Essai de mise en perspective sémantique par la philosophie
MANUEL DES AGONISANTS, FRANÇOIS JACQMIN, éd. Tétras Lyre, 2016.
Plan de l'essai
1. Publications posthumes
2. Génétique, je tique...
3. Graphes, cartes et arbres
4. Sémiotique, selon le groupe μ
5. Tétras Lyre
6. Quant au fond, n'est ce pas...
- 6.1 La conscience
- 6.2 Les dés
- 6.3 Le destin
7. Je ne sais pas...
8. En une librairie paisible...
9. Annexe
1. Publications posthumes
Fin 2016, un des poètes majeurs sur la scène liégeoise, de rayonnement international voyait à nouveau son nom sur une couverture d'ouvrage: François Jacqmin.
F. Jacqmin tient rang parmi les poètes européens, comme René Char, par exemple: leurs plumes, par moments, ont des élans similaires. Nous en sommes fiers en bons Principautaires, même si la renommée des poètes est bien limitée...
2. Génétique, je tique...
Le postfacier de ce Manuel des agonisants, offre à notre lecture, à la vôtre pourquoi pas, de nouvelles perles poétiques que tout amateur de poésie liégeoise se devrait de lire. Les Archives et Musée de la Littérature (AML) conservent entre autres des archives privées d'écrivains; celles de François Jacqmin lui ont été confiées par sa famille. Vous trouverez en suivant ce lien trois fichiers pdf à télécharger sur ce fonds particulier; ils vous informeront de façon synthétique sur les sources brutes disponibles, bien mises en perspective.
Le postfacier appartient et enseigne à l’école des Romanistes liégeois, proche de la génétique du texte. Il tente de nous convaincre que certaines hésitations dans la TITULATURE (si si...) choisie par le poète prouvent l'utilité intrinsèque de cette analyse (trop) fine du processus créatif propre au poète dans le secret de son pigeonnier, à l'arrière de sa maison située sur le Bâti de Plainevaux, commune de Neupré.
Le processus régissant l'avant de la version définitive, souvent hésitant, fait d'allers-retours, de modifications parfois nombreuses, appartient à la sphère privée du poète.
Qu'il ait douté est tout à son honneur.
Qu'il ait passé du temps à peaufiner, jusqu'à cette perfection à la fois formelle et sémantique, fait notre bonheur.
La version finale seule compte aux yeux de ses lecteurs, me semble-t-il. Bien sûr, que des chercheurs s'attachent à publier ce qui semblait prêt est une bienveillance faite aux amoureux de cette poésie philosophique. Mais j'ai bien peur qu'il me soit assez indifférent d'apprendre ces tergiversations intimes à l'homme. C'est l'oeuvre qui me meut, le poème qui m'émeut parce qu'ils promeuvent en soi des perspectives inédites, des rapprochements. Son vocabulaire si particulier, philosophiquement et scientifiquement connoté, le sort du lot poétique habituel. Quand une poésie réfléchit sur la page, nous en profitons toutes et tous de façon intense.
Michel Murat (Paris I, Sorbonne) nomme cela la religion du document, venue du positivisme.
Citation d'une recension parue sur Fabula, sous la plume de Vincent Laisney: « Trois idées reçues sont ici contestées. La première, venue du positivisme, est la religion du document, qui renvoie au néant tout ce qui ne passe pas l’épreuve de la validation des faits. L’histoire littéraire s’est construite sur l’idée naïve qu’elle pourrait raconter une histoire exacte, contre‑légendaire ; en conséquence de quoi elle a jeté aux oubliettes des bibliothèques entières (Mémoires, Souvenirs, romans de la vie littéraire, recueils d’anecdotes, biographies romancées, portraits d’écrivains, etc.) qui ont pourtant nourri l’imaginaire des lecteurs et des auteurs. etc.» (màj 1 5 18, d'un fil de lecture...)
Hubert Krains (1862-1934), qui a connu F. Séverin (1867-1931), assure que pour cet auteur-là aussi seule compte à ses yeux la version finale: « Citer à présent un de ses vers qui n'aurait pas été tiré de l'édition de la "Renaissance du Livre" serait s'exposer à le trahir. C'est cette dernière qui contient aujourd'hui toute son oeuvre poétique avouée, avec La source au fond des bois, éditée également par la "Renaissance du Livre". » La référence est certes ancienne. Est-ce une raison suffisante ?
