Ven 21 06 24

Le solstice d'été a été atteint hier soir à 22h52, heure locale.

Sévère, la pluie sévit.
De ses entrechocs feuillés
nait une décence humide,
tel un apparat
où le silence s'installe:
oiseaux en retraites
tapies dans le mateléssé
d'une verdure rendue
luxuriante; rigueur pluviale.
L'air sombre, indifférent,
tel la corde raidie
par absence de pendaisons lingères.

Je 20 06 24

C'est à Nadine Azoulai dans La fille parfaite (P.O.L.) que je dois d'avoir eu l'attention attirée sur les fresques murales peintes par Giotto dans une chapelle de Padoue où l'un des vices, le désespoir, et la vertu qui lui fait face, la prudence, génèrent un désespoir prudent tout autant qu'une prudence désespérée. Rien n'arrime à si peu.

Me 19 06 24

L'arme à l'oeil
détrempe l'horreur
qui nous pend au nez.
Que l'acclame meure
sur un tempo de pluies en pleurs
au chevet du paysage
du pays pas si sage qu'aux
citoyens si peu humains
en leurs votes si bleutés,
à la manière noire.
Elles délavent les humeurs
en les teintant d'isolants
à la masse, chacun le sien.

Me 12 06 24

Je termine à l'instant Fille de fer d'Isabelle Grégoire (Québec). Le roman est paru en 2019; c'est dans l'édition publiée en 2024 aux éditions Le mot et le reste que je me suis plongé. La recommandation initiale d'un court compte-rendu dans l'édition électronique de Libération (France) a conduit le livre jusqu'à moi. Avec retard : les voies d'acheminement du livre imprimé sont si complexes quand la matérialité insiste.

Le grand nord canadien et les Innus, dont l'héroïne est issue par sa mère, qu'elle n'a pas connue, habite ce roman au rythme narratif différent des pratiques habituelles du 5e/6e arrondissement parisien. Une différence rafraichissante. L'intrigue met du temps à s'installer. Pourtant il n'a jamais été question que j'en décroche mon wagon de lecture de son train de marchandises transportant du minerai de fer à travers l'enneigement nocturne de l'hivernal presque qu'au nord du pôle.

Elle m'a aidé à affronter la sidération née au creux de la noirceur d'un lundi. (, date 10 06 24) Elle l'a dévisagée en m'entrainant dans l'univers désertique des champs enneigés berçant de leur blancheur nocturne les illusions éteintes d'un citoyen aux abois face aux cynismes surmultipliés de politiques à rebours des urgences planétaires et des centrifugeuses poussant les votes dans les contreforts compromis des droites les plus extrêmes.

Quel sursaut ? Quelles relevailles ?

La furtivité, un engrenage. Un supplice parfois. Une supplique au silence abyssal inentendu tant il est ténu. La discrétion que Pierre Zaoui s'est attaché à si bien décrire.

« Ecolo a enregistré son score le plus bas. Je ne vois pas dans quel scénario on ne respecterait pas le signal de l’électeur », a commenté Z. Khattabi, le soir 12 6 24.

Ce n'est pas “le signal de l'électeur” qu'il s'agit de respecter, comme le dit un peu rapidement cette réélue appartenant au parti Ecolo, mais le signal de toutes celles et de tous ceux qui ont détourné leurs votes de la liste écologiste.

Le raisonnement est dès lors faussé.

Et que font les partis de gauche dont le nombre d'élu·e·s a reculé au sortir des urnes (Belgique, 9 6 24) de celles et ceux qui ont voté pour eux ? Personne ne semble les prendre en compte. D'où le désarroi, l'atonie, le désespoir nés du sentiment d'abandon aux forces bleues très très nuit, voire nuisibles, désormais alliées en francophonie avec le dragueur des fonds marins de la société civile. [ (Couleur) de turquoise. D'un bleu pâle tirant légèrement sur le vert.] C'est à qui s'engagera le plus à fond. Au bout du chemin ? La désarticulation de vies livrées aux forces d'un climat déchainé, à celles du grand capital qui s'est toujours fichu comme de l'an quarante des petites gens. C'est en essayant d'articuler tant bien que mal un enchainement d'idées cohérent, de le charniérer avec une application qui détourne quelque peu du hagard retors dans lequel tout cela nous (dé)laisse que je pourrais consacrer du temps à macérer un possible chemin de conversion au sens philosophique où l'entendait Robert Misrahi dans son oeuvre.

