Essai définitoire, nullement définitif..., de nature conjecturale, hypothétique, ressortissant du temps du conditionnel...
La nudité du corps enhardit l’échange manuel.
L’énergie du dénudement assure le contact de la fluidité plastique avec la profondeur de soi: elle dimensionne l’authenticité de l’engagement sur ce chemin.
Il en ressortirait une fluidité
- entre
la peau d’une part, telle que les mains la conçoivent, la sculptent, pourrait-on presque oser - &, d’autre part,
la profondeur organique fonctionnelle de l’ensemble du corps intérieur, celui qui nous demeure visuellement inaccessible sans instruments sophistiqués.
Le toucher des mains promeut la meilleure conscience intuitive par le contact & l'appui qu’elles assurent à travers l’épiderme.
Le corps apparaît alors constituer une multitude de sensations organiques multipliant les rapports d’intimité, à l’intime de la vie en soi, entre les organes, ce qui se passe aussi très largement à l’insu de la conscience conceptuelle.
Les mains deviendraient donc, dans cette hypothèse, un vecteur de communications avec la conscience en vue d’une meilleure appropriation conceptuelle de l’intérieur de soi.
L’éveil pourrait consister en une meilleure appropriation intégrative de ce tout de soi que constitue la complexité dynamique d’un corps fluide, interagissant avec l’énergie universelle, fût-ce de façon discrète.
La capacité de formuler ceci découle d’observations multiples. Elle s’accompagne d’un nuage terminologique tel que s’approche peut-être un peu plus la définition de la part essentielle d’un corps.
Les mains pourraient être des entremetteuses mettant en relation les strates multiples d’un corps se percevant partie d’un tout infiniment indéfini. Cette perception découle de lectures & de constats posés au long cours.
Chaque tentative de saisir d’un peu plus près ce type de phénomènes aide à mieux vivre l’éveil car elle permet d’être habité plus intensément par celui-ci.
Nos triturations tactiles profondes enrichissent, dans un deuxième temps, le retour sur soi réflexif, dont cet essai est une résultante possible.
Sans qu’il soit nécessairement question de
- réflexivité par effet de miroir qui serait une boucle discursive fermée se mordant la queue*
- mais bien davantage
d'une spirale à dextrogyre** centrale, une progression en spirale ouverte sur les profondeurs incluses au soi, au nombre de gyres indéfiniment ouvertes & accédant à la matrice vitale de la nature globale/englobante, par essence immense, dans laquelle le corps est englobé- sans qu’il soit du tout question d’une mise sous cloche;
- bien plus d’une inclusion subreptice & pourtant on ne peut plus vitale ?
Couper trop de liens entre
- l’immense
- et la matrice corporelle vitale abrègerait la durée de la vie en soi.
Prendre soin de conserver un maximum de liens existants lui assurerait en revanche une longévité se tenant davantage éloignée de soucis majeurs de santé; ou, à tout le moins, les retarderaient.
Il se pourrait que dans cette configuration les mains soient des entremetteuses énergétiques facilitant par contacts la perméabilité corporelle au profit d'une meilleure plasticité évolutive.
Les mains, ces vectrices d’énergie, une porte d’entrée pour un meilleur éveil à soi ?
Les mudra extrême-orientales ne diraient pas autre chose.
* Je pense à Narcisse qui est ici hors de propos. Lucien Jerphagnon y consacre quelques belles pages, Sur Narcisse, in Portraits de l’antiquité, 163-170; dans sa discussion sur Plotin, il conclut d’ailleurs par « Plotin était l’anti-Narcisse » en ce qu’il « ne se laissait pas portraiturer... ».
Je relève que le mythe de Narcisse s’alimente presque exclusivement du sens de la vision.
** La gidouille pataphysique s'évoque ici, dont la spirale ventrale approche au plus près du visuel que les paupières fermées projettent... (source de l'image: Gidouille Par Artishow37 CC BY-SA 4 sur wikipedia)