Dans La joie d'amour, Robert Misrahi s'attache aux alentours de la page 130 aux structures d'une conscience en trois temps définitoires:

1. le sujet

2. sa liberté

3. son désir.

Chaque temps comporte deux niveaux.


Premier temps: le SUJET

1er niveau

Tout individu est déjà un sujet, pas forcément
- maître de ses passions,
- rationnel dans ses actions,
- satisfait de son existence;
mais
- conscient de lui-même,
- et de sa propre identité personnelle.
L'individu est un sujet parce qu'il est toujours présent à lui-même comme étant lui-même.

2e niveau sous forme de corollaire: Tout individu peut passer de la conscience quotidienne (je suis moi) à la réflexion, c’est-à-dire la conscience de second degré.
Il adopte ainsi une perspective de surplomb.
Il accomplira la formation de soi par lui-même, grâce à ce travail réflexif; il travaille ainsi à l'instauration de sa propre souveraineté.


 

 

 

 

Deuxième temps:
sa LIBERTÉ

 

 

1er niveau

Tout individu est déjà libre: « L'action, la vie sont des ARRACHEMENTS constants au passé immédiat & des dépassements constants vers le futur immédiat… Mais, bien entendu, j'ai pu faire un mauvais choix: … voyage décevant. La première liberté n'est pas forcément HEUREUSE & INDÉPENDANTE. »
Être libre, certes, dit RM, « mais dans un déploiement de la vie qui peut être désastreux…

2e niveau

SEULE UNE LIBERTÉ ÉCLAIRÉE, c’est-à-dire de second niveau, sera en mesure de SATISFAIRE PLEINEMENT le sujet dans son existence. »
La réflexion approfondie par le sujet souverain, c’est-à-dire la conscience réflexive.
La conscience et la liberté de second degré vont ensemble, « sont un seul et même évènement, un seul et même fait du réel.


Peut-on objecter à cela le déterminisme, que RM définit de façon limpide: le déterminisme « est une interprétation de l'action à postériori. » ?
L'interprétation « invente les causes après avoir pris de connaissance des effets.
Or ces évènements sont des actions contingentes, imprévisibles par quiconque. »
Donc, non on ne peut objecter le déterminisme.


Comment passer de la liberté de premier niveau où le sujet ordinaire est ballotté par les évènements et dépend quoique librement de forces extérieures dont il se fait complice à une liberté éclairée de second niveau ?


Troisième temps: son DÉSIR

La question de ce passage met en avant le désir.
1er niveau
- forme non réfléchie,
- mouvement dynamique qui déploie par lui-même sa propre énergie.

2e niveau

Le désir véritable
- est une initiative qui donne du sens à l'énergie physique interne (ex. l'appétit & le choix d'un menu).
Le désir a un sens.
Le sujet lui-même donne un sens au désir.
Le désir EST une action présente et désirante.
Le désir FORGE son propre sens par les buts que cette action présente & désirante poursuit.
L'énergie qui propulse cette action est le désir poursuivant un but qui forme son propre sens, qui donne un sens au désir.
Désir et action sont indissociables.
Le désir est « l'énergie qualitative, le dynamisme de l'action ».
L'action révèle son propre sens par ses propres buts.
Le désir est l'énergie même de l'action.
L'action est le sens du désir.
La signification du désir n'est pas antérieure à l'action (elle serait pauvrement orgastique). La signification est contemporaine de l'action parce que celle-ci est l'action même du désir.
L'action et le désir ensemble inventent le sens.

Reformulations
- Le sens est inventé simultanément par l'action et le désir.
- Le sens est le désir en acte.


RM: Le désir est
la conscience elle-même,
la conscience en acte
.
 

 
C'est comme conscience que le désir a un sens.
Le désir est l'activité même de la conscience.
L'activité de la conscience « commence souvent par être CONFUSE & ERRONÉE ». Mais c'est parce que le désir est une conscience qu'il pourra agir sur lui-même et passer
1. de la vie spontanée & maladroite
2. à la vie souveraine & réfléchie.
Le désir de l'accomplissement = le désir éclairé qui pourra éventuellement devenir
- le moteur
- la raison
- la motivation
d'un changement radical dans
- les perspectives
- & les contenus
du désir.


Un dernier aspect à évoquer est

 

 

 

 

la problématique du MANQUE


Le manque est
- provisoire,
- qualifié,
le manque aspire activement à son propre dépassement.
Le manque sait qu'il y est déjà parvenu & qu'il y parviendra de nouveau.
Ce dépassement du manque est le plaisir.


Ce plaisir est une complétude, chair & esprit, peut devenir
- satisfaction,
- joie,
- contentement.
Le renouvèlement du désir est le signe de la vitalité du sujet.

Le sujet poursuit des objets de plus en plus
- significatifs,
- adéquats,
- gratifiants.
La complétude peut devenir de plus en plus
- riche & nuancée,
- vive & intense
jusqu'à l'accès à l'expérience de la plénitude.


 

 

FINAL

 

Le désir est le mouvement de recherche d'une complétude aussi intense que solide et significative.
Cette complétude est bonheur et accomplissement qui permet de dépasser le manque par l'expérience substantielle et active du bonheur. Le bonheur est l'horizon de tout désir.

Ce mouvement est saisi par le sujet
D'ABORD d'une manière obscure et incomplète;
ENSUITE il peut devenir le moteur et la motivation d'un changement radical du désir, c’est-à-dire de la personnalité.
FINALEMENT, il peut aboutir à la conscience heureuse et accomplie.

C'est par elle-même que la conscience œuvrera à fonder son futur accomplissement.


Le corps fait l'objet, à la suite de Spinoza, de nombreux textes sur Nulle Part. Une sélection: la conscience observatrice; le corps-conscience d'après J. F. Billeter; le corps & la conscience: note d'amplification conceptuelle; les structures d'une conscience; S'apprécier, car l'esprit est la conscience du corps; conscience dans le Bagavad Gîta; la nature des choses, Éthique I; etc. Pensez à utiliser le moteur de recherche propre au site.


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