3. Graphes, cartes & arbres
Cette école de critique « littéraire », la génétique du texte, part sur les pistes sinueuses (et en voie d'extinction: il va lui falloir trouver d'autres préoccupations moins analytiques - en cause l'usage généralisé de l'informatique par la presque totalité des auteurs contemporains/auteures contemporaines - peut-être au profit de tableaux davantage larges, davantage synthétiques, davantage ... passionnants, comme les Modèles abstraits pour une autre histoire de la littérature qu'adoptent depuis longtemps Franco Moretti et ses collègues de Stanford: Les éditions Les Prairies Ordinaires nous ont offert en 2008 la traduction française d'un ouvrage, originellement paru en anglais en 2005, si jouissif, portant le titre Graphes, cartes et arbres. Je l'ai dévoré à plusieurs reprises tant les perspectives qu'il ouvre sont enthousiasmantes.
Ce professeur d'anglais contribue aux recherches du Center for Spatial & textual Analysis (CESTA). Ce centre semble ouvrir des perspectives plus créatrices.
Une deuxième traduction en français est désormais disponible aux Éditions d'Ithaque sous le titre: La littérature au laboratoire (2016). L'ensemble des textes est toutefois disponible en anglais sur le site de ce groupe de recherches.
Putting Liège on the map ? In the map ? La sémiotique du Groupe μ (voir section 4) y est bien arrivée, elle, et est toujours productive: Principia Semiotica: Aux sources du sens, est paru aux éditions Les Impressions nouvelles en 2015.
Et voilà que Nulle Part se met à rêver d'une histoire de la poésie liégeoise adoptant les mêmes principes cartographiques, aroborescents, synthétiques! Des amateurs ? Des amatrices ?
Pister au long cours des traces manuscrites laissées par le poète, à la poursuite des étapes de la mise au point finale du texte, chaut assez peu à la majorité des lecteurs, des lectrices de poésie finalement. Ce sont là des études pour very happy few, propres à certaines perspectives universitaires.
Il serait peut-être temps de tourner la page d’une forme de critique, assez peu littéraire quand on y réfléchit, qui consiste aussi à emprunter une terminologie en usage dans les sciences du vivant (génétique), non native aux mondes des littérateurs. Cette discipline des humanités classiques est non scientifique par essence, ce qui ne l'empêche évidemment pas d'être parfois fort rigoureuse, comme c'est le cas ici de façon incontestable.
Bien sûr, nous lui devons, à ce postfacier, l'extraction des AML de ce recueil, apparemment préparé par F. Jacqmin pour le déposer auprès d'un éditeur, avant que la mort ne le rattrape. De cela bien sûr, qu'il soit chaleureusement remercié.
4. Sémiotique selon le groupe μ
Un des intervenants dans la salle lors de la soirée que la Librairie Pax a récemment consacrée au poète et à son Manuel des agonisants fut Monsieur F. Édeline. Une fois rentré, j'ai (enfin, mi-février 2017 !) fait le rapprochement avec un des coauteurs de la somme intitulée Principia Semiotica: Aux sources du sens. Et dès lors le sens s'immisca dans mon corps/esprit si peu au fait des subtilités des recherches littéraires... J'avais en effet déjà lu avec beaucoup d'attention deux essais remarqués de sa plume:
- Dans le numéro 35 de la revue en ligne Textyles consacrée à F. Jacqmin (François Jacqmin ou le signe insignifiant), il nous avait présenté les Éléments de géométrie. J'avais à l'époque déjà été impressionné par son approche. Et Nulle Part s'est risqué à citer un extrait des Éléments, que vous trouveriez ici si le temps ne vous presse pas...
- À l'automne 2016, il est également intervenu en introduction d'un concert consacré à F. Jacqmin de façon subtile et éclairée. Je cherche encore dans La léonardienne (nom donné à la bibliothèque personnelle à laquelle Nulle Part puise ses plaisirs, en hommage au nom de ma mère qui aurait cent ans fin janvier 2017; c'est d'elle que je tiens ce penchant vital pour la lecture) la fine brochure qui accompagnait ce concert... Les livres ont une vie propre, j'en assume le vécu... et son imprécision !
