L'être contient le lieu.
En lisant l'article « Une folle histoire de symbiose » dans le magazine Imagine demain le monde (n° 111 - septembre-octobre 2015), je découvre sous la plume d'une guide nature, B. Vanopdenbosch, le concept d'endosymbiose. Il me semble qu'effectivement cette phrase, L'être contient le lieu, pourrait bien ressortir de ce type de phénomène découvert par la microbiologiste américaine Lynn Margulis.

L'être contient le lieu.
Je ne suis pas le lieu, il m'est impossible de m'exprimer à sa place. Je me sens (= j'ai la sensation d'être/je crois percevoir par les sens être) contenu/inclus dans, accepté par, intégré à, un étant partie prenante de ce lieu proche, ce jardin paresseux. Paradoxe de la sensation inversée par rapport au réel que représenterait la phrase du titre ?

L'impression est qu'il me contient, m'y accepte, m'y intègre.

Je suis partie prenante du lieu par mes interventions minimalistes.

En tout cas, sans lieu, pas d'être, methinks. L'essence a besoin d'un mi-lieu. Le lieu me semble désormais indispensable à l'essence intérieure, maintenant que j'ai pris pied sur le sol, ne suis plus trop/plus autant hors-sol, moins « décosmisé » (= privé de monde) comme dirait A. Berque.

Reprenons. L'être contient le lieu. Le lieu est [contenu] en/dans/à l'intérieur de l'être. Le soi est siège du lieu. Le soi tend un siège au lieu. Le soi comme siège du lieu. Loin de se contenter de contenir le lieu, le corps est fait de/composé de ce lieu.

Le lieu en est sa matière, pas unique, mais aussi fait de lui. Le lieu en est aussi sa matière non unique. Quoique. Au niveau cellulaire...

Ce lieu fait matrice au corps. Ce lieu est lieu de continuation du soi (non de renaissance), mais de perpétuation de soi, de régénération de soi. Le corps porte en soi empreinte du lieu.

Le lieu est en moi.
Il est juste au corps.

Il n'y est pas seul.
Il n'est pas unique non plus.
Ils font partie de ma matrice.

Ces lieux de vibrance*
laissent une empreinte profonde

au cœur des fibres de mon être.

Je souhaite à chacun d’avoir

choisi ses lieux.

Mais au fond, dans « L'être contient le lieu », de quel être nous parle-t-on ?

Et puis LE lieu, ce lieu que l'être contient, c'est quel lieu exactement ? Chaque être a ses propres références. Chaque être est unique comme l'est plus que probablement le lieu qu'il héberge. L'être contenant le lieu, pour unique qu'il soit (il n'existe pas deux êtres identiques**), devrait avoir suffisamment de points communs avec d'autres êtres pour se trouver assez de territoires en commun. Devrait... Culturellement, le référent lieu pour l'être devrait être saisissable par un autre être dont il est culturellement proche avec lequel il en parle. Car je ne suis pas sûr d'être équipé, comme européen du Nord, à entrer en résonance à des lieux propices à d'autres cultures que celle dans laquelle je baigne.


D'après Écoumène, d'Augustin Berque; je triture la première phrase sans du tout inférer que ce qui la suit soit correct; ce sont des triturations personnelles. A work in progress, en quelque sorte.
*   Le Trésor de la langue française déniche la première occurrence de ce mot en 1886 dans Les demoiselles de Goubert, sous les plumes conjointes de J. Moréas & P. Adam: En parlant de Henriette: « Délicieusement ses narines aspiraient des émanations de peaux humaines. À ses oreilles tintaient, comme des vibrances électriques, les tumultes. Dans sa robe de faille obscure le col haut ourlé de dentelle, ses cheveux clairs frisottés sur le front, les joues d'un rosé se dégradant, la pupille dansante sous les cils battants, la jeune fille offrait à cette heure toute la semblance d'un être prestigieux animé d'une vie factice. » (Merci à Gallica d'avoir conservé cet ouvrage.)
** Oui, bon, je sais: les jumeaux homozygotes. J'y avais pensé...


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