Un plan ?

Mais Frédéric Lordon, dans son blog sur le site du Monde diplopmatique intitulé La pompe à phynance, éclaire cet ouvrage entre autres d'une autre lumière à laquelle Nulle Part adhère sans réserve ! LE texte s'intitule Pleurnicher le vivant. Une mise en perspective essentielle ! Lire ce qui suit reflète donc une moindre prise de conscience des enjeux dénoncés par Frédéric Lordon dans sa note de blog. La retenue, voire la réticence s'était déjà manifestée dans la recension d'un autre ouvrage de l'autrice: Au bonheur des morts. Vous ne verrez pas (trop de) malice à ce que ce lien vous y renvoie...


Bon, ces oiseaux alors, ça ne mange pas de pain, mais. Une somme, en somme, Mais. L'oiseau & ses territoires (mais avant eux les moutons, les morts, & de bonnes questions à poser aux animaux aussi !) deviennent pré-texte à nous tenir en éveil

  • sur ce qui serait peut-être opportun que nous sachions,
  • sur ce qu'il serait peut-être bon que nous nous documentions en y réfléchissant plus avant.

Le résumé de l'ouvrage figurant sur Orbi (ULiège) est le suivant: «

[fr] Ornithologie ; Territoires des oiseaux ; pratiques scientifiques
[fr] Que pourrait vouloir dire « un territoire » pour un animal ? Ce livre raconte l’enquête auprès des ornithologues. Car, quand arrive le printemps, le comportement des oiseaux les impressionne au plus haut point : ils assistent à une métamorphose spectaculaire.
Les oiseaux s’isolent, chantent à gorge déployée, ne supportent plus la présence de leurs congénères et s’adonnent frénétiquement à toutes les extravagances de menaces et d’attaques si l’un de ceux-ci passe une ligne, invisible à nos yeux mais qui semble bien dessiner avec une précision remarquable une frontière.
Ce qui intéresse surtout Vinciane Despret, c’est d’observer la naissance et le développement de l’intérêt que leur portent les scientifiques. Où l’on voit alors que, plus on étudie les oiseaux, plus les choses se compliquent. Les théories s’affrontent et s’enrichissent. D’une espèce à l’autre, d’un groupe à l’autre, de nouvelles manières de faire territoire apparaissent, bien plus complexes que ce que les ornithologues pouvaient imaginer. Et si ce n’était que du spectacle, du bluff, des parades dont personne n’est vraiment dupe ? Et si l’agression n’était qu’un jeu, pour “faire semblant” ? Et si l’on prêtait attention au fait que les territoires sont toujours collés les uns aux autres ? Ne seraient-ils pas, alors, une façon pour les oiseaux de continuer à vivre ensemble en étant autrement organisés ?
Alouettes des champs, merles, bruants et bien d’autres encore, grâce à leur territoire, se feraient des voisins, apprendraient à chanter ensemble, pourraient même, parfois,s’allier pour attirer les femelles…
Chercheurs ; Professionnels du domaine ; Etudiants ; Grand public »

 


Chaque livre de cette philosophe des sciences liégeoise offre de multiples occasions de

  • peaufiner,
  • lisser, (oui un lissage jusqu'à l'inconvénient du rien...)
  • étoffer nos lectures.

Les réflexions qu'elle nous soumet nous embarquent chaque fois dans des recoins inédits. Les pistes qu'elles ouvrent sous nos pas de lectrice/lecteur sont alvéolaires, débusqueuses, pharamineuses, spiralées...

Habiter en oiseau, un exercice de décentrement du regard, une promenade guidée dans la littérature scientifique d'éthologues et autres observatrices/observateurs de l'avifaune, le tout mis en forme dans la structure polyphonique cadencée par l'autrice.

Approfondir, comme V. Despret le fait, les manières dont les oiseaux co-habitent leurs territoires initie son lectorat. Elle n'hésite pas au passage à "dézinguer" certains auteurs qui ont poussé le bouchon trop loin, jusqu'à provoquer son irritation (le mot est d'elle). Elle nous explique ensuite le pourquoi de cette démangeaison persistante, nous conte en détail ce qu'ils auraient pu/dû faire. Elle ne cherche jamais notre approbation. Elle se contente, & cela est bien suffisant, d'emporter notre adhésion en l'alimentant d'arguments probants,  propices à dénoncer ces "pratiques scientifiques", comme le propose le résumé ci-dessus. Michel Serres & Zygmunt Bauman en font les frais, parmi d'autres ! V. Despret avance sans masque, celui qui habille de bienveillance imméritée envers des "collègues" tant d'écrits universitaires déficients. L'entre-soi de ces pratiques n'est pas sa tasse de thé en tout cas ! Pourtant, elle ne "crache pas dans la soupe". Au contraire, elle nous explique par le menu les raisons de ses irritations. Elle éveille notre attention, titille notre vigilance à mieux prendre en compte des biais cognitifs dont elle démonte les mécanismes au fil des pages. C'est brillant, sourcé, accompagné.

Bien sûr, elle-même appartient à une sphère qui émerge bien à la lecture de sa bibliographie (voir plus bas).

Son oeuvrage, Habiter en oiseau aussi, nous offre une promenade très commentée dans la littérature scientifique. C'est cet appareil de commentaires très construit qui en fait le charme. Il initie, il déniaise; il n'est en effet pas exclu qu'en lisant ce livre ma lecture transforme mon regard, bref que je devienne moins niais ("dont la simplicité, l'inexpérience va jusqu'à la bêtise" sussurre Le Petit Robert, 2018).

Son écriture amplifie sous nos yeux les possibilités de nos lectures du réel, les plurialise en quelque sorte. L'autrice contribue à l'éducation de son lectorat, non du haut de quelque chaire universitaire, mais en étoffant notre attention, en l'équipant d'instruments plus précis, plus adéquats. Son style utilise des ressorts propices à faciliter notre entrée, notre séjour dans des mondes neufs sur tant de territoires pluriels.

Ce respect manifesté à notre encontre, elle nous traite en adultes responsables, l'autorise à se faire complice.

Lire Vinciane Despret, c'est se frotter à une écriture pertinente, certes décapante, parfois urticante pour d'autres, et en même temps respectueuse & complice.


Sa bibliographie figure sur le site de l'ULiège: voici le lien qui vous y conduit.

 

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