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Source: p. 350, Le Ciel, juin 2022, Société Astronomique de Liège.
Ce recueil est la continuation d'Écliptiques.
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Solstice d'été: mardi 21 6 22: dernier quartier de lune à 5h11;
la durée du jour (16h28) est à son maximum; dès le 24, le soleil se lève une minute plus tard un jour sur deux jusqu'au 30.
Fin juillet, la durée du jour aura diminué de 58'.
23 6 22
l'aire rance où nous errons
L'aire rance où nous errons
ne tourne pas rond.
S'éloigner de cet encerclement
tient d'une tangentielle intérieure
coupant le cercle imaginaire
où ce monde nous maintient:
Il nous revient, chacune, chacun
d'en calquer résolument la trajectoire
afin de libérer le mouvement
qui propulse de l'intérieur
la pulsion vitale
que chaque corps tend en soi,
telle la corde d'un arc:
devenons flèche traçant
une courbe vertueuse.
Un air épuré
y est davantage en libre accès
que dans le cercle vicieux précédent.
Se découvre après coup une connivence conceptuelle avec la définition de la vertu par Spinoza. Figure ici la traduction proposée par R. Misrahi suivi d'une note de clarification.
Eth. IV DÉFINITIONS Victor Eremita (le visagier) Éthique IV, définition VIII
vertu ≡ puissance
VIII – J’entends la même chose par vertu et par puissance; c’est-à-dire que (par la Prop. 7, Part. III), en tant qu’on la rapporte à [l’être humain], la vertu est l’essence ou la nature même de l’[être humain] en tant qu’il a le pouvoir d’accomplir des actions qui peuvent être comprises par les seules lois de sa nature (10).
[Note de clarification] (10) De même que la perfection est la réalité pleine et achevée d’une essence effective (comme chez Aristote, Éthique à Nicomaque, Liv. 1. VII et X) la vertu est la puissance interne d’exister, c’est-à-dire l’existence humaine comme autonomie effective, c’est-à-dire liberté. La vertu n’est pas le respect des normes ou du devoir (comme chez Platon ou Kant) mais la réalisation effective et véritable (c’est-à-dire authentique) de la puissance d’exister, c’est-à-dire du Conatus. Spinoza renvoie donc à bon droit à la Partie III de l’Éthique: c’est l’anthropologie qui fonde l’éthique, et pourtant celle-ci ne se réduit pas à un empirisme.
Vertu et perfection, chez Spinoza, ont un sens plein, mais c’est un tout autre sens que celui qui est reçu dans la tradition spiritualiste qui va de Platon à Kant.
Ainsi perfection et vertu se rejoignent-elles en ce qu’elles expriment toutes deux
• non pas l’ordre de la moralité,
• mais la plénitude et l’activité existentielles:
seules ces déterminations sont critères d’excellence éthique.
(Spinoza, “Éthique”, traduction et commentaires de Robert MISRAHI)
Première reformulation syntaxique
La liberté dont une existence humaine peut faire montre de manière authentique réalise
- effectivement | en fait
- véritablement | en vérité
- & pleinement | en plénitude
sa puissance interne d'exister
PAR
une activité manifestement adéquate
- en vertu, càd
- en puissance
- & en perfection.
Deuxième reformulation
La puissance et la perfection d'une activité humaine sont manifestement adéquates lorsqu'un corps réalise sa puissance interne d'exister de façon authentique en faisant montre avec retenue* de liberté intrinsèque.
Moduler la retenue reste à affiner. L'idée de l'y intégrer m'en a été suggérée par la lecture d'un entretien accordé par Peter Gluckman au trimestriel La Recherche (n°570, été 2022) où il s'exprimait sur un autre sujet, 6-12. Toutefois le conseil peut aussi valoir dans le contexte "vertueux" de la manifestation d'une liberté intrinsèque de la part d'un corps.
« En tant que scientifiques, nous devons être beaucoup moins arrogants » [avec les politiques, pandémie COVID19]: ils « ont semblé très irrités par les critiques émanant des scientifiques. » Il invite davantage de scientifiques « à posséder les compétences diplomatiques & interprétatives nécessaires pour faire le lien entre science et politique. »
* Bertaud (Dictionnaire de synonymes, mots de sens voisin & contraires) signale "la retenue" comme antonyme de "faire montre".