Pendant ce temps-là, nous, les sans-grade, les non-militants (toute militance n'est-elle pas une limitance...), nous sommes impoliment prié·e·s d'aller soigner nos plaies béantes dans le silence secret de nos tanières.

Lu 10 06 24

Noirceur d'un lundi

L'espoir d'un meilleur

en posant un triple vote raisonné
s'affronte au désespoir
né de tant de  bulletins
si opposés à
ces suffrages collectifs
conséquents mais disparates.

La crainte en résulte
quand toute raison
de douter a été supprimée.
Tant de négations
des urgences, tant de voiles
occultant leurs regards
posés ailleurs que sur la planète.

Sa 1 6 24

Se poser sans prendre la pose: à l'abri des regards peu regardants sur la qualité de leur insistance.
Se reposer d'une semaine sans pause.
Int&grer en soi, mieux s'en nourrir:

  • la richesse des partages amicaux,
  • l'inédit des paysages advenus à l'ère primaire,
  • l'exceptionnel en contrepied du banal.

Se déposer sans pause, une urgence en somme.
Y trouver son compte en se retrouvant.
Tout en s'y retrouvant sans détour. Tour à tour: goutte plico ploc, trombe, précipité pollué.

La lecture insertive de La chronique de la Ligue des Droits Humains consacrée aux élections du 9 juin prochain et de l'excellent roman, booker prize 2023, de l'écrivain irlandais Paul Lynch, Prophet song, non (encore ?) traduit en français. Bien en néerlandais me révèle De Morgen de ce samedi à l'occasion de la publication des dix meilleures ventes par une librairie hasseltoise dont le libraire est interrogé. Titre: De zang van de profeet, que je trouve mal traduit. J'aurais préféré Profetisch zang. Je reviendrai plus longuement sur ce roman lorsque la lecture en aura été achevée, d'ici quelques jours, car il a adopté une tournure formelle qui lui fait rejoindre une excellence que seul Jacques Abeille est susceptible de dépasser dans mon panthéon littéraire personnel, toujours susceptible d'adjonctions donc.

Lu 20 05 24

L'appel constant du merle
attire l'oreille au-dehors.
Le corps suit, dûment vêtu
d'une couche filtrante.

Di 19 05 24

N'avoir, au grand jamais,
été un fonceur écervelé
façonne l'effleuré d'une trace.

Sa 18 05 24

Ce matin, une atmosphère de postapocalypse qui n'aurait pas eu lieu.
Plusieurs vallées ne peuvent pas en dire autant.
Une humidité à couper au couteau.
Les pellets au secours d'une chasse à l'humide
qui se mélasse dans l'air.

La verdure alentour resplendit
en diversités complémentaires.
L'un, d'une clarté qui éclabousse
dans la grisaille dégrisée
de son excès d'eau, soutient
la sombre verdeur qui règne
en avant-plan parmi
les branches basses du charme.
L'espace qu'il occupe
épanouit la vue.

Deux glanes cueillies
sur un attablement de libraires:
Un Bref Debraysien (1940), conseillé, surprend
par le temps parfois suspendu qu'il y accroche.

Fin de ce gallimardage. Ça ne mange pas de pain,
ces raccourcis sans caviardage.
Des perles, cà & là.
De lui, j'avalis lu Un éloge des frontières
au sortir d'une visite muséale parisienne
et sa librairie native. Un monument
conçu par un pouvoir colonisateur
au début des années (dix-neuf cent) trente.

& un sur
Le temps qui reste, un libelle au seuil
des nuances multiples que Patrick Boucheron (1965)
est parvenu à y distiller.

Au Collège de France, sa manière à lui de produire et transmettre du savoir « passe par la reprise d'une tradition ... ancienne d'inquiétude du discours » [et passe par] « cette loyauté indisciplinée qui amène à dire "je", un "je" de prévention davantage que de proclamation. » 13

L'auteur cherche « ce qu'il y a de friable dans l'inégale texture du temps, ses cassures et ses émiettements. » 14

D'un petit livre (17cm x 12), faire un acte mémorable (58p. de texte): la crise de l'imminence du danger, le soulèvement écologique (empruntée à Pauline Étienne, cette expression): « jusque là les appels constants au danger imminent n'ont été d'aucune conséquence. »

Assombrir la page,
l'exploit nuageux
densifie la nuit
d'avant-crépuscule.

