La béatitude est la vertu même
Robert Misrahi revient sur la toute dernière proposition de l'Éthique (V, prop.42) dont voici la traduction que J F Billeter nous offre:
« La Béatitude n'est pas la récompense de la vertu,
mais la vertu elle-même;
et nous n'en jouissons pas parce que nous maitrisons nos passions,
mais c'est au contraire parce que nous jouissons d'elle que nous sommes en mesure de les maitriser. » J. F. Billeter, Esquisses, 2017,
p. 94
Le chemin qui conduit à cette satisfaction pleine est difficile, nous rassure en quelque sorte R. Misrahi !
L'universalisme de la connaissance
Nul élitisme dans cette approche dont même Spinoza reconnait la difficulté. Le passage de l'ignorance au début de la sagesse & de la liberté s'effectue par la connaissance. Dans l'entrée qu'il lui consacre dans son dictionnaire, R. Misrahi ne semble toutefois pas reconnaitre que l'accès à la connaissance telle que Spinoza la définit n'est pas aisé, même dans une société aux apparences démocratiques. Que cet accès à la connaissance tel que définie par Spinoza ne soit pas simple, que cela puisse intéresser les Puissants que nous restions ignorant·e·s, soit.
Cet accès malaisé peut être rendu tel par le processus intérieur de conversion qu'il requiert: On ne nait pas rationnelle & intuitive, on le devient ! Et ce, au cours d'un processus complexe qui peut entre autres tenir à l'ouverture progressive de passages énergétiques intérieurs via nos portes-tambours, ces chakras si pertinents au tantrisme shivaïste du Cachemire. C'est à ce prix probable que la connaissance devient de plus en plus intuitive en évitant d'errer, en se branchant davantage & mieux sur l'énergie des univers dans lesquels nous sommes tellement minuscules que...
Dans d'autres écrits, nous dit R. Misrahi, « Spinoza développe une pensée politique dans laquelle la démocratie apparait comme le meilleur gouvernement. L'éthique de la béatitude & du bonheur est une doctrine universaliste qui ... annonce le XVIIIe siècle ».
C'est cet universalisme même (une doctrine ?) qui rend l'Éthique si précieuse pour conduire sa vie sur la voie qu'elle emprunte, à la fois de façon rationnelle et intuitive.
Jusqu'à présent, cet universalisme spinoziste, je n'en ai perçu ni limites ni défauts insurmontables (déterminisme mis à part, qu'il suffit de contourner pour s'en dispenser), autres, of course, que les miennes propres, les miens trop ancrés encore... La béatitude selon Spinoza, un pont tendu entre l'Orient & l'Occident philosophiques ?
Ces deux paragraphes font partie d'un essai plus long sur la béatitude auquel il pourrait être adéquat que vous consacriez un temps de réflexion également. Il a paru intéressant de les isoler pour insister en passant sur la nécessité des Ponts... comme points de passages sur la route du soi philosophique.