L'ouvrage est paru sous nouvelle livrée en septembre 2020. Le premier tirage était sous couverture mauve. Elle figure plus bas dans cet essai. Les deux tirages sont identiques, à l'exception de la préface de Madame Poggi dans le dernier en date. La pagination est également identique.

La Kundalinî, l’énergie des profondeurs, Lilian Silburn (2003/2020), éd. Les deux océans.

Ce livre est au coeur d'une pratique qui m'est chère. Il est une balise ferme dans la forêt dense des mythologies indiennes. Lilian Silburn était une guide discrète & très avertie dans les textes du shivaïsme tantrique du Cachemire. Toute notre confiance repose en elle tant sa vie se confond avec les enseignements des textes, des tantra, qu'elle a étudiés & traduits toute sa vie.

 
Je suis conscient que ce « résumé »
est trop long pour une lecture à l'écran.
Il soutient un cheminement voisin.
La roue dentelée en haut à droite
vous permet d'en faire un pdf
ou de l'imprimer directement.


La quatrième de couverture résume bien le propos. « La kundalinî, cet axe dressé au centre même de la personne & de l’univers, est à l’origine de la puissancce de l’homme dont elle draine & épanouit les énergies. ... l’autrice s’est attachée ici, suivant en cela les maîtres des écoles non-dualistes du Shivaïsme du Cachemire, à mettre l’accent sur l’apaisement qu’elle confère.

L’autrice a réuni dans cet ouvrage des extraits relatifs à la kundalinî qui sont conformes à l’enseignement des écoles non dualistes Kaula, Trika & Krama afin de proposer une vue d’ensemble cohérente. Cette étude se présente donc sous la forme de traductions & d’explications de textes; elle s’inspire essentiellement de l’œuvre capitale du grand mystique cachemirien du Xe siècle. Abhinavagupta: le Trantrâloka (Lumière sur les Tantra) & de la glose qu’en fit Jayaratha. Un tel choix concerne les plus hautes initiations intérieures d’ordre mystique. Il est à noter que les textes choisis diffèrent des descriptions du Hathayoga & de nombreux Tantra Shivaïtes, bouddhistes ou visnouites habituellement exposés & mieux connus. »


Qui est Lilian Silburn (1908-1993) ? Longtemps, cette biographie succincte disponible sur le site de son éditeur a été la seule information accessible: « Élève de Sylvain Lévi, Louis Renou, Paul Masson-Oursel, etc., elle fit sa carrière au CNRS & fut à plusieurs reprises, chargée de mission en Inde & au Cachemire. Sa thèse de doctorat ès lettres, soutenue en 1948 est intitulée: Instant & Cause. Le discontinu dans la pensée philosophique de l'Inde, mène une enquête singulière & affinée sur un fonds d'une vaste ampleur: Veda, Brâhmana, Upanishads, bouddhisme…
Grâce à cette exploration, elle avait déjà découvert une branche peu connue de l'hindouisme, le shivaïsme non-dualiste du Cachemire, qui enseigne une métaphysique subtile, reposant sur une expérience spirituelle de toute intensité, & elle allait désormais en traduire & en commenter les œuvres majeures: dix ouvrages, comportant pour la plupart tout un ensemble de textes, parurent ainsi peu à peu dans les Publications de l'Institut de Civilisation Indienne au Collège de France. Il faut leur ajouter un livre sur La Kundalinî ou l'Énergie des profondeurs, paru aux éditions Les Deux Océans en 1983 (réimp. 1996 & 2003), qui devait être traduit en anglais. Ne signalant ici que l'essentiel, notons la direction d'ouvrages collectifs, l'un sur le bouddhisme – rééd.: Aux Sources du Bouddhisme, Fayard, 1997 –, les autres étant les volumes de la série Hermès, Recherches sur l'expérience spirituelle, dont L. Silburn accepta d'assumer la direction à la mort de Jacques Masui en 1975.
Ce fut aux éditions Les Deux Océans, une « Nouvelle série », qui comporte quatre gros numéros.
Le premier étant un ouvrage entièrement nouveau sur Les voies de la mystique, ou l'accès au Sans accès d'après le Shivaïsme du Cachemire, des auteurs chrétiens, soufis & un maître du Tch'an, avec un hommage à J. Masui, 1981, 1993; le second, la réédition d'un ancien numéro sur le vide, expérience spirituelle en Occident & en Orient, 1981, 1989; & chacun des deux autres, une reprise partielle de numéros anciens avec maints articles nouveaux:
N°3. Le Maître spirituel selon les grandes traditions & d'après des témoignages contemporains, 1983;
N°4. Tch'an. Zen. Racines & floraisons, 1985.
Si les ouvrages de L. Silburn publiés par l'ICI sont très érudits, ses contributions aux volumes d'Hermès, sans quitter la rigueur mais  en un langage moins technique, se révèlent plus accessibles, plus vivantes. & même, à la lecture de telle ou telle page, on peut deviner que c'est une  expérience mystique personnelle qui lui a permis d'élucider textes bouddhiques & textes shivaïtes ésotériques. »

Depuis septembre 2015, Madame Jacqueline Chambron a étoffé la biographie intellectuelle, énergétique et familiale de l'autrice. Voir par ailleurs sur nulle part, sous même rubrique.

En mars 2021, j'ai également découvert un ouvrage intitulé Aux sources du bouddhisme, pour le moment en lecture. L. Silburn en a dirigé la rédaction.


La table des matières de l'ouvrage (& de cet essai) se décompose en trois parties. L'apport considérable de l'ouvrage est de rendre accessible en français une série impressionnnante de textes rédigés en sanskrit. Comme toute tradition ancestrale, celle-ci est complexe.

Les notes sont présentées en respectant la table des matières.

PARTIES CHAPITRES STRUCTURE  PAGE
 INTRO  Le yoga de la
 kundalinî
 Rythme &
 vibration
- La danse de Siva
- Effervescence
& barattement de
l'énergie
- Retour au coeur
9
PREMIÈRE PARTIE
ÉVEIL & DÉPLOI-
EMENT
DE LA
KUNDALINÎ
 Le serpent des
 profondeurs
  29
  1 Triple émission
 de Siva
 - suprême
- intermédiaire
- inférieure
parakundalinî
33
  2 La kundalinî
lovée dans le
corps humain
- Centres et nadi
- Voie médiane,
roues & triangles
41
   3 Manières
d'épanouir la
voie médiane
 - Destruction de la
pensée dualisante
- Moyens associés
au souffle
- OM & prana
- Contemplation
des extrémités
- Rétraction &
épanouissement
de l'énergie
55
  4 Pratique du
bâton
  75
  5 Mouvements
de la kundalinî
- k suprême & k de
la conscience
- pranak.
- descendante
- ascendante
- voie lente &
progressive
- voies défec-
tueuses
83
  6 Réactions
variées du yogin
 - les 5 phases de la
vibration
- sextuple poussée
ascensionnelle du
souffle & ses félicités
91
  7 Kundalinî
cosmique
ou le sacrifice
intime
  101
 2e PARTIE
PERCÉE DES

CENTRES & ÉTAPES
DE L'ASCENSION
1 Vedhadiksa
Initiation par
pénétration
- oblation
- pénétration du guru
dans les souffle du
disciple
- Initiation par
percée des centres
-- à l'aide de formules
-- par résonance
mystique
-- par puissance virile
-- percée de l'énergie
-- percée du serpent
-- percée suprême
-- initiations extérieures
-- consacration
107
  2 Saktavijnana traduction et sens du
texte
127
  3 Amaraughasana les natha
analyse
planche
145
3e PARTIE
SENS PROFOND DE

LA PRATIQUE
ÉSOTÉRIQUE
1 - l'androgyne
- vie sexuelle
- effervescence &
ferveur
163
  2 Transfiguration - du corps
- de l'univers
169
  3 Mantras - de l'émanation
- de la résorption
177
  4 La voie
ésotérique
  183
  5 Sacrifice
ésotérique
  207
CONCLUSION     241

J'ai pris de nombreuses Notes de lecture en 2011. Quatre ans plus tard, en les relisant, j'ai décidé de vous les présenter sous une forme plus structurée en suivant l'ordre de présentation dans l'ouvrage.

Ce volume a une portée essentielle. Un parcours personnel, en rien comparable, s'y retrouve pourtant en filigrane. Je souligne ardemment en « nettoyant » tout ce qui est incompréhensible (mots sanskrits, références serrées pour hindouistes avertis d'un panthéon étendu de dieux - sauf Shiva et Shakti) pour ne retenir que les traductions en français proposées par cette spécialiste. C'est à ce prix que l'Inde peut éventuellement devenir abordable par un esprit occidental.
Aucune des phrases plus bas n’est de moi. Pourtant, je suis intervenu en sélectionnant ce qui évoque en moi un vécu. J'interviens aussi de cette manière: «  le dieu énergie » devient « l’énergie ». Toutes ces raisons expliquent l’absence de guillemets. J’ai aussi réécrit en simplifiant la syntaxe, en extrayant des idées enchâssées dans des raisonnements plus complexes.
C'est à ce prix que je me suis peu à peu familiarisé avec ces civilisations.
Le n° de page entame la ligne.