Chaque fois que la plume de F. Édeline croise celle de F. Jacqmin, j'ai l'impression très nette d'y sentir une vibration, une lecture ressentie, en connaissance de cause puisque F. Jacqmin et lui se sont connus.
D'une tenue similaire, l'essai que Laurent Albarracin consacre en 2006 aux Éléments de géométrie offre une approche du fond philosophique de la poésie Jacqminienne bien intéressante également.
5. Tétras Lyre
Cette poésie de stature internationale a bénéficié du professionnalisme éditorial de l’excellente maison Le Tétras Lyre: elle a pris un soin particulier à peaufiner la présentation d’un texte qui tient droit par lui-même.
Dans deux ou trois générations, elle continuera à rééditer à bas bruit cet opus illustré de temps à autre par des dessins épurés de la main de l’auteur lui-même.
Il serait même de fort bon aloi qu'elle prenne un jour l'initiative d'assembler les oeuvres complètes de notre auteur, comme d'autres éditeurs l'ont fait pour Jacques Izoard, autre figure connue, d'une moindre ampleur cependant, sur la scène poétique liégeoise.
6. Quant au fond, n'est-ce pas...
En grand lecteur de philosophes, F. Jacqmin introduisait certains fondements philosophiques dans ses oeuvres, Ce poème, figurant à la page 54 du Manuel, en est une bonne illustration:
« On ne sut jamais ce que fut cette manière
de conscience
que nous prenions pour une des formes de l’être.
Sans doute fut-elle jetée en nous
comme un dé
afin qu’elle ne signifie rien de plus
qu’un coup du destin. »
6.1 La conscience est très justement mise en avant par F. Jacqmin, si j'en crois mes propres lectures philosophiques.
Me frappent ensuite deux autres termes, aussi surlignés de jaune. J'y reviens plus bas, dans les sections ultérieures..
F. Jacqmin démontre dans ce poème une maitrise certaine de concepts centraux en philosophie, dont il était un lecteur régulier. Voir l'article de F. Édeline dans Textyles (section 4).
Robert Misrahi consacre de belles pages essentielles pour mieux comprendre B. Spinoza, dont il est l'un des exégètes laïques majeurs à cheval sur le XXe et le XXIe siècle. La conscience est d'abord conscience de soi pour Spinoza (Éthique proposition III, 9): «... l'Esprit s'efforce de persévérer dans son être pour une durée indéfinie et il est conscient de son effort. »
La citation est extraite de 100 mots sur l'éthique de Spinoza (Robert Misrahi), au terme conscience. Sur Nulle Part, Les structures d'une conscience approfondit ce qu'il retient de l'oeuvrage solitaire de ce philosophe du XVIIe siècle qui reste déterministe, comme Descartes, mais s'en départit avec autorité et prudence.
S'approfondit par ailleurs cette strate majeure de la philosophie européenne, avec l'ample perspective que lui donne Robert Misrahi dans son explication/révélation de texte: elle l'a occupé longuement avant que lui-même ne s'attache à développer sa propre philosophie contemporaine, non déterministe, elle. Une philosophie qui se construit sous nos yeux à destination des jeunes générations, comme en atteste ce récent ouvrage confié à la maison d'édition Encre Marine, appartenant aux Belles Lettres, dont la librairie, Boulevard Raspail, est voisine de l'EHESS. Tout finit se relier dans la vie de Nulle Part...
En guise d'illustration, un graphe fait à main (mal) levée... des mots-clés figurant à la fin des pages que Robert Misrahi consacre à la conscience dans les 100 mots:
Quand une flèche est bijectionnelle, cela signifie que le terme conscience renvoie, par exemple, à idée qui lui rend la pareille dans l'ouvrage au concept exposé sous le terme "Idée". Par contre, conscience réfère à esprit qui ne lui renvoie pas la balle. L'idée de faire des graphes à partir du travail R. Misrahi vient évidemment de la fréquentation intense des cartes mentales dans mes cours de communication et d'anglais technique à des ingénieurs. Elles ont été "inventées" (brevetées....) par Tony Buzan. F. Moretti les a aussi utilisées (§3), en leur donnant ample portée.
Revenons à notre poète.
