1. Tu ne tueras point

Face au miroir, il boucle sa ceinture
Le regard vague, le sourcil ramassé
Ses pupilles sont déjà vides, rien ne bat
Sa poitrine est déjà creuse ; il referme
Les pans de sa chemise et s’en va
La rue, la foule, les étals du marché
En route vers sa terre promise et pense
Aux saintes et aux vierges qui l’attendent
Il caresse sa ceinture et du pouce
Dégoupille, clic, cinq secondes, cinquante morts

2. Tu ne commettras pas d’adultère

Elle fait semblant de dormir et attend
Il se glisse dans les draps doucement
Il lui sourit gentiment, ça la tue
Cette débauche de sentiments incongrus
Elle a senti son parfum, son malaise
Elle sait si bien cet ailleurs qui l’obsède
Cette autre qu’elle imagine en songe
Et qui ronge tout ce qui faisait d’elle
Une femme. Elle se tait, le laisse croire
A l’utopie de leur mariage.

3. Tu observeras un jour de repos par semaine

Le dimanche après la messe, il sortait
Boire un verre à la kermesse et restait
Tant que son verre était plein, il buvait
Quand la fête était finie, il rentrait
Puis, pour tromper son ennui, il battait
Sa femme quand la soupe n’était pas faite
Ses enfants parce que c’était lui le chef
Après les cris, les coups, il s’endormait
Le dimanche, c’était le jour du Seigneur.

4. Tu honoreras ton père et ta mère

Ils l’ont laissée sur la plage, elle attend
Ils sont partis y’a longtemps, ses enfants
Ils viendront la chercher demain peut-être
Ils viendront pour la fête des mères
Elle vacille sur la plage de draps blancs
Elle a donné pour eux toute sa vie
Elle a donné pour eux tout son argent
Ils n’ont plus besoin d’elle, ils ont tout pris
Elle mériterait un havre de repos
Plutôt qu’une décharge pour parents.


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