Je suis évidemment conscient de ce que la lecture de ces notes de lecture peut avoir de rébarbatif... Pourtant, l'oeuvre de Mme Silburn est riche d'enseignements, y compris sur soi. De toutes les références qui apparaîtront dans l'Inde au coeur, c'est probablement la plus difficile d'accès et la plus essentielle.


Introduction: Le yoga de la  kundalinî / Rythme &  vibration
10  L’énergie de la kundalinî se ressent avec intensité, ses effets sont remarquables. Elle reste pour l’intellect incompréhensible & inexprimable.
11  Être centré dans le cœur. L’éveil tient à l’évanouissement de l’activité mentale.
17  La puissance en actes anime toutes les ferveurs amoureuses, artistiques. L’éveil de la kundalinî = l’éveil de l’énergie cosmique latente en tout être humain. La kundalinî = énergie consciente à l’origine des deux courants qui régissent la vie: l’énergie vitale (prana) & l’efficience virile (virya) au sens large.
19  Shiva = l’essence unique de toute existence, est aussi le seigneur de la danse.
20  L’énergie kundalinî n’est que vibration, ondulation vibrante de l’émanation, vibration de plus en plus subtile de la résorption, vibration de haute fréquence. Les traditions de Cachemire font état de la vibration; elles en connaissent la puissance, les formes variées. Elles parlent de tremblement, du frémissement du poing serré qu’on ouvre brusquement, de la première onde d’une eau calme, d’un fourmillement.
21  Vibrations lumineuses / Fulguration de la conscience. La vibration va de pair avec l’ardeur & l’enthousiasme: cœur vibrant.
L’absence de vibration = inertie; le doute qui sape la vigueur & rend à la fois inefficient & dispersé.
Au centre du cœur = un éther vide sans dualité, identique à la vibration initiale.
22  Cœur, vibration, essor, ferveur & vague sont synonymes car la vibration réside dans la conscience comme une vague dans l’océan. Sans la vague de la prise de conscience, il n’y aurait qu’immobilité du cristal & non océan de conscience.
L’émission créatrice se produit lorsque l’énergie pleine d’une suprême béatitude est barattée. (« agiter, brasser »). Ce barattement apparaît comme l’aspect grossier de la vibration dès que Shiva se distingue de son énergie pour la contempler. Ce barattement est double:
-  mouvement de séparation de Shiva et de Shakti lors de l’émission,
-  mouvement de retour lors de la résorption.
Une cascade d’énergies qui évoluent à travers des espaces dynamiques.

Processus quintuple:

  1. l’infinité spatiale (partant de l’infini);
  2. elles passent par l’espace du cœur – centre d’irradiation;
  3. puis par l’espace subtil du firmament lumineux;
  4. par les orientations spatiales;
  5. pour aboutir à l’espace terrestre.

23 L’énergie qui émet l’univers se meut dans l’espace vide du cœur. Puis obscurcissant son essence de certitude indifférenciée, elle apparaît se mouvant dans les rayons lumineux de la connaissance: l’organe interne, l’intelligence, etc. qui sous l’effet d’une certitude de différenciation identifiant le soi aux choses différenciées. Quand elle obscurcit davantage sa véritable nature, l’énergie – d’abord certitude de non-différenciation-, évolue dans les directions spatiales que sont les organes sensoriels dirigés vers l’extérieur & aptes à percevoir le différencié. Enfin, obscurcissant complètement sa nature indifférenciée, elle revêt la forme de celle qui évolue sur terre & prend l’aspect de l’existence objective différenciée. 24  En barattant l’énergie, Shiva récupère l’énergie divisée, l’intériorisant selon une série de résorptions jusqu’à la vibration initiale du centre apaisé. Quand tous ces rythmes ont fondu dans le grand rythme de la conscience unie à l’énergie, l’identité de Shiva & de l’énergie est réalisée. L’éveil & l’attention de la très vibrante kundalinî consiste donc dans la réintégration progressive des différents niveaux qui se résorbent les uns dans les autres, un peu à la manière dont des poupées russes s’emboîtent l’une dans l’autre.

25  La kundalinî atteint la puissance totale encore indifférenciée qui confère à chacun de ces rythmes son efficience qui se ramène à l’équilibre des deux mouvements opposés. La pratique de la kundalinî consiste à découvrir le point de jonctions entre deux extrêmes et à s’y tenir fermement, au cœur d’une pulsation, mouvement rapide et subtil de part & d’autre d’une position d’équilibre sans laquelle il ne peut y avoir vibration.
26 L’expérience de la kundalinî = intérioriser en les  harmonisant toutes les énergies. Le passage d’une dualité à l’unité s’opère à travers le feu croissant de l’effervescence prise en son ébranlement mais sans rupture. L’effervescence: l’énergie barattée en entrant en effervescence remonte jusqu’au lieu de son ébranlement; le centre apaisé = comme Shiva et Shakti indissolublement liés, se séparent pour s’unir à nouveau.
Le serpent des  profondeurs 29
Tant que la kundalinî repose inerte en nous, lovée et endormie dans le corps, elle correspond à nos énergies inconscientes, obscures. Éveillées, ces mêmes énergies deviennent efficientes et confèrent une véritable puissance.
Le serpent, complètement dressé, ne représente plus aucun danger. Sa puissance maléfique devient bénéfique & est le plus précieux des biens.
30 La kundalinî apparaît comme un réservoir d’énergie  recouvrant son essence consciente, vivifie les tendances et les oriente vers l’universel.
32 Dans la percée du serpent, l’énergie effectue une fulgurante montée jusqu’au sommet du crâne et s’épanouit en félicité.


PREMIÈRE PARTIE: ÉVEIL & DÉPLOIEMENT DE LA KUNDALINÎ

Chapitre 1: Triple émission  de Siva
33  La kundalinî = supérieure, énergie subtile Elle se joint à Shiva en une friction unifiante dans une jouissance réciproque puis elle se dresse et revêt l’aspect des énergies  de la volonté, de la connaissance, de l’activité.
35  Chez l’homme, la friction des deux souffles inspiré & expiré à l’intérieur de la voie médiane ou encore dans l’union sexuelle.
36  1er mouvement avant l’émission effective, entre en effervescence gonflée comme une graine prête à germer. Pure énergie quiescente, assoupie, elle repose en elle-même sous forme de conscience. L’effervescence baigne dans une plénitude indivise en parfaite intériorité.
37  2e mouvement: la kundalinî du souffle de vie précède l’émanation. Elle est simple tendance à s’extérioriser, elle est une pointe tournée vers l’origine.
38  La conscience, prenant support sur l’énergie du souffle, descend du sommet du crâne vers l’ouverture inférieure à la base du tronc. Ce conduit est vide, il est le souffle du centre. Il correspond à la manifestation de l’énergie & à son retour à la source vitale.
39  Ce retour = un enrichissement.


Chapitre 2: La kundalinî lovée dans le corps humain
41 La kundalinî est lovée dans le corps. Les chakras = stations, = lotus dont les pétales varient en nombre, = roues, = centres vibratoires. On éprouve un vif tournoiement le long de l’axe central, les chakras = roues tournoyantes.
42 Chaque roue a 1 nombre défini de rayons. Rais (vx ou poétique, rayon de lumière) = symboles d’une énergie rayonnante, vibrante. = pétales + lettres + sons = formes = couleurs
7 ou 5 roues (5 selon le trika).
Entre chaque centre, trois largeurs de main. Les centres sont reliés par des courants subtils d’énergie vitale. Ces flux d’énergie sont au nombre de 72.000…
Trois centres principaux: le canal médian et deux flux de part et d’autre. Chez l’homme ordinaire, ces roues ne tournent ni ne vibrent, elles sont: 
*  d’inextricables enroulements;
* des nœuds qui nouent l’esprit à la matière, renforçant le sentiment du moi. Certains nœuds sont difficiles à dénouer: 1 et 6.
Leur ensemble forme les complexes inconscients tissés par l’illusion, le poids et la rigidité du passé opposant une vivre résistance  au passage de la force spirituelle.
43  La force extravagante de chaque nœud doit être déliée pour que l’énergie libérée par les centres soit assimilée par la kundalinî et recouvre son universalité


