La défunte revue de poésie liégeoise avait publié dans sa 19e livraison (hiver 2008-2009) une suite de poèmes inédits de Jacques Izoard, datant de 2002. Comme toujours chez lui, concision frôle parfois silence incompris. Des hélicoïdales personnelles, à la manière de, plongeant leurs sources évidentes sous ce regard aux aguets:

 

 

Sélection personnelle. & appropriations multiples; incorporation à cet univers-ci, sans sa permission, malheureusement.

 

[Quelque temps] le corps … garde … trace
des mains posées, des étreintes
des doux flux et reflux [énergétiques]
qui [porosè]rent la peau.
Vit encore la tendresse.

Parce que lire au devant de soi
attablé, en observant
du coin de l’œil le mouvement
qu’imprime la main d’écriture
au Bouddha de bois,
oscillant au rythme
de la scripte
belle qui se dépose.

 (page 16)

[Se] connaître de l’intérieur des os
o[ù] les plus ténus des crissements
garde[nt] l’œil aux aguets
pour épier lumière et nuit
[et] se sentir vivant,
[corps-sommeil, corps-éveil].


[Envie] … manque [de] parcourir la Terre[.]
[La maison se] frotte aux cataractes, aux rocs
à tout ce qui respire & se meut !

[Le temps] fait de [ce] corps
continent suprême et sans fin.
   

 

Hélicoïdales

Corps-continent*, suprême et sans fin,
parcourt la Terre en évoquant la contrée
platonicienne, la chôra.
Que le corps devienne contrée en s’enracinant
dans un continent suprême & sans fin qui l’héberge
au milieu de cataractes, de rocs,
de tout ce qui se respire & se meut,
est plaisant.


* Ce corps-continent évoque des notions à la fois mésologiques & tantriques. J’y file… sous l’œil aux aguets du maître liégeois.


 Corps-continent est suprême:
énergie y circule,
presque à l’insu du soi parfois,
hélicoïdale sans fin;
suivre chakras, leurs
tourbillons soulevant rocs & cataractes
au milieu de tout ce qui se respire
& s’émeut en parcourant la Terre
sous toiture.

Corps-continent, suprême tendresse
circulant au cœur de canaux innés
au su de soi, à travers la Terre,
hélicoïdale suprême & sans fin

qui s’origine à chaque chakra,
voltigeant entre rocs
& cataractes, s’inspirant
d’émotions, suprême tendresse
du corps-continent flottant
sur la Terre parcourue,
expirant au cœur énergétique
de canaux en hélicoïdales suprêmes & sans fin,

dès l’origine de chaque chakra,
s’engouffrant, maîtrise,
entre rocs & cataractes
au rythme d’une respiration
sensuelle & émue.

Enfiler au cœur du
corps-contrée,
suprême & sans fin,
une mésologie tantrique
dépouillée de tout roc
religieux & de cataractes
de croyances dispensables; il suffit
de respirer & de se mouvoir
ne quittant l’abri que
pour se frotter
à la Terre des origines.

Le Temps fait du corps-contrée
un continent suprême & sans fin.

Le corps, cette contrée
suprême & sans fin,
prend le Temps
de devenir un continent
de cataractes, de rocs
parcourant la Terre
qui respire et se meut !


Nargué par:

Le t à « fait » m'a longtemps perturbé. Quel en est le sujet grammatical ?

Cela ne peut être le « tu » car cela aurait alors été: fais.

J'ai alors opté pour le premier sujet grammatical de la proposition principale de la strophe; il figure dans le premier vers: Temps.

Cela aurait pu être chambre, par élision d'un « Qui », technique fort pratiquée par J. Izoard. Mais cette absence pronominale, ce qui, a tort, ai-je tranché. Temps m'arrangeait mieux pour disposer les hélicoïdales. Sûrement !

Je n'ose imaginer que ces estimables éditeurs, universitaires pour la plupart, amoureux patents de la belle langue, aient là fait coquille...

Pas plus que Jacques Izoard, prof. de français dans le civil.

Bref, conjectures, conjectures...

Que disait le carton, que disaient les notes ? Qui sait ?

J'ai tranché poétiquement. Sans certitudes, évidemment.


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