Chaque feuille accuse le coup
que toute goutte lui inflige
en courbant l'échine.

Deux rencontres nourricières donc.

Ven 17 05 24

La sonorité pluviale
insiste, manifeste.
Le visuel traçant un chemin
vers le sol charpente de traits
le fond vert foncé tandis que
la terre semble toujours accueillir
le flux sans s'en offusquer.
Plasticité argileuse
Couverture vertueuse.

Le second rhodendron
se dresse bi-ton
abondé par cet attroupement floral
dont la vivacité tranche
sur cette grisaille herbeuse.

La complaisance végétale
qui l'accueille & l'intègre
inspire une paix intérieure bienvenue.

L'incertain se dissout en
un effiloché de brume
mal comprise par le paysage.

Jeu 16 05 24

Un allant vers sans réel élan
des relents d'un à l'envers conscient
donc maitrisé, suppurations suturées.

Presque.

Me 15 05 24

Atténuer la méfiance en soi,
l'encontre de soi compris,

promeut le paisible intérieur.
Interniser le paisible soyeux
autorise l'hypothèse novatrice
jamais vérifiée auparavant:
les automates SNCB créent
un billet pour une date future.
Cela parachève
la préparation concertée
d'une Welshitude.
Elle finira par fomenter
un enthousiasme pour le réel.

L'in-quiet tapi au fond du soi
ne remet pas l'individu en question
en tant que tel: il pacifie au contraire
son sens approchant l'inné
de l'anticipation réussie.

Le besoin crée le possible.

La ville se laisse assaillir
par une pluie qui, d'oublée
en oublie de se faire continue,
contenue parfois,
évènement-cielle.
La température, une clémence,
accueille le corps humide
avec une nonchalance
aiguisée sur un nappage de nuages.

La rive longée d'un Ravel
bruissant de la musique
propre au flux dérivant,
bonhomme, couleur vert bouteille.
Tant d'arbres arrimés aux rives
sirotent; certains, penchant
tronqué, genoux fléchis,
se mirent sans ostentation.
Sans pose ni pauses.
Comme une transe s'épouse.


Sa 04 05 24

Matin du jour consacré
aux micro-ondes fourrées:
le neuf se meut en pas-que.
Discussion fructueuse du vendeur:
Qui peut le plus peut le moins.
C'est rentable sur la durée
d'intégrer de neuves  gestuelles.
S'élargit ainsi la palette des plats cuisinables.
Amicale sollicitation
lors du placement de la moustiquaire.

L'albâtre, une pierre d'art,
est d'un carrosable agrément:
le garçonnet stylet en main,
va à Canova
comme sa tablette l'indique:
hommage au vénitien Antonio Canova,
1757-1824.

Ve 03 05 24

Sertir l'impasse en la basculant
en imposte ouverture inverse
rend du sinueux
au cheminement d'éveil.


Ma 30 04 24

Le corps se sertit à même l'amabilité dans lequel il est immergé. Se sentir un avec l'environ de soi en soi, après ce long tunnel frissonné, ce don sinistre d'un différentiel de température moins extrême, inférieur à un 15-17° disons, resplendit de l'accueil confiant qui immerge le corps dans l'air ambiant. C'est en détachant le corps équipé de ses us hivernaux qu'il se réapproprie la fluidité de l'instant, vannes ouvertes sur l'immédiat adéquat.

Di 28 04 24

L'oiseau échappe à l'assaut;
le chat, déconenu, hagard presque,
les yeux errant incrédules
le long de l'inaccessible corniche.
L'humain, sursauté par le bruit
qu'un corps, deux ?, ont fait
en bousculant la fenêtre.
Le pigeon, trop en vue
sur le plateau de la table,
n'y bagenaudera plus...
jusqu'à l'oubli du trauma !

27 04 24

Un article dans le n°26 de WILFRIED (pp 18-19) use d'un registre de langue largement inadéquat pour dénoncer des tortures subies par un détenu de la part de ses cinq autres co-détenus dans la même cellule. Ce registre qui va du très relâché au carrément vulgaire est contreproductif dans la non-dénonciation des gardiens...