CHAKRA 1 LA RACINE (chakra = roue en sanskrit)
Le support radical, à la racine = jonction des principaux courants d’énergie, au bas du buste. Deux ouvertures qui ne peuvent fonctionner en même temps. Volonté, connaissance, activité
La vigueur spirituelle se perd au profit de la vie sexuelle car souffle et semen suivent un cours descendant.
Triangle dirigé vers le haut à la racine de l’organe sexuel laisse passage à la puissance virile qui pénètre le canal médian. L'illustration ne figure pas dans l'ouvrage mais m'a paru « parlante ».
AVANT L’ÉVEIL
C’est dans le centre radical que gît avant l’éveil  la lovée, inerte et inconsciente, semblable à une personne empoisonnée. Enroulée 3 fois ½ autour du point d’efficience qui  symbolise Shiva (bindu, le point) & essence de la virilité.
44 Avec sa tête, la lovée bloque l’entrée du canal médian. Son sommeil constitue la servitude de l’ignorant qu’il aveugle en lui faisant prendre son corps pour son véritable soi. Avant l’éveil, on la nomme énergie réceptacle car elle contient tous les éléments de l’univers. Bien qu’endormie, l’énergie réceptacle sert de support à la vie de l’homme et du monde, eux aussi somnolents.
À l’intérieur de ses replis, la kundalinî contient tout le poison destructeur de la vitalité des humains, lesquels dispersent leurs forces en activité sexuelle.  
LORS DE L’ÉVEIL
Lors de son éveil, dès que règne seule une pure énergie parfaitement concentrée, le poison se transforme en une puissance omnipénétrante ouvrant ainsi l’accès à l’universalité.  
CHAKRA 2 NOMBRIL
Centre d’échange, roue à 10 rayons avec 10 courants principaux, voies ascendantes dont la branche maitresse est le canal médian.
CHAKRA 3 COEUR
L’énergie devient très subtile. Aussitôt éveillé, ce centre transmet spontanément sa puissance  aux autres (agissant exclusivement sur lui, on évite beaucoup d’accidents & de difficultés associés à l’éveil de 1 et de 6.)
Bien que la kundalinî puisse s’éveiller à partir de n’importe quel centre puisqu’elle réside également en tous, c’est au cœur qu’elle s’ébranle de préférence car le brassage du souffle et leur fusion s’effectuent dans le cœur. Quand tout y est rassemblé, on jouit de la béatitude.
CHAKRA 4 LE CENTRE DE LA PURIFICATION
= base du cou ou l’arrière du fond de gorge.
CHAKRA 5 LE CENTRE SUBTIL = entre les sourcils, le 5e centre.
Le triangle se trouve au confluent de la triplicité
- le feu
- le soleil
- la lune
Le centre subtil (5) intersourcilier offre à l’énergie vitale un passage très difficile. Pour le franchir, il faut être maitre du samĀdhi (=absorption profonde indifférenciée) ET DE L’AIDE D’UN TRÈS BON GURU !  
46  Le 5e centre a pour effet d’épanouir l’énergie. Si, à ce moment, la pensée ne comporte plus de dualité, on devient omnipénétrant. On commence par remplir les centres d’énergie du souffle vital. Quand le 5e centre est plein d’énergie concentrée & que l’absorption profonde indifférenciée s’oppose à sa dispersion dans le monde extérieur, en contractant légèrement les sourcils & on projette l’énergie sur la digue étroite qui mène au sommet du crâne. Si on ne peut canaliser la force vitale puis la projeter vers le sommet de la tête, le souffle se disperse par les narines.
Les 5e & 6e centres sont toujours séparés chez l’ignorant, tandis que chez le yogin la force vitale étant sublimée franchit ce pont et parvient au milieu du front. De cet état procèdent une félicité diffuse et une chaleur intense.
47 Phases alternantes: absorption les yeux fermés, à l’expiration. les yeux ouverts à l’inspiration. Le monde se remplit d’une félicité accrue. On jouit de la marée de l’océan de la vie avec son  perpétuel flux et reflux d’émanations et de résorptions. Le sommet du crâne est à la fin de 12 largeurs de doigts à partir du 5e centre.  
48  C’est au sommet que resplendit le grand vide, siège de Shiva, pur de toute illusion et dans lequel le soi se trouve réalisé.
Les chakras = centres de force à toute la puissance se concentre d’abord, pour irradier ensuite.
49 Toutes les énergies = centre radical, convergent vers le nombril cœur et irradient les omoplates. Enfin se rassemblant au niveau de la gorge, elles montent des deux côtés de la tête pour converger au milieu des sourcils vers le sommet.
En général, chaque roue comporte:
☯  les énergies subtiles (parole, phonèmes ou lettres),
☯  les rais, résonances vibrantes qui rayonnent du centre périphérie,
☯  Centre, point sans extension, réside la voie médiane.
L’unification se poursuit point sans extension unique. Si une des énergies fait défaut, l’homme demeure lié car il n’est pas le maitre de ses énergies au complet.
3 énergies ou 3 canaux ou 3 souffles
Feu = sujet connaissant
Soleil = connaissance
Lune = objet connu
L’homme ordinaire ne vit que dans le tiraillement de deux canaux: connaissance et connu, ou dans celui des souffles inspiré et expiré. Dans le cours ordinaire du souffle, les deux triangles ne se rencontrent jamais. On peut néanmoins éprouver une jouissance subtile d’origine sexuelle quand le souffle descendant effleure le triangle du bas au centre inférieur.

Le point unique de coïncidence spontanée de Shiva et de son énergie se trouve au centre des deux triangles inversés et superposés.


55  Chapitre 3 Diverses manières d’épanouir la voie médiane
1.  Destruction des pensées à double pôle (dualité)
2.  Interruption du souffle
3.  Accès aux extrémités des courants
4.  La rétraction des énergies dans le soi
5.  Son épanouissement quand elle s’intègre à l’univers.
56
1/ Destruction de la pensée dualisante: la dualité mentale = alternatives et dilemmes. Cette voie détruisant la pensée dualisante est simple.
2/ moyens associés au souffle.
57  PRANA ne peut être traduit par un des termes suivants:
-  conscience,
-  vie,
-  énergie,
-  souffle,
-  inspiration et expiration
qui sont des concepts distincts.
PRANA= leur dénominateur commun.
Va de l’énergie consciente universelle à la vie du corps. Dès qu’il se fixe dans le mouvement inspiré-expiré, il devient inconscient ainsi que les organes intellectuels et sensoriels qui en dépendent.
58  Ces souffles se chargent d’énergie et s’élancent dans la voie médiane.
61  Certaines pratiques en vue d’exciter la kundalinî avec l’air et le feu. L’énergie subtile est endormie, lovée à la manière  d’un serpent. Elle contient le point sans dimension, Shiva qui réside en elle. Ce barattement, effectué à l’intérieur du corps de  l’énergie doit être fait d’un mouvement circulaire et continu jusqu’à des étincelles brillantes où se lèvent la kundalinî.
62  De la friction unitive du point sans dimension (Shiva) et de la kundalinî (Shakti) surgit l’énergie sonore.
La baratter dans un élan tournoyant, un tourbillon  sous la poussée d’un désir intense mais aveugle, sans représentation, sans sentiment, sans souci de résultat. Si doute, la kundalinî baisse. Allonger la respiration. La stimulation des roues suit le mouvement des souffles purifiés.
63  Réduire peu à peu le nombre de ses respirations en allongeant leur durée et quand le souffle devient très subtil apparaissent des sensations variées dans tous les centres. Lalla, poétesse: j’ai retenu d’une bride ferme le coursier de mes pensées.
L’illumination de soi dans le cœur = adoration de Shiva
65  3/ contemplation des extrémités
Atteindre l’indescriptible
70  Prise de conscience indifférenciée du Je.
4/ et 5/ rétraction et épanouissement de l’énergie
Rétraction de l’énergie dans le soi = intériorisation due à un soudain redéploiement de l’énergie qui, dans la vie ordinaire, s’échappe vers l’extérieur à travers les organes sensoriels.
= tortue effrayée qui contracte les membres et les rentre à l’intérieur de sa carapace.
70  Il existe deux types de rétractions:
1.  implique un certain effort pour drainer toutes les énergies apaisées – souffle, parole, pensée – et les faire converger en un seul point, le cœur, sans que les organes cessent d’opérer;
2.  peut se produire spontanément au cours de la vie quotidienne,

a.  soit que disparaisse soudain la pensée dualisante,
b.  soit que le souffle s’arrête sous l’effet d’une émotion violente= stupeur, surprise, fureur, amour intense, terreur… « Si l’on réussit à immobiliser l’intellect alors qu’on est sous l’emprise du désir, de la colère, de l’avidité, de l’égarement, de l’orgueil, de l’envie, la réalité de ces états subsiste seule.

===> une telle rétraction  de l’énergie = feu car elle consume la dualité.
71  La rétraction et l’épanouissement: une pratique à deux niveaux:

1.  première fois expansion et repos de la kundalinî inférieure, lovée au centre du radical = intensification de l’énergie pour qu’elle soit ressentie à la racine. Grand effort pour vivifier l’énergie du souffle et mener à bien la pénétration.
2.  deuxième fois: contracter et épanouir l’énergie supérieure et ascendante = expansion et repos de l’énergie qui se dresse et s’élève progressivement dès que l’énergie subtile a provoqué la rupture du centre intersourcilier. = flux de souffle qui fait vibrer les narines.
Toutes les méthodes (il y en a d’autres) = éveiller les roues. Origine = vibration.


