteille » pédagogique acquise par certain-e-s les aide à adresser à la salle attentive un discours oral construit autour du sens principal à donner à leur exposé, utilement complété par le texte écrit mis à disposition quelque temps après.
Il s’expose à ce séminaire des thématiques de recherches qui se faufilent souvent dans un costume mésologique, démontrant par là une tendance en voie de formalisation d'universalité que l'étude des milieux humains, à la manière d'AB, est en train d'acquérir.
Le spinozisme a trouvé en R. Misrahi son Maître vulgarisateur.
Ses livres sont empreints d'une sérénité, d'un calme qui sont fort impressionnants. Il publie toujours des oeuvres à nonante ans passés ! & à un rythme soutenu s'éditent & se publient désormais une salve continue d'ouvrages plus intéressants les uns que les autres, à la fois sur le spinozisme et sur sa philosophie propre qui laisse en héritage au XXIe siècle. Voilà un auteur qui sera encore lu dans plusieurs générations, comme se redécouvrent les pertinences conjuguées de Paul Valéry ou Walter Benjamin, entre autres. Le tableau introductif rend partiellement compte de ce foisonnement.
Les deux philosophies ont choisi des techniques d'essaimages différentes. Je préfère de loin la seconde. Mais la première offre un filet de rattrapage sous la forme d'essais publiés à postériori. C'est d'ailleurs quand j'ai eu compris que les essais nous arrivaient de façon régulière que je n'ai plus entrepris de m'extraire tous les quinze jours de mon havre. Paris au mois de mai a beau être joli, du 13 novembre 2015 à février 2016, c'est tout autre chose...
Le comment ?
Première manière: la carte mentale
Comment faire une ou plusieurs cartes mentales, du non linéaire donc, en évitant les outils logiques (assez déstabilisants pour des non-logiciens et qui n’apportent peut-être pas grand-chose…) tel S/P et SIP mais bien le tétralemme comme matrice structurante, intégrative, d’une partie de la carte. Une carte mentale (des ?) serait une étape en chemin sur la voie établissant un jour une terminologie notionnelle de la mésologie. Une carte heuristique récente à propos de R. Misrahi figure dans La vie austère est-elle une vie bonne ? Nulle part n'en est encore nulle part, mais progresse avec constance, sans aboutir encore dans son effort solitaire/solidaire. Voici déjà longtemps qu'il se sait sur Nulle part qu'un jour ceci déboucherait peut-être sur cela...
La terminologie mésologique serait d’une aide précieuse ici. Il faut encore découvrir un angle d’attaque pour respecter la cohérence pour l’instant linéaire dont elle fait montre & lui donner une troisième dimension en construisant un réseau autour de notions qui pourraient s’éclairer l’une l’autre.
OUTILS
Premier outil: Empreinte / matrice et prises
Une autre partie pourrait faire usage à la fois de l’empreinte et de la matrice et des prises: ressources / contraintes / risques / agréments (dans le sens de cela agrée, cela convient).
Deuxième outil: Tétralemme
Il commence par une logique binaire, celle que revêt l’information:
vrai-faux / Affirmation-Négation / A – NON-A
pour évoluer ensuite dans une logique ternaire, d’abord en tiers exclu:
Ni A ni NON-A, ni vrai/ni faux, ni affirmation/ni négation
pour finalement se déployer en tiers inclus:
À LA FOIS A & Non-A / vrai & faux / affirmation & négation
TÉTRA= 4 en grec, et LEMME donne du sens à l’information.
LEMME = Le Grand Robert: lemme [lɛm] n. m.
ÉTYM.1629, en math. ; lat. impérial lemma,d’orig. Grecque. → Dilemme. ❖
Log. Majeure d’un syllogisme (en ce sens dans la Logique de Port-Royal).
Math. Résultat, proposition intermédiaire qui ne concerne pas directement la thèse ou le théorème, mais qu’il est nécessaire d’établir avant de poursuivre la démonstration.
Philos. Proposition accessoire, démontrée ou admise, qui permet de poursuivre le raisonnement.
Nous devrions donc apprendre en nous extériorisant par la technique à tenir compte du cosmos en maintenant ouverts et fertiles nos systèmes symboliques qui nous permettent d’intérioriser par les symboles le monde en nous.
Troisième outil: Trajection
Le dualisme avait instauré un gouffre que la trajection vise explicitement à combler, au moyen d'un mouvement de va-et-vient entre le subjectif et l’objectif, sous l’emprise aussi de l’intuition, en usant de la LEMMIQUE DU C’EST-À-DIRE par laquelle on passe du 3e lemme au 4e lemme « dans une immédiateté à la fois temporelle & spatiale qui relève de l’intuition, non de la dialectique ».
Il s’agissait pour la mésologie d’établir une relation causale entre ce milieu et les comportements humains. La trajection est un va-et-vient, à la fois cosmisation du corps et somatisation (soma= le corps, en grec) du monde. Cette double définition est extraite de la terminologie mésologique (pas encore assez !) dynamique.
C’est en assurant une trajection fluide entre l’aval (le corps) et l’amont (le monde), par un double mouvement de va-et-vient hélicoïdal senestrogyre, pour que la spirale s’échappe dans le sens de la flèche du temps, que nous prendrons enfin soin de l’immensité (etc. Fefmao 47, et dans le bas de cet article-là, fiche 6) tout comme ces gastéropodes à coquille avec ouverture à gauche…
La mésologie, un cadre
La mésologie offre avec pertinence un cadre globalisant d’interprétation des signes du monde qu’elle rend accessibles au soi. C’est par l’étude des milieux humains, à la lumière de nombreux outils neufs rassemblés à la fois auprès de penseurs occidentaux (Allemagne, France) mais aussi orientaux (Japon, Chine, Inde), que le propos d’A. Berque s’étoffe à mesure qu'il progresse.
