7 3 20
La lente entrée de la saison dans son printemps prend des atours de verdeurs discrètes, d'entousiasmes encore un peu secrets mais pourtant bien visibles quand l'oeil humain y porte une attention rapprochée.
Lire-solaire — juste au moment
d'écrire, un nuage voile d'ombre l'instant —
lire-solaire: une joie détache
la troisième dimension
de chaque
mot lu.
Nuit au sommeil retardé
dans l'élégante patience
de lectures décisives.
Il est évident que c'est ici,
au bureau de mon père,
dans la lumière puissante,
que le corps a su qu'il devait se trouver.
Il n'a trouvé le répit nocturne
qu'à l'instant du lâcher-prise:
Lire sur Alibaba suffit.
S'asseoir dans une salle obscurcie
n'est pas un enjeu.
Le corps s'impose, comme une évidence
face à la conscience,
sa part lige.
C'est à ce potentiel corporel
qu'il s'agit de se conformer.
De toute façon, toute résistance
voit se déployer
tant d'atermoiements
qu'elles sont devenues stériles.
6 3 20
La grisaille s'agrège
à ce matin matois
dans une lumière luxée
par ces couches compactes
au-dessus de nos horizons:
aucun héraut ne les hérisse.
L'éveil énergétique dégourdit
la nuit de ses anfractuosités;
deux mains expertes pétrissent d'huile
la peau qui sertit leur corps propre.
La pâte organique dont il est fait
s'en imprègne au-delà de l'entendement.
L'apport d'un tel exerçage matinal
de soi résulte en une forme
de plénitude fessue, adossée à
la matrice même d'organes
vivifiés par l'accomplissement
d'une sensualité aux aguets de soi.
Cette attention aux flux s'endosse
avec une continuité alimentée,
puis renforcée par les apports
de tant d'appeaux traversés
par ces bruissements que peuvent
produire les flux en leurs passages.
Le profit de soi s'incise sans façon
dans le réel immanent,
sans qu'il soit nécessaire d'y insister.
Même pas en rêve éveillé cela ne peut se
répandre avec une telle clairvoyance.
Il suffit de s'y ressaisir en mobilisant
les énergies par une attention soutenue
consacrée aux gestes qui s'accomplissent,
en amont de toute intention, & accompagnent
l'usage de soi davantage présent
à leur vigilance, telle que le consacre
L'art chinois de l'écriture, d'après J F Billeter, p. 184. (lien suivra)
La pluie dépose, pressée,
régulière, sans violence,
chaque goutte à même ces flaques qui reluisent
dans la lumière diffuse, toute à leur chute.
Cela suffit à animer le paysage proche
des yeux qui lâchent un instant la ligne de carnet,
comme s'ils s'y réfléchissaient
pour en réalimenter la progression finale.
Une fois le corps paré, il s'y faufile,
à son affairage auprès du jour de Vénus:
il tend son bouclier
& s'y retire, certitude.
29 02 20
Rawète, en wallon liégeois:
supplément gratuit, surcroît.
J. Haust, Dictionnaire liégeois, p. 531.
28 02 20
La souplesse corporelle
à l'éveil l'enduit
en s'étirant dans la clarté matinale.
Le corps pensé de soi
attendra le dégel annoncé
avant d'enfiler la ville
sur un corps faufilé
dans les interstices éblouis
par l'albedo matinale
sur cette fine couche neigeuse.
Le corps aspire la lumière,
tous bâtonnets disposés
au malaxage intérieur
de l'énergie qui y rayonne,
libre d'assister
à ce bref repas du rouge-gorge.
Coulée, l'effluve entonne
la vie incarnée
en un corps dispos.
Sa présence attentive au réel solaire
se délecte de la balade enjouée
sur le sol figé sous la pellicule immaculée
d'une inondation inlassable.
Chaque instant signale un détail neuf.
D'un étirement, le corps accrédite
la course allongée de la lumière blonde.
La verdeur du verger persévère, accrue.
La pellicule d'eau pénètre & nourrit
l'humus discret, invisible.
La table s'égoutte.
L'inexorable progresse.
Toute insistance nostalgique fléchirait
face à l'inéluctable.