75  Chapitre 4 la pratique du bâton
Le mantra du cœur, le je suprême n’est pas une formule à réciter mais une énergie à mettre en œuvre pour la compréhension efficiente pour remonter à la source, le cœur universel et sa pulsation.
77  La pratique du bâton des souffles convient à l’homme qui chemine dans la voie de l’individu ou de l’activité. En quelques instants, la kundalinî faite de souffle devient aussi rigide qu’un bâton.
« Quand vous frappez un serpent à coups de bâton, il se dresse aussi raide qu’un bâton. C’est ainsi que vous devez voir la kundalinî lorsque le guru l’éveille. »
78  Pour élever le souffle vital en évitant, au moment de respirer, tout mouvement ondulant, le yogin se détourne de ce qui est interne et externe et met fin au parcours oblique du souffle; en bloquant la respiration, il fait l’alterner rapidement rétractions et expansion à l’aide des muscles de l’anus. Quand la kundalinî au point de rencontre des 3 conduits subtils, le yogin jouit des énergies de volonté, connaissance et d’activité se faisant équilibre.
Domaine plein de félicité.
= ébranlement de la prise de conscience de soi.
Ce domaine de la félicité n’est pas sans rapport avec l’expérience sexuelle car les organes se contractent et s’épanchent menant à  une union intime = coïncidence entre Shiva et l’énergie. De là viennent la béatitude et la conscience suprêmes.
79 Au moment de passer de la conscience de soi à la conscience universelle, la pure énergie alors atteinte ne fait plus partie des centres, car le yogin transcende le corps.
Trois niveaux de l’énergie:

☯  Dressée,
☯  apaisée,
☯  parfaitement apaisée

En possession de cette énergie, le yogin pénètre la conscience universelle grâce à la kundalinî qui, sa montée achevée, se révèle comme immanente à l’univers. À cette étape, tout est immobile, le temps ne compte plus car une telle énergie est bien au delà de l'espace-temps.
Le « flot de félicité » ou émission des deux mouvements inhérents à l’harmonie entre les trois énergies du trident; il contient les mouvements de rétraction et d’expansion en leur totalité et en leur simultanéité. Sans faire le moindre effort, le yogin éprouve alors à l’intérieur comme à l’extérieur la rétraction et l’épanouissement de l’énergie. Cette émission se trouve embellie dans le royaume de la kundalinî dressée lorsque le réceptacle de la vibration vibre en même temps que l’univers qu’il renferme.
Rétraction et extension se succèdent spontanément;  intérieur et extérieur vibrent de concert au cours de toutes les activités de sorte que les deux points n’en forment plus qu’un grâce au point sans dimension (symbole de Shiva) qui les a pressurés et unifiés. Quand ce mouvement spontané d’alternance est définitivement établi, le yogin peut sortir du samĀdhi et y entrer en un instant.
Les deux illustrations figurent dans l'ouvrage 81-82

Les termes que j'évite dans le texte y figurent évidemment...


83  Chapitre 5: Mouvements de la kundalinî relatifs à la pratique d’un yogin
La suprême kundalinî étant le cœur même de Shiva, ne peut être éprouvée et
reste donc inconnue.
Le yogin dans le kundalinî de la conscience n’a plus aucun désir mondain:
fulgurante, son énergie descend jusqu’au support radical. Le yogin alors exprime l’attitude de profond étonnement, bouche entrouverte et yeux écarquillés. Les roues, traversées rapidement, ne vibrent pas. Bien que le yogin éprouve une très grande félicité et soit désormais à l’abri de toute rechute dans le samsara (ensemble de ce qui circule). Il ne jouit pas de la félicité propre à chaque centre.
La kundalinî devient aussi puissante qu’un tronc d’arbre.
84-85 Sans qu’aucune pratique ne soit requise, pas même celle dite du bâton. Seule suffit une parfaite vigilance. L’énergie autonome ayant atteint le sommet du crâne prend ses assises dans la conscience universelle et irradie une félicité sans borne dans la personne entière. Cette montée directe n’appartient qu’à un yogin très avancé. L’énergie du souffle s’élève spontanément, en traversant progressivement les divers centres. Deux phases:
☯  Kundalinî inférieure

  • descente de l’énergie à partir de la luette jusqu’au support radical
  • rétraction ou intériorisation de l’énergie
  • transition entre l’objet connu et la connaissance
  • concerne l’énergie au niveau de la respiration et au niveau du sexe

85  Énergie inférieure Le souffle n’entre ni ne sort pendant ½ minute, puis une partie du souffle sort par les narines et une autre se fore un passage vers la voie médiane où elle s’engouffre pour descendre tout droit jusqu’à la base sans éveiller ni faire vibrer les centres.

La kundalinî est inférieure
☯  par la direction de son parcours,
☯  par le rang qu’elle occupe parmi les diverses formes de kundalinî.
Très apaisés au début, ces deux souffles fusionnent en un souffle égal point central d’unification des énergies. (86)  L’énergie devient souffle vertical qui s’élève après avoir digéré le poison, autrement dit, l’énergie grossière.

Kundalinî dressée, ascendante

  • montée de l’énergie à travers le canal médian qu’elle dilate;
  • épanouissement de l’énergie, à l’omnipénétration  et à l’absorption-yeux-ouverts;
  • remplit le corps entier s’élance à partir du vide de transition entre connaissance et sujet connaissant;
  • propre à l’énergie cognitive, elle n'est plus prisonnière des notions, devient disponible, et dans le cœur ouvert, s’élève spontanément jusqu’au sommet.

Énergie ascendante 85
Le souffle dévore toute dualité. Lors de son ascension de roue en roue, il s’épure à mesure qu’il s’approche du centre supérieur où il transforme en  énergie diffuse et omnipénétrante. Le mouvement ascendant de l’activité du souffle vital fait fondre la dualité comme fond le beurre congelé et engendre un état d’unité. Telle est la fonction du souffle vertical chez les sujets qui ont surmonté l’illusion.
Voie lente et progressive
Il faut délier les nœuds que constituent les centres bloqués. Au cours de cette montée à travers la voie du centre qui dure  (87)  ½ h environ, chacune des roues s’éveille l’une après l’autre et se met à vibrer. Cette vibration est comparable à un fourmillement et une résonance intérieure. Le suprême bonheur se propage. L’énergie vitale se dresse toute droite et raide. Le support radical s’étant mis à vibrer, l’énergie au bout de quelques minutes atteint la roue du nombril; celle-ci vibre à son tour, les deux chakras tourbillonnant ensemble. Puis la roue du cœur se meut avec les autres et la roue de la gorge tournoie à même vitesse que les précédentes, le tout entrainant un grand dégagement de chaleur. C’est entre les sourcils que le mouvement de la kundalinî se termine. En énergie consciente, on jouit de la plus éminente des béatitudes. La félicité propre à la non-dualité inonde la personne tout entière.
88  L’énergie du souffle est en effet doublement sinueuse; elle suit un cours oblique, le souffle nasal circule donc courbé. Mais dans le véritable espace, il n’y a que verticalité. Shiva se présente à la fois comme vie universelle et conscience absolue.
89  La pratique consiste à s’imaginer que les rayons lumineux se résorbent au centre de chaque roue et pénètrent dans l’axe vertical jusqu’à ce qu’ils se perdent dans la lumière consciente. Le flux intérieur fulgure comme un éclair. Il faut  alors méditer sur l’énergie vitale qui jaillit jusqu’au sommet du crâne, allant de centre en centre, de proche en proche, tant qu’à la fin le grand éveil se produit.
Voies incomplètes ou défectueuses
90  Toute montée même partielle est source de plaisir et de puissance. Tout mouvement qui traverse les centres de haut en bas engendre dépression, fatigue ou dégout.  


91  Chapitre 6: Réactions variées du yogin
Description des signes qui caractérisent les différentes étapes de la kundalinî. Les cinq phases de la vibration ou les signes du chemin:

Phases de la vibration
ou signes du chemin
Associée au
1.  félicité  triangle inférieur
2.  saut bulbe
3.  tremblement cœur
4.  sommeil mystique à la voûte du palais
5.  oscillation /
vibrant tournoiement
sommet du crâne


92  Quand elle remplit le corps entier, la félicité est totale, mais tant qu’elle se limite à un centre, la voie n’est pas libre et certains phénomènes se produisent. Le yogin supporte difficilement les vibrations qu’elle engendre, et chacun des centres réagit à sa manière.

1. Ananda = félicité (Quand vous rencontrez une occidentale portant ce « prénom » - le web en regorge ! environ 2.769.640 résultats en 0,11 secondes (pfft) - vous saurez l'affect qu'elle promène... Rem JM- recherche 2011; fin 2015, 24.800.000 en 0,42 seconde: presque dix fois plus de résultats en 4 ans ! Ananda est commercialement porteur...)
Si le contact affecte le triangle dit « bouche de la yogini », une impression de félicité surgit chez un yogin qui ne réussit pas, en dépit du désir qu’il en a, à pénétrer dans la voie de la suprême réalité. Il a déjà découvert l’intériorité de soi. Cette félicité ne doit pas être confondue avec la félicité de la kundalinî. Il n’y a qu’un état paisible, une prise de conscience émerveillée de soi, exempte de pensée dualisante.
93  2. Saut ou bond Le bulbe est situé légèrement au-dessus du centre inférieur. Il se produit une certaine excitation et le yogin effectue un bond. Le temps d’un instant, il brise ses liens corporels et oublie son corps, son moi. Ce bond est dû aux vibrations qui commencent à se répandre dans tout le corps. Un yogin imparfaitement intériorisé ne s’identifie pas totalement à son énergie. Il sursaute. L’énergie est acculée à descendre ou quand elle commence une ascension en dents de scie. S’il y a plongée ininterrompue dans la réalité, par sauts vifs et répétés, la kundalinî est parvenue au cœur; un tremblement violent apparait.
3. Tremblement
L’impression erronée de l’identité au corps le devient encore plus au cours de ce tremblement. Mais s’il n’a pas rejeté entièrement la croyance à son identité, Il se met à trembler à l’image de la poussière qui frémit à la surface de l’eau tant qu’elle ne se mélange pas intimement à elle.
94  Le yogin bien intériorisé détend les liens qui l’enchainaient au corps, à la pensée et au moi, à mesure qu'il perd ses impressions erronées.
4. Sommeil spirituel
Quand la kundalinî atteint la voute du palais, il éprouve une sorte d’assoupissement. Le corps, la volonté et la connaissance ordinaires sont engourdis mais le cœur veille.
Le yogin ne dort ni ne rêve, il se tient dans un vide particulier. Son expérience mystique est profonde mais il n’en a pas clairement conscience car sa pensée ne fonctionne pas.
95  5. Vibrant tournoiement
Un tournoiement mystique, mouvement vibrant en tous sens, si vif qu’il dépasse l’imagination. Le yogin dont les roues ont été traversées l’une après l’autre obtient « de vive force » souveraineté sur chacune d’elles, et son corps, sous l’emprise de la connaissance, devient apte à accomplir ce qu’il désire. Auparavant chaque roue avait sa propre félicité et le yogin n’en était pas maître. Mais à l’étape du vibrant tournoiement, son énergie étant devenue omnipénétrante, il est partout à la fois et ce qu’il éprouve d’indicible,  il est partout à la fois ce qu’il éprouve d’indicible en une roue est ressenti maintenant en n’importe quelle autre. Il s’agit du seigneur des roues. Ou qu’il aille, tous les chakras bourdonnent autour de lui comme un essaim autour de sa reine.