S'ériger liberté comporte une responsabilité: elle a trait à la formulation de sa puissance propre. Elle ne s'acclame - nul applaudissement ne l'accueille - ni ne se proclame. Elle réclame une attention aiguisée portée par la part vraie décelée en elle lors de cette observation attentive. Y détecter une inclinayion en favur d'une rigueur un peu rugueuse. Toutefois, comme rien ne peut certifier que
- cette rigueur soit, sur une graduation de 1 à 10, plus proche de dix que de un,
- qu'il est aisé d'en déterminer la validité car les moyens font défaut qui pointeraient avec certitude en direction d'un ensemble de caractéristiques qui composent le bouquet sur lequel repose cette rigueur.
D'où l'indispensable réserve ou encore retenue dont cette rigueur doit faire montre dans sa formulation pour rester dans des limites acceptables de la socialisation humaine.
Une rigueur assouplie de réserve diplomatique
C'est à tendre vers cette formulation qu'un geste scriptural peut continuer de s'affiner avant d'être capable de devenir oral (& donc intégré). Cela se produira lorsque le paradigme de l'intégration aura été plus complètement accompli à l'écrit: celui-ci bénéficie d'un temps d'avance par le simple constat de l'exercice patient de formulation de plus en plus adéquatement précise.
22 6 22
Tous surent, mais bien trop tard,
les déserts irrémédiables
aux chemins d'usure
que leurs pas frayaient
avec toujours davantage de peine
tant ils étaient encombrés
par des débris de toutes natures
que le lit asséché des fleuves
avaient accumulé sans qu'ils y
prissent garde. L'ostentatoire
leur avait passé comme
neige fond au soleil.
Leur survie, & elle seule,
importait dès à présent.
Après moi, les mouches quoi.
20 6 22
Cette érudition paisible,
de seconde main,
entrant en résonance
comme à bas bruit,
en s'exerçant sur de lisantes glanes
à en toujours mieux
cerner les contours
le long de la voie propre qu'elle poursuit.
D'avoir reçu & accepté intérieurerement
le don de solitude*
de la vie qui coule en soi
constitue la matière
de cette troisième partie,
l'entrée dans l'âge du retrait
sur le chemin emprunté.
Chaque jour en pavoise l'adéquation.
*A. Grothendieck, Résonances & semailles
D'enclines ferveurs
autonomes, posées là,
emplissent le corps
d'une félicité insigne.
La profondeur de champ
entre lui & la voie lactée
que délivre en apparence
un ciel sans nuages
est tout aussi masquante
qu'une couverture nuageuse continue.
D'avoir un jour compris cela
a délivré l'humeur intérieure
d'une dépendance
du nuancier tendu
de ce voile d'invisibilité.
Les ressources intérieures propres
contribuent largement à cette
stabilité humorale acquise.
Un plafond bas,
la grisaille même,
a beau faire grise mine,
l'humide prégnant,
comme en suspension,
l'humeur y décèle
une certaine blondeur de l'air
diffuse & solaire.
19 6 22
Accroître la pertinence
dans l'inframonde pleinement réalisé
définit presque la souplesse recherchée
d'un corps d'activités soupesées
dans l'indicible effleuré:
puissance germinative,
mi-native, mi-excellence en point de mire.
15 6 22
Un monocle imperméabilise l'oeil.
L'éclat, la brillance intrinsèque
du satellite terrestre
inonde le visage d'une blancheur
phara-lumineuse.
S'étage en soi
une luminance intacte.
Son inocuité attractive
étonne puis enchante.
L'éponge corporelle accompagne
une faveur étanche.
Cette fervente attirance-là
étanchéifie une gravité quantique
dont l'astronome Carlo Rovelli
a fait son expertise insigne.
Confronter une lecture
à tellement plus puissant que soi:
une humilité vécue
dépourvue d'humiliation.
14 6 22
vacations
Au carrefour confirmé
de chemins jardinés retracés,
l'escargot, corps progressant,
vaque.
Un corps humain s'installe en surplomb,
quelques instants suspendu,
où un rapprochement de deux corps a lieu:
l'un, genoux pliés,
les yeux au-dessus du vide,
observe le progrès de l'autre
dans un carrefour tracé.
Tension vers un ailleurs
que la vie propulse.
Magie de l'instant.
It makes my day.
L'érudisant menu
énonce une saveur, l'enjoint même,
comme s'il s'était toujours agi d'y tendre:
cet allant-vers, une bienveillance
faite au cheminant,
y tient la vie pleine.
Il y a ses vacations.
Qu'un cheminant s'érudise
en se frottant au bagage
assemblé par d'autres,
en y cueillant ça & là
de quoi étoffer
un peu mieux l'expérience
sensible au monde.
Un humanisme en soi.
Être enclin à un allant-vers,
y incliner par choix,
fait de cette vie-ci une plénitude
courtoise & intérieurement contente.
Accueillir en soi d'anciens écueils.
