Feu philo
Feu follet ?
Filons loin du feu,
y a d'la philo ?
Mais le feu...
Qu'un feu se fasse philosophique, et voilà que... le risque est fort grand de n'y plus rien com-prendre au feu qui égaie le foyer... Pourtant en s'accrochant un peu, en débarrassant le texte berquien (rendant compte d'un ouvrage du philosophe japonais YAMAUCHI Tokuryû, intitulé Logos et lemme) de ses citations dans des langues inconnues, cela donne ceci.
Ainsi le rapport entre le combustible et le feu: « Si le feu n’est rien que le combustible, l’agent et ce sur quoi il agit ne font qu’un. Si le feu est autre que le combustible, il existerait même sans le combustible (10, 1), il serait allumé en permanence, n’ayant point pour cause d’avoir été allumé. Le rallumer n’aurait aucun sens. Et dans ces conditions il serait un acte sans objet (10, 2) ».
Le combustible brûle par le feu, le feu attend le combustible pour brûler (p. 80). Le combustible n’est pas seulement matière, c’est une matière qui doit devenir feu. C’est très exactement la trajectivité des prises écouménales: le bois (S) en tant que combustible (S/P)...
Dans ce rapport, le combustible et le feu sont coattentifs (s’attendent réciproquement). Ils ont une nature propre, mais ils doivent la perdre (p. 80). C’est à première vue contradictoire, mais c’est par cela même qu’ils accomplissent leur rapport de coattentivité (p. 80).
Dans le monde, toute chose est ainsi en rapport avec les autres. Le soi n’est soi-même que dans son rapport à l’autre: il attend l’autre pour pouvoir être soi (p. 80). C’est de la relativité, mais qui suppose la coattentivité (p. 80).
Je ne sais pas trop si cela rend le feu plus clair, mais, mine de rien, peut-être y comprendrions-nous même un peu mieux pourquoi le feu et le combustible sont attentifs l'un à l'autre, s'attendent l'un l'autre.
- Sans combustible pas/plus de feu.
- Trop de combustible, pas de feu non plus: comme si le feu se noyait sous le trop grand amas.
- Sans flamme, la matière reste inerte et n'actualise pas la rencontre.
C'est leur rencontre actualisée qui nous est chère (chair ?). C'est l'équilibre optimal entre eux, paramétré, qui leur permet, en s'attendant réciproquement, de s'épanouir en chaleur bienfaisante. Pour que la chair se ré-jouisse par l'imprégnation qui en résulte.
Quelques textes poétiques sur le feu: Assemblées, Béance, Châle d'heure, Le germoir, Observatoire, Qu'on soit !, Se creuse un cocon, Similitudes, Un trouble passager.