95-96  Les sept félicités qui accompagnent cette transformation
1. le souffle commence par s’intérioriser à la jonction de deux états crépusculaires et la pensée cesse. Quand on est encore assoupi, les souffles inspiré et expiré se reposent dans le cœur et le yogin éprouve une première félicité personnelle. La félicité devenue intime s’atteint en arrêtant le souffle complètement, ce qui instaure le vide de toute objectivité.
2. il faut prendre son repos dans le cœur sans le désirer, sans rien attendre, sans rien imaginer à la jonction des souffles inspiré et expiré.
3. Après être sorti, le souffle n’a plus rien de commun avec le souffle et rentre à nouveau en tournant sans arrêt (bâillements, larmes d’amour peuvent alors se produire spontanément). Quand il s’immobilise, les poumons étaient remplis d’air, on éprouve la félicité du souffle inspiré dite suprême. Extraite du monde, elle est due à la fusion de tous les impressions subjectives et objectives qui, intégrées au Soi, vibrent à l’infini. Et le yogin, jouissant de l’essence du Soi et sans aucun désir, se trouve au seuil du quatrième état.
4. Dans la voie médiane, quand les deux souffles se font équilibre en souffle égal ou souffle fusionnel, le monde apparaît au yogin comme plongé dans un état d’égalité: toutes les forces y sont bien apaisées et harmonieuses. Le souffle suspendu, le yogin prend à nouveau son repos en lui-même, dans son cœur et il s’identifie à la félicité dite du brahman. Les limites de la connaissance et du connu s’engloutissent et le souffle descend à travers le canal médian jusqu’au centre radical. À partir de ce moment, seule règne la spontanéité. Si l’on imagine ce qui se produira ensuite, on ne dépassera pas cette félicité. Amour et dévotion accrus offrent la possibilité de franchir cette étape ou effort, concentration de la pensée, récitation de mantra se révèlent totalement inutiles.
5. le souffle pénètre alors rapidement dans le centre inférieur et n’est plus qu’élan: c’est le souffle vertical qui s’élève à l’intérieur de la voie médiane (le canal central) en dévorant toute la dualité: sujet et objet, inspiration et expiration. Le yogin s’apaise dans l’immense flamme de la kundalinî éprouve la grande félicité, paix du pur sujet où limites et contingences n’ont plus cours.
6. lorsqu’il repose de façon permanente dans cette félicité, après l'élan du feu de la kundalinî le souffle diffus surgit. Nulle pratique ne conduit à cette conscience éternellement présente.
7. Quand le souffle sort à nouveau en sa glorieuse puissance et s’intègre à la libre énergie qui remplit l’univers. Le yogin a acquis la respiration du libéré vivant et éprouve la félicité universelle. Le cœur immensifié du yogi se répand dans l’univers.


101  Chapitre 7: Kundalinî ou le sacrifice intime
L’éveil de la kundalinî (l’énergie lovée) est associé à l’apparition des catégories de l’univers: le corps individuel ne diffère pas essentiellement du corps universel. Point n’est besoin de sortir du corps pour découvrir les éléments de l’univers, il suffit de planter le pilier de la connaissance (euh?) au centre même de toutes les activités pour que l’univers soit alors plein de conscience.
102  L’axe dressé infini (Ananta) va jusqu’à la luette. De la kundalinî éveillée surgit une tige symbolisant la voie royale.
L’intellect est engendré par la puissance de l’illusion, les huit énergies ( ?) forment un nœud, un océan de liens ou la nuit de l’illusion. Si l’on ne réussit pas à trancher ce nœud, on ne peut s’unir à Shiva.


Deuxième partie Percée des centres et étapes de l’ascension
107  Chapitre 1: Initiation par pénétration
L’indicible transmission de maître à disciple s’effectue de cœur à cœur, de corps à corps. Comme il n’existe en réalité qu’une seule conscience – domaine infini de l’illumination – on comprend que la conscience illuminée du maître puisse pénétrer dans la conscience obscure du disciple afin de l’éclairer.
108-9 La transmission des souffles de guru à disciple: d’abord, matin et soir le maître doit verser une offrande de lait et d’huile dans le feu sacrificiel pour apaiser les dieux. Plus tard, cela devient une offrande faite aux cinq souffles, aux organes et aux divinités qui leur correspondent, càd aux énergies assouvies. Plus tard encore, un autre désigne la kundalinî comme ce feu divin apte à consumer toute la dualité. L’offrande à verser dans ce feu devient la pénétration du maître dans le souffle du disciple en qui s’éveille le feu divin, et monte la flamme de la kundalinî. Le feu consume intérieurement les germes des imprégnations inconscientes et elle consiste en l’abandon du moi limité grâce au don de soi qui seul livre accès au moi suprême, masse indivise de conscience  et de plénitude, càd Shiva et son énergie. Sous l’ardeur de la surabondance du beurre clarifié (semen), la suprême énergie se trouve agitée par l’effervescence de l’universel et intense embrasement d’amour.


Pénétration du guru dans les souffles du disciple
C’est en prenant ses assises dans cette oblation plénière qu’un maître accorde l’initiation libératrice. Il s’agit de la pratique de yoga appelée cygne (hamsa). Le guru unit d’abord sa conscience avec la conscience suprême puis, insufflant sa conscience dans celle du disciple, il y pénètre selon une succession de stations dont celle de l’équinoxe, égalité parfaite, propre au vide dans lequel les souffles inspiré et expiré prennent fin.
110  Les secrets de la transmission par l’intermédiaire du souffle Le sacrifice que l’on accomplit pour soi-même en s’adonnant uniquement au contrôle du souffle en offrant le souffle expiré dans le souffle inspiré et le souffle inspiré dans le souffle expiré. Cela n’est pas accompli uniquement pour soi-même, mais encore pour le bien d’autrui. Il s’effectue en deux temps, d’abord pour soi. Le guru offre ce souffle exhalé dans le souffle inhalé en pénétrant jusqu’au plus intime de sa propre félicité et stabilise puis raffermit ce premier flot massif afin de l’instruire ensuite dans son propre disciple. Puis le maître entre dans le corps du disciple et, par l’intermédiaire du souffle, il fait à nouveau double offrande. Quand le souffle exhalé est offert dans le souffle  inhalé au moment de la plénitude interne, le guru plonge en sa propre félicité puis prend le souffle impur du disciple qu’il purifie. Quand le inspiré est offert dans le souffle exhalé, c’est le vide extérieur, le guru pénètre en son disciple qui reprend le souffle ainsi purifié dans un va et vient ininterrompu. Le vide intérieur consiste à offrir le souffle inspiré dans le souffle exhalé. Le vide intérieur est un don fait à soi, d'abord, aux autres, ensuite. Le vide est un va et vient ininterrompu.
111  Pareil échange de souffle ne concerne nullement les étapes ordinaires mais leur nature subtile après qu’ils ont pénétré dans la voie médiane.
Deux conditions à remplir:  
-  le maître doit pouvoir dégager sa conscience de son corps pour l’introduire dans celle du disciple;
- le disciple doit être prêt à reprendre instantanément le souffle expiré du maître. Alors, rempli de la conscience du guru, il  participe peu à peu aux aspects variés de sa félicité. La transmission de l’efficience de l’énergie consciente parfaitement maîtrisée est une pratique longue et difficile (112)  quand il s’agit d’un disciple consacré maître à son tour: comme elle exige de l’initié foi, ténacité et fidélité à toute épreuve, rare est celui qui en bénéficie. Deux sortes d’offrande:  
-  l’une partielle si le disciple veut jouir durant la vie des plaisirs mondains et se libérer à la mort; 
-  l’autre totale s’il n’a qu’un désir, s’unir à Shiva.
Initiation par percée des centres
Elle consiste en une pénétration de plus en plus élevée chez le disciple qui la perçoit de façon précise et certaine à travers ses centres. Mais s’il ne réussit pas à provoquer la montée de roue en roue, la pénétrant s’effectuant vers le bas sera qualifiée de démoniaque. Le parcours ascendant confère libération et conscience tandis que le parcours descendant, malencontreux, relève de la pénétration par un démon. (Allons, bon... JM)
114  Le mantra spontané est une prise de conscience si efficiente du Je qu’elle perce le chakra du cœur. Elle se présente donc comme une initiation de cœur à cœur puisque, par la puissance du Je réalisé dans son propre cœur, le maître touche le cœur de son disciple. Le mouvement de la kundalinî part du centre radical. Le guru dispose d’abord dans son propre cœur la roue faite de huit rayons (et donc celle du cœur, de préférence à la roue à douze rayons située au nombril) et l’y épanouit. Au moment où elle s’élève jusqu’au cœur qui se met à vibrer, la kundalinî doit être pleine d’ardeur et de puissance, sinon elle pourrait percer le cœur du disciple. Le faisant sortir par les neuf ouvertures de son corps, le guru la fait entrer par ces mêmes ouvertures dans le corps de l’initié puis, sous forme de mantra Je, il l’élève jusqu’au sommet à travers tous les centres.
117  Percée de l’énergie
Par la montée subtile du souffle et de l’énergie accompagnée de sonorité vibrante, des muscles inférieurs du tronc, le maître exerce une poussée ascendante sur l’essence énergétique jusqu’au possesseur de l’énergie (Shiva) et spontanément, sans effort d’énonciation. Il s’agit d’une contraction vers le haut à l’aide des muscles du rectum en vue de faire monter la kundalinî. C’est une montée consciente pleine de puissance. C’est enfin une montée spontanée du son vibrant. Cette percée se caractérise par sa spontanéité car le son qui l’accompagne est semblable au bourdonnement ininterrompu et naturel de l’abeille noire.
119  Percée du serpent Une surabondante félicité remplace la résonance mystique.