Les y avoir intégrés
dispense d'un en-soi mémoriel,
cette saudade ne parait pas
essentielle au mouvement.
Progresser, une avancée
induit un recul de l'ombre.
Les recoins y délivrent
une indéfinie présence
chevillée au corps.
S'assembler aubade
éloigne la saudade
à l'écart des rades.
S'y achemine un bagage:
son poids s'y épure.
Une intégration se profile.
Une prégnance intègre
s'y détecte, à l'écart des pavois.
8 6 22
Face tendue à la pluie
Est-ce
en s'égouttant
goutte à goutte
parmi les gouttes
qu'il est donné
de goûter
à la joie
intrinsèque
de faire corps
avec sa propre liquidité
en l'apprivoisant
au plus intime de soi ?
En coïncidant
avec l'élément-eau
sa supériorité sans partage,
passage longiligne uniforme
approprié au-delà
de toute démesure,
tel un calque posé
sur un dessin d'architecture imaginée
pour y filigraner
à main levée
l'enrobage
propice à
l'insistance,
pleine, entière, animale,
rénale presque,
emmenant sa progression
au travers du labyrinthe
tuyauté en soi
à coups de forceps
immatériels,
désossés de leur potentiel
de tortures imposées,
finalement destinés
à les désenrober,
nus,
terminalement,
à l'air libre
dont s'extrait l'air rance
en désintégration
indescriptible,
tel un processus
d'organicité complice
sans retour possible.
Est-ce ainsi que les humains
fondent leur naturalisation
se malaxant au creux de chaque
rupture, imposition si manuelle,
tellement humaine
à l'ultime contournement de soi.
Ainsi obvié,
l'inutile report
parait dérisoire.
La mue lente s'entame,
exsudat propice,
dérisoire & flamboyant.
6 6 22
Soudain, tout se fige
C'est en s'hébergeant intériorité que le soi est susceptible de rencontrer un contentement qui sourd en soiφ Ce ramassé-là, personne ne le compose aussi bien que le soi, en son fin fond, dans ces soutes inespéréesφ
Nos soubassements constitutifs d'une intériorité compositrice, sur une partition jamais vraiment écriteφ Nulle consignation n'atteint ce rendu improvisé-làφ L'insondable instant d'une note jaillie des tréfonds insoupçonnés d'une double contrebasse de jazzφ
Les multiples étançons d'une vibration tenue sont propices à l'épanché probablement salvateurφ De tant de festons sertis monte la rumeur humectée de rosée précoceφ La jacquerie amplifie son empriseφ La rumeur précise la teneur de moins en moins ténue de sa note si tenue qu'elle compose à même nos entrailles une même vibration fondamentale, une harmonique primitive susceptible d'assembler nos contingences, aux indépendances cependant trop encouragées, alors qu'elles devraient s'ouvrager convergences en un assemblage hétéroclite & appropriéφ
L'amplitude vibratoire est indélimitable, aux conséquences inimitables tant elles deviennent imprécisément jouissivesφ Leurs univers étriqués & foutraques, une cascade inutile, malfaisante, qui nous apparaitra telle lorsque nous seront en mesure d'apprécier le chemin parcouruφ
Tant d'allant versφ
Ils presteront sans contrepartie, un inédit !, jusqu'à la puissance irrédimable de l'envahissementφ
Chaque note tenue sert d'échappatoireφ Aucune rémission imaginable une fois sortie de leurs fondationsφ Elles peuvent devenir indélogeables du réel façonné par elles désormaisφ Elles contiennent l'implosion d'hyperbasses fréquences qui, déflagrations en puissance, se contentent d'en suggérer l'amorce dévastatriceφ
La suggestion suffit pour l'instant à les tenir en sujétion, soumise aux frayeurs qu'induisent ces instants pour un temps encore imaginaires, tonalités enroulées sur un même axe verticalitéφ
Nos inocuités indociles, os pubiens protubérants mis en jachères indivises façonnent un univers torrentueux aux déserts de sableφ
Cataractes d'appels Tambours africains, peaux tendues, portés à la ceinture en guise de seul cache-sexe, à même leurs hanches souplesφ
Cataractes relayées par ces timbales asiatiques aux notes si contrastées y déferlentφ
Tant de prestances indéfiniment approbatrices, abouchées aux sources vives des écoulements sans prévenancesφ
Soudain, tout se figeφ
5 6 22
une corporelle engeance
L'aplomb qui résulte certains jours
de cet éveil médité
est remarquable♦
Une tonalité solaire
s'y concocte en place♦
Une clameur rayonnante
tient en soi une déferlante:
elle irradie chaque parcelle intérieure♦
Le bien être s'installe
dès l'éveil médité,
un aplomb, corps à l'équilibre,
comme un ordonnancement
toujours fragile, y tient son rang♦
L'intense institue
le méditatif en soi,
une corporelle engeance♦
L'observation du paysage
évase au regard la force de
deux chemins verts centrés sur
le bouddha de lave attablé,
hôte bienveillant d'une verdeur incise♦
Il est de pleines gestations instantanées♦
Elles positionnent
une vibration
de haute tenue♦
L'y déployer vigilance,
la tension précise s'y observe, l'accomplit♦
Ce texte est né conclusion d'une méditation énergétique en prose.