En son poème de la p. 54, il semble bien implicitement mu à l'intérieur de ce graphe, à l'exception notoire de la FÉLICITÉ (pour Spinoza, notre suprême félicité est notre béatitude, qui est le but que se propose d'atteindre l'Éthique au moyen de l'intuition- 100 mots 180 & 84), qui semble bien absente ici: en cause, le hasard déterministe qui place le corps du poète à la merci du sort aveugle (l'anonyme lanceur de dés, voir § 6.2) qui détermine dès lors un destin (§6.3) semblant promis à la tristesse davantage qu'à la joie, deux affects majeurs pour Spinoza.
Le poète jouit d'une forme de LIBERTÉ un peu contrainte en ses lectures philosophiques par deux TRISTESSES, deux AFFECTS finalement, que sont les dés et le destin (voir 5.2 et 5.3 plus bas). C'est grâce à cette LIBERTÉ qu'il exprime en sept vers une IDÉE précise de la CONNAISSANCE qu'il a acquise en son ESPRIT lors des nombreuses promenades accompagnées de son chien dans les environs de son havre plainevallois (Voir P. Goffaux).
« La béatitude est précisément cette FÉLICITÉ: elle est exactement définissable comme joie suprême, elle est bonheur (felicitas dans le texte spinoziste), c'est-à-dire LA LIBERTÉ et la joie suprême. C'est précisément ce bonheur et cette joie extrême qui n'ont pas à être définis arbitrairement comme expérience mystique. » (100 mots, 85) Robert Misrahi, quand il est à l'ouvrage ainsi, rend Spinoza limpide !
Cette absence de FÉLICITÉ semble offrir confirmation et meilleure raison d'être à une approche de type philosophique et/ou sémiotique, moins suspendue à un fil au-dessus du vide, inutilement stérile en son isolement conceptuel même.
L'approche liégeoise du recueil offert à notre lecture trouve dès lors en l'approche par graphes,
- similaire à/
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaacelle de P. Moretti assez brièvement exposée au §3 de cet essai.
- inspirée entre autres par
Le graphe brouillonné ci-dessus permet aux concepts évoqués par F. Jacqmin de se développer sous vos yeux au moyen d'un balisage très partiel mais plus visuel du spinozisme.
S'offre par la même occasion une mise en perspective davantage ÉVEILLÉE, peut-être même davantage pertinente. L'approche liégeoise en acquerrait du coup une petite forme de légitimité limitée qui trouve à se justifier par l'ampleur bien davantage universelle que prend la modélisation philosophique, qui est peut-être originale sur Nulle Part, ou bien alors si elle ne l'est pas, Nul ne le sait OU BIEN Nul ne sait encore si d'autres que lui ont modélisé de la sorte l'appareillage complet offert par le patient décodage du spinozisme auquel se livre R. Misrahi depuis si longtemps. Les concepts auxquels s'adossent les termes repris dans le graphe apparaissent p. 180 des 100 mots. Des chercheurs néerlandais autour de l'oeuvre de B. Spinoza ont également conçu des graphes, des cartes etc qui modélisent ses oeuvres.
6.2 Les dés évoquent le hasard. Depuis Einstein, et Prigogine/Stengers à sa suite, la science préfère la notion de contingence, qui est bien définie par Augustin Berque, EHESS:
« La contingence se situe entre le hasard et la nécessité. Pour la contingence, "Les choses pourraient toujours être autrement qu’elles ne sont, mais elles sont concrètement ce qu’elles sont en fonction d’une certaine histoire & d’un certain milieu, qui ont du sens pour & par un certain interprète" qui est un sujet individuel ou collectif. Pour définir le lien entre langue et pensée, pas de causalité mais de la contingence. Le terme provient se co-toucher (cum tangere). » in Poétique de la Terre, 207 & §32 150. Voir aussi La terminologie mésologique dynamique.
Jacques Monod publie au Seuil en 1970 Le hasard et la nécessité: Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne, 197p., un ouvrage dont le titre est resté célèbre. Quant au contenu... il est probablement un peu daté, disons, mais nul ne pensera à le lui reprocher. Cinquante-cinq ans plus tard, l'Homme a continué d'évoluer, notamment en se détachant de certaines de ses servitudes mentales, notamment religieuses. La laïcité est une force tranquille qui habille bien le XXIe siècle.
L'exergue nous apprend d'ailleurs que c'est Démocrite (460 - 370 avant notre ère) qui a écrit: "Tout ce qui existe dans l'univers est le fruit du hasard et de la nécessité". Une modernité décoiffante, non ? C'est, mutatis mutatis comme si nous mettions de côté les recherches de Galilée, G. Bruno et Copernic et CROYIONS toujours que la Terre est le centre de l'Univers... Euh... Rien à mettre à jour, là ?