[Ajout 2021: Le cadre que la mésologie offre, il faut savoir admettre qu'il nous dépasse largement... En tirer quelques outils, tout au plus. Du trio que je dégageais ci-dessous en 2016, il appert que le tétralemme est le plus productif, ensuite les prises. Quant à la trajection, elle s'est dissoute dans les limbes de la mémoire... Elle n'a pas été intégrée, comme l'esquisse si puissamment J F Billeter.]
La mésologie, un matérialisme
La mésologie est marquée du sceau d’un matérialisme rigoureux, sans concession, excluant toute transcendance. La mésologie est non dualiste. Cette approche de nos milieux, nous les humains, est adossée aux diverses palettes professionnelles de son concepteur/assembleur, Augustin Berque: la géographie (avec ses multiples facettes, y compris artistiques & paysagères), les langues orientales (chinois, japonais, sanskrit…), une connaissance fort intériorisée du Japon et de ses penseurs (notamment Imanishi et Watsuji). C'est en cela aussi que R. Misrahi et A. Berque partagent des points de vue communs, sans jamais (encore ?) faire référence à l'autre.
La mésologie, trois fils tramés
Ces trois fils conducteurs l’amènent ensuite à se pencher sur des chercheurs, des scientifiques et des philosophes pour qui l’étude des milieux a constitué un objet de recherches multiples, sous différents angles dont la mésologie s’attache à tisser entre elle et eux un tramage complexe et de plus en plus solide, quoique d'abord très escarpé.
Le complexe s’allègerait même presque bien…
La simplification, la simplicité, la clarté, le souci de vulgariser la pensée foisonnante ne semblent pas souvent avoir été une priorité jusqu’à récemment pour la plume berquienne. Elle parait cependant en voie d'allègement (ou bien est-ce que j'y suis de mieux en mieux aguerri que... ? Je ne sais.) en se détachant quelque peu d’un appareillage de référencements qui nous dépasse tous, nous ses lectrices/lecteurs… & s'avère souvent inutilement compliqué. Bien sûr, il s'agissait pour lui de nous prouver en quelque sorte le bien fondé de la démarche entreprise avec trop d'humilité... et beaucoup trop d'érudition de très haut vol mais inutile à la cause !
Mais, ça va là, nous sommes depuis longtemps convaincus... et désolés que cela soit si escarpé, alors que une autre face, une autre pente, qu'un autre penchant eût pu être tellement plus douce/doux...
Le comment ?
Deuxième manière: le réseau notionnel
L’hypothèe qui s’échafaude consisterait dès lors à concevoir un réseau notionnel dont les liens seraient donnés par l’approche terminologique notionnelle, telle que G. A. Miller l'a mise au point avec WORDNET, et Termisti à sa suite ou en parallèle (ISTI, Bruxelles, sous la très éclairante houlette, à l'époque - années 1990 -, du dr. Daniel Blampain):
- synonyme / antonyme
- termes coordonnés
- hyponyme / hyperonyme
- est un type de
- est une partie de (méronyme)
- parties de, « morceaux de » (méronyme)
- est une valeur de
- etc.
Voyez par exemple ce que donne un réseau dans Wordnet, la base de données en ligne, avec le mot anglais « environment ».
Un réseau notionnel pourrait finir par s’établir en se ramifiant un maximum sur base de liens notionnels entre Platon, Spinoza, Uexküll (très lisible, lui), R. Misrahi et A. Berque. Spinoza et R. Misrahi en seraient le coeur, l'axe de rotation.
Où Spinoza réapparait
Il est bien possible que le spinozisme donc, version R. Misrahi, ait une éthique, dont la nature constitue l’objet d'étude, puisse constituer une étape fédératrice & occidentale au sein de ce réseau notionnel de la mésologie. La mésologie se consacre aux milieux humains, parties intégrantes de la nature tout comme la biosémiotique s'intéresse au milieu animal. En intégrant bien sûr la chôra platonicienne, comme intuition inaboutie à l'aube de la philosophie (in Le timée, dont une neuve exégèse est récemment parue aux Belles Lettres; acquise, non lue encore).
Il ne vous aura pas échappé que Nulle part ne se risque pas encore à répondre à la question qui intitule cet essai. Toutefois, il semblerait bien qu'il inclinerait, qu'il finirait même par incliner en faveur d'une réponse positive. Mais pas de précipitation !
Car qui trop embrasse mal étreint, n’est-ce pas ?
Ceci est ma très provisoire conclusion puisque je ne puis encore formaliser ici ne fut-ce qu'un embryon de réseau notionnel méso-spinoziste. & je suis sûr que c'est en équipe que cela pourrait se faire, pas solitairement, pas un presque reclus solitaire sur la si poétique Terre.
Cet essai porte en soi le ferment d'une constance potentielle à oeuvrer dans ce sens. Il pourrait devenir l'aiguillon... & saisir une occasion.
Réfléchir encore… mais conclure ici:
Il se balise ainsi des chemins étroits qu'il s'agit de débroussailler calmement et dans la durée en laissant opérer une intuition vive & aux aguets de soi. À suivre donc, mais on n'est pas aux pièces, sur Nulle part. Seul son bon plaisir le guide...
Cette version définitive de cet essai date 24 octobre 2016 & n'évoluera plus, si ce n'est formellement: une meilleure maitrise de joomla est ici à l'oeuvre... Quand la nécessité d'un ajout 2021se fait jour, elle l'identifie comme tel.