4 6 22
ville tuméfiée/ville marchée/glanes enlivrées
Une dizaine de fois par an,
voire un peu plus,
la ville matinale accueille un corps
à la recherche d'aliments à lire
auxquels se lierφ
Libraires & bibliothécaires
sont ses premiers fourbisseurs
conceptuels & d'imaginairesφ
La ville tuméfiée
brade, aucune pensée divergente
en ces commerces attablant tant
d'invendus entassés à l'arrière
de leurs réserves encombrées
par de multiples flux délétèresφ
Dès dix heures s'exposent au soleil
des préparations alimentaires
ayant brisé depuis quelque temps déjà
leurs chaines du froidφ
Le seul bénéfice, vraiment ?
Le piétonnier étenduφ
De quoi ne pas donner
des envies aux politiques peureux
d'en pérenniser le domaine
pour éloigner les flots putassiers
de pollutions assassines
encrassant à petits feux
tant de poumons citadinsφ
La ville marchée
en sa livrée architecturée
s'y ramifie, explorante & versatileφ
Les glanes enlivrées,
diversifiées & cueillies,
ouvriront d'autres horizons encore
une fois le havre vert rejointφ
Sauver ce qui peut l'être,
encore & plus que jamaisφ
À sa mesure, contribuer,
dans le silence de cohérences perçues.
Rien d'autre ne nous est accessible,
de toute façonφ
Se rendre disponible
est le seul geste à poserφ
Poésie. L'auteur était aussi un nouvelliste d'avant-gardeφ |
Une réédition bienvenue, augmentée d'une très lumineuse introductionφ |
Un auteur allemand, ici traduit par un de ses spécialistes patentés, éclaire en quatre conférences (1954-1955) les rouages intimes de Spinoza en son siècleφ |
Malgré un questionnement peu éclairant, l'astronome-philosophe approfondit ses thèmes de prédilection, question de clarifier encore le proposφ C'est une reprise d'Apulée, la revue annuelle initiée par Hubert Haddad aux éditions Zulmaφ |
||
Un engagement sans faille contre le lobby des armes & des armées, au point de mettre un terme à sa carrière de mathématicien de haut vol à l'IHE lorsqu'il apprit que l'armée soutenait financièrement son institutionφ |
Un OVNI à la mise en page flashy. |
|
L'hôpital et sa déshumanisation vus de l'intérieurφ Une lecture habitée, magnétiqueφ Laisse l'indifférence hors de soiφ |
||
Un clic sur la couverture & vous atterririez sur le site de l'éditeurφ La majorité de ceux-ci sont de petits éditeurs indépendantsφ |
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Fourbir désarmé
Fourbir désarmé
un instrument fomenté patience,
livre en conversant
l'essentiel joyau,
ce détachement intérieurφ
Avoir choisi le retrait
en ce jardin happé,
geste épicurien
à en croire Philo Mag de juinφ
Protecteur, à tout le moinsφ
Y héberger l'essentiel,
en observer avec attention
la pulsion autonome naturelle.
Y converger résolumentφ
La substance y figure déjàφ
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Leurs armes enlarmeront
tant de leurs semblables
qu'elles endurciront
les plus tendres jusqu'à
les réensauvager à demeure
contre leurs frabricantsφ
Saisir le flux au visage
conjoint la transparence
à la densité des effluvesφ
D'irradiations
taiseuses parfumées,
en capter l'émergenceφ
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Ils sauront la joie
sans sevrage des matins
paisibles s'évasant sur
ce flan de colline, un sommet pressqueφ
L'ardeur de nos murmures
savoure l'état posé en soiφ
Les marges ont beau être ténues,
les manoeuvres n'en sont que plus amples
tant le content intérieur rayonne
sans partage au coeur conscientφ
Quant aux zones débordantes,
si vastes, leur humeur corporelle
est tellement unobstrusive
qu'elles semblent se façonner
en toute autonomie hors contrôle conscientφ