Une plume inexperte dans le maniement déplacé d'une ironie. Quelle faute de goût d'avoir laissé passer cela en comité de rédaction. C'est presque immanquablement inexcusable. Une tache assurément. Un discrédit à porter au passif d'une démarche journalistique coopérative... Comme quoi ! Premières fraises à la fois petitement produites et antiquement jardinées.

26 04 24

Quant au corps, n'y point surseoir tout en l'exerçant avec moult prudence: cela lui évite tant il se peut l'estompement de sa libre entreprise à l'écart des multitudes, au large de l'alentour. Avec le proche, installer ensemble une relation de confiance. Façonner la patine d'une faconde discrète et patente constitue la possible essence d'une continuité intuitive. Tactile, cette complicité énergétique, une authenticité épisodique à la mesure d'une confiance qui s'établit sur des bases pérennes, sans prise de tête.

25 04 24

L'interchangeable banalité de cette rue citadine & commerçante n'incite presque plus à s'entremettre à visiter d'autres cités; elles demeureront désormais invisitées, tandis que le havre recèle d'autres charmes aux talents bien davantage pérennes. Leur absence au sein d'un palmarès inexistant n'est en rien criant tant l'appétit pour elles s'est dévergondé au-delà du réparable.


21 04 24

Je ne suis pas sûr que le désarroi dans lequel se trouvent placés

  • les personnels de BPost (services de distribution postale belge, notamment de la presse quotidienne et périodique)
  • et nous leurs client·e·s

par notre personnel politique - un "personnel" qui n'obéit plus depuis longtemps à nos intérêts mais à ceux du marché -

consiste sur le long terme à un choix aussi manichéen entre le tout papier & le tout numérique.

L'impéritie du personnel politique déstabilise de façon notable une chaine d'approvisionnement de la presse papier dans nos boites aux lettres en la bradant au privé qui doit soudain prendre en charge ce à quoi ils ne sont pas préparés... (et je ne suis pas sûr qu'au-delà du fric qui va atterrir dans leurs poches il leur importe vraiment que nous puissions LIRE ce nous l'entendons sur papier !)

Je vois davantage le numérique comme complémentaire du papier, comme par exemple ce qui advient avec LE CIEL (mensuel édité par la Société Astronomique de Liège), Le Matricule des Anges, etc. : parce que j'y suis abonné, j'ai accès à une première lecture rapide de la version numérique qui est d'abord disponible, suivie la semaine d'après par la version papier dans ma boite aux lettres ... quand les personnels de BPost ne sont pas en grève...

 

Et c'est ici que le serpent se mord la queue ! Ou bien je me trompe ?

En tout cas, lors des élections du 9 juin prochain, je serai attentif aux engagements des formations politiques francophones pour déterminer en partie mon vote au niveau fédéral.


18 04 24

Eaux stagnantes dans les creux / de terres lessivées: tant d'excès. / Ruissèlements tant discrets / captés à même l'air / par les oreilles pourvues. / Trente-cinq minutes / de marche postale puis forestière / pour se rendre compte / que le livre attendu n'était pas / celui qui a été livré: un doublon. / Humaine, l'erreur ? / Un duo probable. / Une imprécision ? / Une notation lacunaire ? / L'attendu suivra...

La fraicheur de l'air / bougeotte du corps / sueur stagnante épongée / Vivifiant, l'exercice.

17 04 24

Porter en soi une forme de regard distancié,
à l'empreinte empathique voire effleurée de sollicitude,
constitue peut-être bien l'essence implicite
d'un parcours personnel discret,
se tenant autant que faire se peut à l'écart de l'humilité,
cette
façade passionnelle aux contours bien dessinés par Spinoza.

Cet écart même, une gageure.

15 4 24

Ce chahut que fait au jardin
le vent nerveux chargé de gouttes rageuses
en rangs serrés la colonne
fait choir tant de graines
avides de dispersions plurielles.

Germinations mises en perspectives cavalières.

14 4 24

Sont-ce nos schèmes qu'il s'agit de détacher de nos désirs propres dans le but d'enfin faire affleurer nos désirs appropriés désalourdis d'antiques scléroses héritées ?

11 4 24

Cette lourdeur à être pleinement m'importune: la belle lumière ne suffit pas à faire surgir une énergie encorporée. C'est ainsi donc.

 

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