127  Chapitre 2 Le discernement relatif à l’énergie
Les treize étapes de la kundalinî sont les suivantes (chiffres romains minuscules).
1.   
2.   
3.   
4.  i Siège ou station à 5 largeurs de doigts sous le nombreux et à deux au-dessus de l’organe sexuel, c’est là entre ces deux que réside le bulble, siège du centre inférieur.
5.  ii Pénétration de la kundalinî ayant mis un terme aux souffles inspiré et expiré, qu’on fixe la pensée sur le bulbe. Lorsqu’on a complètement maîtrisé le mouvement du souffle, au point de le conduire jusque dans la voie médiane, c’est là ce qu’on appelle « pénétration ».
6.  iii « L’aspect » consiste en deux centres: l’un est semblable à la macre triangulaire et de l’autre, permanent, possède six rais.  
7.  le bulbe a l’apparence d’une fleur de grenadier: il est rouge quant au genre et contemplation quant à l’essence.
8.  iv objet de la contemplation: qu’on fixe la pensée au milieu de ce bulbe jusqu’à ce qu’elle s’y affermisse et au moment où le souffle, ignoré d’abord, s’arrête, on découvre le but vers lequel on tend.
9.  v Symptôme ou signe caractéristique: l’énergie faite de résonance non issue de la percussion se tient au milieu de la roue du bulbe. Elle correspond à une ligne droite dont les deux extrémités, en haut et en bas, ont la sinuosité du serpent.
10.  Cette situation d’immobilité s’établit en bas et en haut. Entre les deux que sont soleil et lune, l’énergie divine au sens de portion lunaire, la 16e qui resplendit, est resplendissante, son éclat égalant l’éclat de milliers de soleils.
11.  On reconnaît qu’il s’agit bien de cette énergie en suspendant à peine le souffle (intérieurement). Voilà ce qu’on désigne par l’expression « symptôme ». et maintenant la suprême ascension.
12.  vi Acte de faire lever: tout en s’adonnant à l’exercice de l’expiration (intérieure du souffle) qu’on récite la formule  om aksa hrim et qu’on se concentre sur l’énergie bien éveillée, la suprême déesse raide comme un bâton.
13.  provenant du milieu di support radical, elle se repose dans la voie de la susumna.
14.  vii l’éveil: puis quand elle se trouve dans le bulbe, elle doit pénétrer en les perçant successivement dans le nombril, puis dans le cœur, ensuite dans la gorge et immédiatement qu’elle entre à la voûte du palais.
15.  Qu’elle entre ensuite entre les sourcils et qu’elle pénètre par la porte du brahman. Eveillée, qu’elle atteigne rapidement le domaine de Shiva sans relation.
16.  viii Repos dans les centres: voilà ce qu’on nomme éveil. Maintenant le repos dans les centres. L’énergie perce le lotus aux mille pétales, flamboyant, inné, fluide et pourtant semblable à l’immuable firmament.
17.  C’est le diadème immortel (sommet de la tête) et aussi l’énergie et encore le brahman lui-même, Shiva et l’énergie. Voilà ce qu’on appelle en vérité les douze roues
18.  L’énergie ayant percé roue après roue, que cette grande déesse s’y repose chaque fois un moment. Tel est, relatif aux  roues le meilleur des repos.
19.  ix Accès aux étapes le cœur frémit: la porte du palais et la tête se mettent à tourner. Alors se manifeste le symptôme de la vision ordinaire dépassée.
20. Il fait vaciller chaque portion de son corps ainsi que ses membres dans chacune de leurs articulations et son cœur oscillent…
21. Quelles que soient les modifications que cet état produit, qu’on ne s’en effraie pas, c’est la Souveraine qui folâtre.
22.     
23.  Le yogin secoue les liens qui tiennent à l’impureté qu’a suscitée la suprême énergie. Telle est dit-on l’accès aux étapes.
24.  x L’état final lorsqu’il parvient à cette phase ultime, se manifestent soudain, à partir du bulbe, horripilation, flot de  larmes, début de bâillement, balbutiement au cours du langage, éclatement des nœuds, joie du toucher et vibrations de Shiva.
25.  xi Repos parfait. Le repos = quand l’énergie issue du centre du nombril s’éveille complètement, aussitôt disparaît l’ensemble des organes dirigés vers l’extérieur, tandis que la suprême énergie se  fond dans le séjour suprême.
26.     
27.  Quand le sujet ne découvre plus aucun autre objet à connaître (que lui-même) et que son énergie repose en Shiva, c’est là  ce qu’on appelle le repos.
28.  xii Changement radical: si la pensée parvient à s’absorber au lieu même où l’énergie a trouvé le repos, alors pour ces êtres doués de certitude, c’est en sa nature de soi absolu que doit être connu le soi …
29.     
30.  xiii Retour: mais la conscience doit être maintenue en ce lieu car cette énergie y pénétrera. Voici le « discernement relatif à l’énergie (kundalinî) ».

135  Analyse de Mme Silburn

L'autrice commente chacune des treize étapes de la kundalinî.
La description de l’ascension de la kundalinî commence par la pénétration du souffle jusqu’au centre radical (le premier chakra) ou jusque dans la voie médiane (le canal central dans lequel circule l'énergie).
I ii pour faire monter la kundalinî, il faut s’adonner à la contemplation. On visualise le triangle de la naissance, dont le sommet naturellement tourné vers le bas doit changer de direction au moment où le souffle y pénètre, et où la kundalinî se dresse. Si l’on ne se concentrait pas sur ce triangle, il s’évanouirait peu à peu; mais si l’on fixe son attention sur lui, en cherchant à faire lever la kundalinî, il se solidifie et se stabilise. Il devient par la suite roues à six rais, quand l’énergie et Shiva s’unissent indissolublement.
Iii Aspect: ce centre est rouge parce que le rouge indique l’éveil de la kundalinî.
Iv Objet de la contemplation est le but encore inexprimé vers lequel on tend confusément mais qui se dessine lorsque la pensée se fixe fermement sur le bulbe et que le souffle s’apaise de son propre accord. Il s’immobilise sans même qu’on cherche à en prendre conscience. On oublie simplement de respirer. Si on arrêtait le souffle par un effort de la volonté sans l’avoir d’abord apaisé, il y aurait danger de mort.
V Symptôme. Au stade de la pénétration, la force vitale s’est  élancée avec fougue jusqu’au centre radical.
Vi Acte de faire lever: la kundalinî se dresse jusqu’à l’entrée de la voie médiane grâce à la seule énergie spirituelle et non point à l’aide d’exercices de souffle. Une profonde absorption induit tout naturellement le redressement qui ne peut s’effectuer que dans la voie médiane. (j’adore ces yaka !!jm) Le vide sur lequel s’achève l’expiration infuse la  puissance nécessaire à la kundalinî pour qu’elle se dresse raide comme un bâton. Le yogin contemple les deux extrémités de la lovée et se concentre sur l’acte de dresser, la voyant détendre ses anneaux et se lever bien droite. La kundalinî se meut uniquement jusqu’au centre radical et e repose dans le canal médian. C’est là l’étape de la félicité.
Vii  L’éveil: la montée d’énergie s’effectue à partir du bulbe  jusqu’au centre supérieur.
Viii  Repos: dans le centre supérieur, pétale inné, resplendissant tantôt fluant, tantôt immobile, et les deux à la fois puisqu’il est le tout. Jusqu’ici l’auteur avait décrit les centres; plus bas il décrit les mouvements de la kundalinî et les manifestations produites par son ascension de roue en roue qu’elle vivifie à mesure de son passage.
IX  La puissante énergie perce chaque roue et y pénètre. Un violent tremblement provient du cœur, les membres oscillent dans leurs  articulations, on a l’impression qu’un oiseau volette dans la poitrine  sans qu’il y ait de réelles palpitations du cœur. De telles transformations n’ont rien d’inquiétant;  la kundalinî s’amuse à prendre ces formes variées comme devenue folle sous l’effet du nectar de la félicité. Les obstacles sont les nœuds dus aux impuretés remontant à un lointain passé.
X État final: l’énergie s’élève. Symptômes: flot de larmes, horripilation, la bouche s’entrouvre spontanément comme au moment de la mort.
139 Des étincelles pleines de puissance  jaillissent du bulbe lorsque les vibrations parcourent rapidement les centres.
XI Tous les organes s’immergent dans la pure énergie subjective, à la manière du soleil couchant à l’horizon. L’énergie s’absorbe en Shiva tandis que les roues s’unifient et confluent à l’intérieur de la voie médiane.
XII La pensée disparaît.
XIII Racine retour et origine Une arrivée correspondant au retour à l’origine.


