Collaboration dans la nature:
à deux, on est souvent plus forts.
Sans support, chacune soutient l'autre.
Symbiose par enlacement.
Quelle tendresse donc
ressentent-elles
à être si proches ?
ESSAI DÉFINITOIRE
Cette capacité à coopérer,
à co-croître de concert
dans une tension proche
du « the sky's the limit ! »
est un émerveillement pour l'observateur humain.
En l'absence de structure mécanique humaine,
elles co-croissent
en un enlacement coopératif
qui doit leur faire chaud
au coeur cellulaire d'elles !
Si vous cherchez encore une preuve que « le vivant est doué de subjectité - le fait d'avoir un soi - », la voici. (PT 147)
C'est un exemple presque idéal qui tend à rendre visible que chaque tige souple a un soi qui la pousse à coopérer avec sa voisine la plus proche, voire même avec plusieurs de ses voisines les plus proches, pour se rigidifier en co-suscitant leur poussée vers ailleurs (le haut-l'azimut, l'horizon aussi –quelques enfilages horizontaux). Cette coopération compense en quelque sorte l'absence propable de lignine dans leur tige.
Ce caractère est permanent: il s'observe chaque année à pareille époque et l'émerveillement semblait jusqu'à présent (2015) indépassable. C'était sans compter la mésologie berquienne. Pour la première fois, il me devient possible de définir avec quelque précision ce qui se déroule chaque année.
Les tiges pourraient choisir de ne pas coopérer, ce à quoi s'attendrait le mécanicisme de Descartes. Ce mécanicisme est un passéisme philosophique, une étape indispensable mais désormais dépassée historiquement & scientifiquement, dans le temps & dans l'espace.
Comment les Cartésiens purs et durs (il en demeure de très nombreux!) interprètent-ils ce phénomène indiscutable ? À moins de nier le réel !
Les tiges choisissent donc de coopérer à leur meilleur épanouissement (mais est-ce bien là leur objectif ?). Elles pourraient se contenter de ramper sur le sol mais elles se dressent: elles y trouvent donc un avantage. Elles cherchent au contraire à s'associer sans urgence à d'autres. Car diverses tensions vers la coopération s'observent également: il y a intention manifeste de se rencontrer même si la rencontre n'a pas encore eu lieu.
S'agit-il d'offrir à leurs fleurs à naître la meilleure exposition pour attirer au mieux l'attention des abeilles hébergées qui continuent leur va-et-vient accordé sur le temps long. Pourquoi « la subjectité – le fait d'avoir un soi – du règne végétal a-t-il inventé ce mode de relation à la lumière et à la gravité, alors que le minéral en est incapable » ? (PT 175) Le végétal « est devenu capable d'une telle invention, c'est en vertu de » l'histoire « dont procède sa subjectité justement. » (PT 175)
Ces tiges prennent donc collectivement la décision de coopérer, au moins deux à deux. Ce travail de réflexion mésologique sur le milieu proche qu'est ce havre est fascinant. Le vivant « interprète le donné environnemental pour en faire son milieu, spécifiquement adapté à son espèce, & aux termes duquel il s'adapte lui-même, créativement, dans un cercle vertueux de son propre monde. » (PT 177) Il y a « adéquation mutuelle entre le milieu » – ce jardin paresseux – « & l'espèce. » (PT 178)
A. Berque trouve à dire de façon percutante autre chose que la simple beauté de la nature.
PT = Poétique de la terre, A. Berque. La progression dans l'ouvrage philosophique est constante, régulière et livre ceci en ce dimanche solaire (7 6 15).