Trinh Xuan Thuan, astrophysicien de langue française (Vietnam) formé aux États-Unis, notamment à Princeton, consacre des pages lumineuses dans son Petit dictionnaire amoureux du ciel et des étoiles (Pocket, 15940), 2014 pour cette édition de poche, réécriture partielle du Dictionnaire amoureux grand format datant, lui, de 2009.
Je suis surpris d'y découvrir six pages denses et claires (303-308) sous le titre: au hasard et à la nécessité. Elles permettent d'apercevoir que F. Jacqmin était un lecteur intense de philosophes appartenant à certains courants. Trinh Xuan Thuan aussi use du terme de contingence à laquelle il dit ne pas CROIRE de façon absolue - c'est lui qui emploie ce verbe, pas Nulle Part pour expliquer la causalité des évènements que la science constate.
Le passage semble démontrer assez nettement les résidus d'un déisme diffus qui règne encore trop souvent, même auprès de scientifiques accomplis & hors pair, auxquels l'auteur appartient évidemment.
(à suivre)
F. Jacqmin est en gros sur la même longueur d'ondes que ce scientifique de haut vol (poème cité au §5 de cet essai). C'est dire les nombreuses réflexions qui précèdent la mise sur papier des sept vers de sa main. On imagine bien que pareille perle ne sort pas toute taillée à la première tentative... sans pour autant éprouver la nécessité de comprendre le lent processus créatif du tailleur de mots, d'images.
6.3 Le dernier terme qui retiendra l'attention est le coup du destin. Y entendez-vous un (relativement) mauvais coup du destin ? Il me semble que oui, qu'il pourrait s'agir d'un mauvais sort fait à soi. Quand j'en aurai le loisir, je mènerai ici une analyse linguistique, au moyen du Robert historique du terme destin et de son dérivé destinée. Vous pouriez m'y précéder ! Je m'attacherai ensuite à préciser en quoi F. Jacqmin reste vraisemblablement en cela discrètement déterministe, et cela probablement à la suite de ses lectures philosophiques propres ainsi que de sa matrice personnelle. Une citation extraite du dictionnaire philosophique d'A. Comte-Sponville figure ci-dessous; elle concerne destin et destinée. Éclairant, comme à son habitude.
7. Je ne sais pas comment vous allez faire maintenant pour ne pas vous précipiter chez votre (bon) libraire favori afin de conserver jalousement votre exemplaire de ce Manuel sous la main... Bon, c'est votre problème, après tout ! Bonne lecture...
8. En une librairie paisible...
Cette section doit encore se concocter. Il s'agira de rendre compte d'un très fertile dialogue entre Karel Logist et Gérald Purnelle à la librairie Pax (Liège). Les amateurs de la poésie de F. Jacqmin sont reconnaissants à ces libraires d'avoir pris l'initiative de les inviter. Les informations que les deux intervenants ont livrées à nos attentions assemblées sont précieuses. À compléter.
9. Annexe
Le poème de la page 54 pourrait, en en modifiant quelques éléments, devenir natif à la philosophie qui anime Nulle Part. Mais le texte qui en résulte n'est évidemment plus poème !
« On ne sut jamais ce que fut cette manière |
On ne sut jamais ce que fut cette manière de conscience que nous prenions pour une des formes de l’être. Sans doute fut-elle posée en nous comme un don fait par l'énergie universelle, unie vers vers elle, afin qu’elle ne signifie rien de plus qu’une contingence heureuse faisant corps avec la matrice de soi. |
Se révèle ainsi la perspective philosophique propre à Nulle Part. Il va de soi que j'aime toujours autant la poésie de F. Jacqmin, même si j'ai appris à mieux lire ce qui dans son MANUEL DES AGONISANTS se distingue, à bon droit, d'autres fils philosophiques. Chacun sa route, chacun son chemin, n'est-ce pas. Celui du poète est précieux. Le mien m'anime.
Une deuxième mise en perspective philosophique d'une démarche poétique a été rédigée à propos de l'anthologie d'Y. Namur: Ce que j'ai peut-être fait. Elle est plus succincte que celle-ci.