145 Chapitre 3: Amaraughasana
Les Natha appartiennent à une école qui vise à se libérer durant la vie. Les Natha sont des Shivaïtes; ils insistent sur une voie directe aussi brève que possible, celle que découvre le mystique en lui-même et jusque dans son propre corps, lieu privilégié de l’expérience. Ils recourent à l’intuition, l’absorption spontanée; se caractérisent par la simplicité du cœur et de l’esprit.
147 Le contrôle sexuel dépend de l’énonciation intérieure: dès que tout a fondu dans la voie médiane, le yogin entend intérieurement une sonorité spontanée et, s’il demeure vigilant à son égard, la kundalinî s’éveille puis s’élance jusqu’au centre supérieur où elle s’unit à Shiva. Pour obtenir cet état ? Ah ben, UN GURU APPARTENANT À LA LIGNÉE DES SIDDHA EST INDISPENSABLE. Il doit être vénéré à l’égal de Shiva. C’est lui qui effectue chez le disciple, et sans effort de sa part, la tenue du souffle, l’absorption de la pensée et l’éveil de la kundalinî. Madame Silburn a apparemment rencontre pareil guru en la personne de Radha Mohan. Voir Lilian Silburn, une vie. De telles pratiques doivent demeurer secrètes; leur langage est fait de suggestions.
148 « Entre anus et organe sexuel se situe le trikona entouré de trois cercles. Et là, dans ce triangle, on décèle trois nœuds racine.
150 Au milieu, un lotus dont les quatre pétales sont tournés vers le bas. Là, au centre du péricarpe, se trouve une CONCHE (coquille) où repose l’énergie kundalinî, la lovée, semblable à une très jeune pousse. Elle réside comme un fil d’araignée, s’avançant jusqu’au cercle du nombril, sur une largeur de quatre doigts, elle s’incurve en huit courbes. La roue du nombril a dix conduits.
151 Le canal central est le chemin de la kundalinî au-dessus de la luette, ce linga déverse un flot de nectar. Au milieu du front se trouve ce nectar même.
153 Dans le lotus du cœur réside la terre de couleur jaune, et au milieu, se trouve la roue de feu, lieu de repos de la conscience empirique. Dans la gorge, siège de purification, se situe la catégorie du soi envahie par le flot de l’eau lustrale (Qui purifie, qui sert à purifier) Au milieu de la voûte du palais, telle la flamme effilée d’une chandelle, la catégorie de l’éclat igné brille sans interruption.
Dans le bourgeon de la cavité du bulbe crânien réside l’air et au bout du nez l’éther.

154 Ce traité montre comment les trois énergies principales, la volonté, la connaissance et l’activité, ornent le soi suprême. La lovée quitte le bulbe en contractant l’anus et sous l’action des souffles. L’énergie lovée tournoie et s’élève en tourbillonnant à partir du bulbe jusqu’au nombril. Elle est sinueuse et possède huit anneaux.
157 Le centre intersourcilier est le centre de l’autorité. Le bindu représente la virilité.


Troisième partie Sens profond de la pratique ésotérique
Il convient de ne pas se laisser impressionner par l'ésotérisme annoncé. L'autrice a les deux pieds sur terre, comme le confirme chaque page de la biographie que lui consacre Madame Chambron. Je repère donc à travers ses analyses ce qui semble porteur au soi. D'ailleurs, le Grand Robert définit l'étymologie d'ésotérique [ezɔteʀik] adj. comme venant du
grec esôterikos «  de l'intérieur, réservé aux seuls adeptes  », de esôteros «  plus intime  », de esô «  au-dedans  ».


Chapitre 1 l’androgyne
Shiva est souvent représenté en Inde sous les traits d’un hermaphrodite. Partie droite du corps masculine et la gauche féminine. Il s’agit d’une union sexuelle sus forme du couple indissoluble formé par Shiva et son énergie.
164 Dans le tantrisme, toute énergie peut être changée  en énergie de pure conscience.
Kundalinî et vie sexuelle
Le rite sexuel qui doit faire accéder à la conscience cosmique prend appui sur le toucher, la ferveur et l’assouvissement du corps. Il porte le plaisir à son plus haut point en le transformant en une félicité apaisée et ininterrompue.
165 Le toucher facilite le contact avec le centre médian. Il est lié à une émotion globale qui entraine l’assouvissement du désir. Obstacles: lumières, odeurs, saveurs et sons extraordinaires surgissant inopinément. Cette indicible sensation se compare à un fourmillement, le contact même avec la grâce…
166 Effervescence et ferveur
Le toucher et le désir jouent tous deux un rôle dont l'intensité fournit un point d'appui précieux. À l'impossible (voire même l'impensable) possessivité amoureuse, dont il s'agit de se dégager, selon les Tantras, succède la tendresse amoureuse nourrie de vénération. Le désir peut alors devenir un pur élan d'amour impersonnel. Cela permet alors de se tenir à la source de l'énergie dans l'émoi du premier regard.


170 Chapitre 2 Transfiguration du corps et de l'univers
La conscience se manifeste en trois sphères successives:

sujet feu  la chaleur intense
connaissance soleil  l'éclat lumineux
 du soleil
objet connu lune  l'immortelle
 boisson de félicité

Tableau: Les trois sphères de la conscience

Nos activités quotidiennes sont au coeur de la nuit et sont soumises à l'illusion. En s'appliquant, une lumière qui transcende l'éclat du soleil et de la lune (connaissance et  objet connu, première colonne du tableau) se perçoit; elle est son propre soi. Chercher, chercher encore...

Le soi suprême & apaisé peut alors se faire omniprésent, sous la forme d'un cygne.
Madame Silburn conclut ce chapitre par: On peut déduire que les activités dirigées vers l'extérieur atteignent l'harmonie... grâce à la seule kundalinî et non sans elle. Nous verrons que la pratique sexuelle a pour but de faire pénétrer l'intériorité du samâdhi dans la sphère dite externe et, de celle-ci, à nouveau, dans l'interne, ce qui permet d'accéder en quelque état que ce soit à une parfaite harmonie. Quand l'intériorité a envahi les différents domaines, vie et activité parviennent à leur apogée...


177 Chapitre 3 Mantras de l'émanation et de la résorption
Il s'agit de devenir attentif à la vibration des conduits de la félicité, ces nâdi, ces canaux qui relient les roues (chakras) entre elles. L'intériorité émane du feu de la conscience sous forme à la fois de nectar conscient en même temps que l'univers extérieur suscite une intériorité accrue.

La résorption est également associée à la montée de la kundalinî. Elle consiste à séjourner progressivement en dix espaces intérieurs de plus en plus apaisés. Chaque espace est associé à un son:

Espaces
intérieurs
SONS du/de la
1 grillon
2 conque
3 instrument à corde
4 vent dans les bambous
5 cymbale
6 grondement du tonnerre
7
8
9 ? grésillement d'un
incendie de forêt
10  tambour puissant

Seul le dixième son est capable de mener à la libération.


Chapitre 4 La voie ésotérique
ésotérique [ezɔteʀik] adj.1752, ézotérique; grec esôterikos «  de l'intérieur, réservé aux seuls adeptes  », de esôteros «  plus intime  », de esô «  au-dedans  ». Rien de tel qu'une étymologie pour intérioriser le sens d'un mot... (Merci A. Rey !)

183 La pratique sexuelle expliquée dans ces textes shivaïtes du Cachemire n'est pas une activité lascive, avide de jouissance, nous dit L. Silburn: « elle se présente comme yn yoga, une discipline, un acte sacré ayant pour but la réalisation de l'essence du Soi, l'identification à Siva; elle relève donc essentiellement d'une conduite héropïque. »
184 L'accompagnement par un maître relevant d'une tradition sûre ou, ce qui est mieux, par une yoginî qui lui apparaît en rêve ou en samâdhi, ou encore par une femme initiée nommée, elle aussi, yoginî, qui agira en maître à son égard.

