Ces bribes philosophiques de portée plus personnelle ont été assemblées lors du confinement de la population belge, accompagnant quatre millards d'autres humains. Elles proviennent d'un journal de bord de Covid-uités. Ce virus appelé SARS-CoV-2 appartient à la famille des Coronavirus. Le confinement était destinée à tenter d'enrayer la progression virale de cette « nouvelle maladie infectieuse respiratoire appelée Covid-19 (pour CoronaVIrus Disease)». (Source, Institut Pasteur) L'enrayement semble réussir. Il est dommage que les droits humains se révèlent être des victimes collatérales de cette épidémie. Il nous faudra bien observer comment seront levées les mesures d'exception suspendant largement nos libertés qui ont été mises en place à cette occasion. Nous avons quasiment été assigné·e·s à résidence sans jugement.

Plan

Prendre le temps
Vital
L'ancrage
Dentelle
Jeu propre
Élasticité
Fil
Primeur bancale
Un silence sans entraves
L'intériorité


Prendre le temps
Il est un temps de méditante. Il se médite tant qu'il n'est de temps pour rien d'autre.
— Ne t'en fais pas, temporisa-t-il, tempérant: ils n'auront rien com-pris & re-prend-ront leurs errances in-finies une fois les cons finement relâchés.
Du vide, rien ne peut sourdre. OU: Seul le rien sourd du vide...
Ils se sur-prendront même de l'étonnement qui naîtra face à l'oubli des replis sur
le chez soi que cette période d'arrêt imposé aux flux multiples dans lesquels ils s'étaient perdues sans même s'en rendre compte. Covid-uités 6, mercredi 18 3 2020


Vital
Être devenu approprié à la vie qui coule en soi l'adosse à une colonne énergétique solide qu'il s'agit, en ces temps pandémiques de rappels à l'ordre en cascades virales, d'entretenir avec précision tant elle est précieuse. 7h28, au lever. Covid-uités 8, vendredi 20 3 2020


L'ancrage

Sous la férule péremptoire du tracé que la vie forme sur sa matrice propre, il veillait. La conscience affleure, progressive, que la génétique, & non quelque rune ésotérique, adosse à son lignage. Ces fils ténus parcourent l'arbre de ses origines noyées dans les brumes. Il sera temps de remonter un de ces fils lorsque la salle Ulysse Capitaine sera à nouveau accessible. Cette veille, en conscience, l'irriguait de l'intérieur, sans qu'il comprît le dessin des méandres de son fil de trace. Les brins qui constituent le filé de sa fibre participent à la densité de son dentelé & en détermine dans une certaine mesure l'aboutissement complexe, comme toute vie l'est. La propriété d'un fil est de se laisser plus ou moins courber. Mal positionné, le fil de trace perd de son effet.

Dentelle

Le domaine textile qui semble se rapprocher le plus de la vie qui nous anime est peut-être bien la dentelle mécanique - génétique - pour le passé & la dentelle main pour sa vie propre. C'est le terme de fragilité, qui s'oppose aussi à faiblesse, qui a guidé l'attention vers la dentelle-main plutôt que vers le tricot par exemple, dont la maille caractérise le travail. En  dentelle, c'est le fil même qui trame la vie en soi dans les interstices laissés libres, ouverts, disposés à la créativité de la main qui le guide.

Jeu propre

L'être humain dispose probablement d'une marge de manœuvre, son jeu propre; c'est à l'intérieur de cette marge qu'il peut être créatif en sa vie propre. Il nomme souvent cette marge de manœuvre du vocable de libre arbitre, dont l'empan est très loin d'être infini. Les techniques qui en expriment la créativité ressortissent de nombreux arts que l'être humain pratique. L'art de vivre en somme les parties.

Élasticité

L'élasticité d'un fil de vie est limitée. D'où la prudence possiblement matoise que certains mettent à le mener à bon port, quel qu'il soit d'ailleurs, car il n'est jamais connu d'avance. Cela  en constitue le charme même.

Fil

C'est le fil d'une métaphore qui s'enroule ainsi. Aussi, elle se surprend à y trouver de quoi se structurer ainsi. Covid-uités 30: samedi 11 04 2020


Primeur bancale

Ah ! ne prendre nul ombrage
de l'ombre charmée.
Elle enrobe le banc de sa corolle fraiche.
C'est une première printanière.
l'an dernier, le banc
n'avait pas encore rejoint
l'ombre aimable que
fait cette majesté au jardin
de dix-sept heures.
L'or endurci qui coule en nos veines
trouve dans ces semaines de confinement,
finalement consenties

dans la joie des assises en soi,
à progresser encore dans les explorations
déjà entamées.
Sans redites, avec
l'à-propos dont se sertissent
les instants du jour.

Covid-uités 31: dimanche 12 04 2020


Un silence sans entraves

Les entraves posées sur le plus grand nombre
sont le plus petit commun dénominateur qu'ils ont trouvé
pour enrayer notre viralité vitale.
* * *

Avoir de toujours su être un corps disposé
au silence le destine tôt à une vie
près de la scène; parfois, c'est rare, au micro.
S'y convient une culture, un engagement.
Cheminer désormais à l'écart,
sur la voie intérieure, en retrait,
convient à la profondeur de son sillon.

Covid-uités 37: samedi 18 04 2020


L'intériorité

Avant la péripétie épidémique, le corps se savait déjà enclin à l'intériorité. Il est davantage encore devenu celui d'un « homme tourné vers l'intérieur » (J. Abeille, Les barbares, 181). Le corps avait enté un chemin propre, en s'ancrant à même la terre sédentaire du havre. Il y a progressé aux confins intuitifs de la voie se traçant en lui par un acte posé chaque instant en conscience. L'activité librement consentie déroule le fonctionnement des choses en lui consacrant tout entier le temps qui s'écoule. Il tient l'éveil au plus près de soi, à même sa vibration propre. Ce que le corps aura appris de ce confinement tient en une phrase:« Il [lui] semblait avoir fait un pas vers la sagesse. » (id, 314) Covid-uités 52 dimanche 03 05 2020


Cueillettes

C'est ainsi que s'émancipe pas à pas une pensée faite corps. L'équilibre d'une vie se cueille dans l'accueil qu'elle réserve à chaque instant. C'est aussi à cela que ces diaries et leur émanation journalière ici même sont principalement dévolus. Leurs pages manuscrites accueillent tant d'instants disparates & pluriels. Leur reliures les assemblent en les unifiant sur le cheminement d'une vie.
Le destin est un enfermement. Il est ourdi par quelque malheur en soi.
Le chemin, une ouverture, est une pérégrination infinie aux confins de la voie que l'énergie trace en soi. Le chemin peut être un acte posé, une activité librement consentie qui déroule le fonctionnement des choses en lui consacrant tout entier le temps qui s'écoule. Covid-uités 54 mardi 05 05


Recherche

Statistiques

  • Membres 4
  • Articles 3594
  • Compteur de clics 8957245