Mme Silburn continue: « Une des grandes originalités des tantra ... est ce respect accordé à la femme, sakti incarnée, & sans lequel la pratique resterait sans effet. » 184 La femme n'est pas une cause de dégradation pour l'homme ... « La jouissance bien comprise peut conduire à la libération. » 184

Dans nombre de tantra, précise-t-elle plus loin, « les guru initient surtout les femmes à la pratique ésotérique. » 250
L. Silburn met en garde on ne peut plus clairement:

Le libre jeu des souffles non maitrisé ainsi que la convoitise, l'ivresse, la colère, l'attachement & l'illusion sont de bons indicateurs dans la recherche de son bien propre peuvent servir d'indicateurs de "danger gourou commercial " ! id. « Cette pratique doit demeurer secrète » (& donc ne pas servir d'appât comme sur tant de sites Internet !) «& n'est révélée qu'à quelques êtres exceptionnels ayant surmonté les tiraillements du pur & de l'impur, aspirant à vivre & courage & intensité dans l'épanouissement complet de toutes leurs possibilités. Tel est le véritable esprit des tantra

  • qui saisissent la vie dans son intégrité sans refoulement ni mutilations,
  • & qui accordent par conséquent une place légitime à toutes les tendances vitales, émotives, intellectuelles dans la réalisation de l'homme libre & complet. » 185

« 185 Mais que l'Occidental ne s'y trompe pas, lui qui poursuit la recherche du pouvoir sans s'alourdir de vains scrupules. Il ne suffit pas de s'affranchir de toute restriction pour avoir accès [à la pratique ésotérique]. L'aventurier en quête d'une vie originale n'a ni la pureté requise ni l'humilité qui le rendraient soumis au maître, il s'illusionne trop facilement sur une prétendue expérience d'éveil de sa kundalinî et sur le rôle que l'union sexuelle ordinaire peut jouer à cet égard. »

Effets de la pratique ésotérique
187 Cette pratique sexuelle s'adresse uniquement à un yogin dont le coeur est déjà purifié. « Oui, mais sa pensée, son corps et ses organes ne sont pas au même degré et, pour les purifier, [il faut] intensifier l'énergie pour retrouver l'élan du coeur. » L'excitation et la ferveur mystiques ne sont pas faciles à obtenir, masquées qu'elles sont par les excitations physiques avec lesquelles elles n'ont rien à voir. C'est intérieurement qu'il s'agit d'accroître son efficience virile au profit du plaisir du dieu de l'amour. Risque, nous dit L. Silburn: demeurer « comme des rocs en présence d'une belle jeune fille et de ses chants mélodieux... » 188
Il s'agit ni plus ni moins de ne faire qu'un avec l'efficience de sa propre énergie. Tout un programme.
L'effervescnce qui naît au cours de l'ascension de la kundalinî devient alors vibration primordiale. « Prise à sa source, l'énergie abolit toute limite et permet le passage d'individuel à l'universel. » 189
Incertitude et fluctuation
Incertitude, scrupule, doute, dilemme sont des obstacles à la ferveur. (ferveur 
Fin xiie; lat. fervor «  chaleur, bouillonnement  », de fervere. → Fervent.) Viande, alcool et union sexuelle, trois interdictions orthodoxes qui, selon les tantra, lèvent le doute, source principale du dualisme. S'y adonner sans toutefois subir leur esclavage permet de jouir des plaisirs de la vie. Elle permet même, comme toute manifestation de l'énergie, se transmuter en puissance spirituelle. 190
Réunions ésotériques
Leur objectif principal est de décontracter les énergies pour y intégrer le soi. J'abrège... 195
Quiescence et émergence
L'union sexuelle oscille, après la montée de félicité énergétique, entre le calme parfait du samâdhi, ce retrait dans les profondeurs apaisées du soi, et l'état éveillé qui évoque départ, élan, acte libre, sans attache, sans finalité ni motif, n'obéissant à aucun déterminisme. La vie n'est plus que pulsation, sans intérieur ni extérieur. L'auteur détaille cinq étapes à l'union, que les tantra définissent aussi comme friction unitive. 197-8

Pratique ésotérique et progression de l'empreinte indélébile

199 La coïncidence parfaite de l'énergie et de Siva en résulte.
L'autorité avec laquelle l'autrice présente les enseignements des tantra shivaïques du Cachemire la met en position de nous indiquer aussi la distanciation propre à nous maintenir fluent dans le monde.

Le linga signifie symbole ou signe. Apte à déceler la Conscience, il se présente sous trois aspects:

  • le linga inférieur propre à l'individu; on le vénère dans les temples sous une forme concrète;
  • le linga intermédiaire est celui de l'énergie; l'intériorité y domine;
  • le linga suprême, non manifesté, celui de Siva en lequel l'univers se dissout. Il est le coeur qui renferme indifférenciés SIva, l'énergie et l'individu. 200, note 23

Roue centrale et centres secondaires (organes sensoriels)

La roue centrale porte le doux nom de bouche de la yoginî. Elle agit sur le coeur: elle l'anime, l'active en en extrayant quelque chose ou bien en l'épanouissant. 204 L'ouverture vers le cosmos, en quelque sorte.
La félicité qui s'écoule à flot quand les organes masculin et féminin s'unissent provient de la jouissance qui a pour essence la voie médiane. 201
Quand les chakras du corps sont parfaitement accordés et unis par un même courant de vie, la kundalinî les anime. C'est un ensemble dynamique. 202
À travers les organes sensoriels, qui s'ouvrent sur le monde extérieur, la conscience de l'homme ordinaire ne cesse de vagabonder. La roue centrale, n'étant pas éveillée chez l'homme ordinaire, reste fermée à l'intériorité mystique. Quand elle s'éveille, elle entre en conflit avec les organes sensoriels dont la dispersion font échec à son éveil permanent. 203

Enfant exceptionnel né d'une pure matrice 204

càd de l'énergie intériorisée. Visiblement, cela n'est donné qu'aux very happy few: une femme parvenue à un miveau mystique élevé. L'autrice met en garde à plusieurs reprises...
L'efficience virile chez l'homme, la vie, le souffle vital chez la femme. C'est le rôle d'un guru à leur égard. L'homme émet, la femme absorbe, càd « elle peut accumuler de forts pouvoirs & se montrer plus puissante que l'homme. » 205

Et L. Silburn continue en nous faisant part de manière neutre que: « seul un guru très expérimenté peut agir sur le coeur de son disciple. Ce coeur possède deux ouvertures: fermant d'abord l'ouverture vers l'extérieur, le maître ouvre l'ouverture tournée vers l'intérieur; le torrent qui jaillit inonde tout sur son passage dans les canaux, les conduits subtils. Il en résulte excitation, ferveur, autres formes d'intensité. Puis le maître déploie l'ouverture vers le monde et le disciple, tout en baignant dans la paix du soi, la déverse à l'extérieur. Peu à peu, le disciple devient à son tour maître de l'ouverture et de la fermeture.
Ce serait étonnant qu'en un week-end de "formation", cela se passât, donc !
Et, comme si L. Silburn entrevoyait bien les dangers de dévoiler ainsi des enseignements tenus secrets par les gurus tantriques, le dernier paragraphe du chapitre (206) insiste élégamment: « Quant à l'union entre un maître et son disciple féminin - certaines sectes en ont fait leur "spécialité" -, elle exige un maître aussi compétent que parfait pour faire descendre cette pure substance ainsi tenue en réserve et pour la transmettre à une femme. Dans le cas de la conception d'un enfant sanctifié (née de l'union d'un maître & d'une yogini), cette transmission s'opère par union sexuelle, mais elle peut avoir lieu sans cet intermédiaire si maître et disciple sont unis par un très pur amour, un amour qui échappe à tout désir. »

L'essence se thésaurise chez l'homme dans le centre supérieur, au sommet de la tête « sans jamais la gaspiller car elle est une chose éminemment précieuse. ... [Elle constitue] la meilleure des énergies, à n'employer qu'à des fins spirituelles. ... Grâce à cette pure essence, l'homme progresse à grands bonds dans la vie mystique. Devenu maitre de cette puissance qu'il respecte, il ne la perd plus, même si le corps est vieux ou épuisé » 206 En lisant cette phrase, la frêle silhouette de François Cheng prend forme devant mes yeux...


Cheminement conceptuel proposé à travers proses essayées & poésies tentées si vous souhaitez continuer à réfléchir en ma compagnie:

Porter attention à / L’intuition / Lilian Silburn: la kundalinî / La béatitude, késaco ?Humains trop humains / Art poétique, avait-il dit / Le méditatif & le pensif / Complexité, éveil aux matrices du monde / Ariel Suhamy communique le bien chez Spinoza / L'agir & le subi / Spinoza, méthodes pour exister / L'amour intellectuel de la nature en ce jardin paresseux

Notons également que L. Silburn a par exemple publié, entourée d'une équipe étoffée, un ouvrage précieux qui remonte Aux sources du bouddhisme. Première édition en 1977; la deuxième, parue en 1997, elle l'a voulue, mais elle n'a pas pu la mener à bien. Décédée en 1993, l'ouvrage est reparu en 1997 grâce aux bons soins de son équipe. L'ouvrage est en lecture sur Nulle Part en mars 2021. More perhaps soon...

 

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