Le rationnel conscient témoigne de l'éveil d'une conscience, incertaine d'abord, plus affirmée par suite de sa plus longue pratique sous la houlette de B. Spinoza. Voir Les structures d'une conscience pour un approfondissement.
L'éveil est prise de conscience du réel construit autour du corps; le réel est matrice du monde pour le soi.
Le rationnel imprègne alors mieux les gestes, anticipés avant d'être posés: ils résultent en un meilleur confort du corps de soi.
C'est ainsi que l'esprit à l'éveil y contribue.
Il ne s'agit pas d'une mécanique automatisable: chaque étape est pesée au nom de la raison avant d'être transformée en geste qui pose l'acte observable par autrui.
C'est ce cheminement que l'omniprésente émotion parasite et qui rend le comportement des personnes rationnelles conscientes si indécodables aux yeux d'autrui. Et les isole parmi leurs contemporains, un peu incompris & tenus à l'écart ou se tenant à l'écart par choix.
Le rationnel structuré qui en découle est proprement indéchiffrable par de moindres complexités, par des arborescences mentales aux ramifications
moins développés. Par de moins rationnelles complexités, moins structurées, moins libres de leurs mouvements dans le réel car davantage tenues par leurs émotions moins ténues.
Car bien sûr, tout être humain, et plus largement toute subjectité vivante (animale et végétale), est complexe. A. Berque définit la subjectité comme « le fait d'avoir un soi ». De nombreuses pages sont consacrées à la mésologie (étude des milieux humains, selon A. Berque) sur ce site. Plus particulièrement, sur le sujet, voir: Poétique de la Terre II, Destins du sujet.
L'auteur continue en confirmant la subjectité du vivant: « Traiter le vivant comme s'il était dépourvu d'un soi, de subjectité, comme s'il était un objet, ''c'est se condamner à en rater l'essentiel, qui est sa vie.'' PT 175
La suite du livre [d'Uexküll] apporte une moisson de preuves issues de l'expérimentation scientifique à l'appui de cette thèse: Le vivant a un soi. PT 177
Le vivant a un soi, le vivant a la capacité de choisir, le vivant perçoit.
Le philosophe R. Misrahi a de belles pages sur ce thème, avec le souci de la clarté pour autrui.
Nous sommes, nous devrions être chacune, chacun des arborescences structurées qui se complexifient à mesure que nos réponses face au réel quittent le monde binaire du oui ou non, du noir ou blanc.
Bref, la logique binaire programmée dans nos premiers ordinateurs paraît bien datée maintenant que l'homme, qui joue trop aux dés avec sa survie, leur a appris à le battre aux échecs, par exemple. Les militaires nous en raconteraient probablement de bien pires, s'ils ne cultivaient cet art du secret qu'ils pratiquent depuis les temps immémoriaux de la Chine ancienne.
Car des logiques autres que cartésiennes existent.
C'est à A. Berque que je dois l'éveil à ces autres formes de logique: il nomme cela le tétralemme.
TÉTRALEMME | PT 157 | ||
En logique | En français |
YAMAUCHI, T. philosophe |
NAGARJUNA, Bouddhisme du grand véhicule 3e siècle de |
A | AFFIRMATION, principe d’identité: le modèle est toujours identique à soi-même. |
1er lemme | 1er lemme |
NON-A | NÉGATION, principe de contradiction: la copie n’est pas le modèle |
2e lemme | 2e lemme |
NI A, NI NON-A | BI-NÉGATION, NÉGATION ABSOLUE, principe du tiers exclu: la chôra n’est ni le modèle ni sa copie. |
3e lemme | 4e lemme |
A LA FOIS A & NON-A | BI-AFFIRMATION, principe du tiers inclus, participant de l’être sans toutefois être vraiment. |
4e lemme | 3elemme |
Yamauchi INVERSE L’ORDRE de Nagarjuna qui est le fondateur du bouddhisme du grand véhicule, une religion donc. L'ordre de Nagarjuna est « un bouclage indéfiniment répété sans aucun développement de la pensée. Pour lui, c'est la bi-négation qui est décisive. Yamauchi la met en 3e lemme et donc ouvre. |
PT 157 | ||
Pour la mésologie, le tétralemme permet de comprendre la pleine réalité profane, c’est-à-dire tout simplement celle où nous existons, notre milieu. |
PT 159 | ||
Selon A. Berque, ON PASSE du 3e lemme au 4e lemme « dans une immédiateté à la fois temporelle & spatiale qui relève de l'intuition, non de la dialectique. » |
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Entre deux termes, A & B / c'est-à-dire exprime un rapport dans lequel A est/n'est pas B. En même temps. C'est bien le 4e lemme, où l'on prend à la fois A & NON-A. (NB. Euh... oui,c'est un peu/beaucoup/à la folie hard, conceptuellement... et je ne suis pas sûr d'être fait de ce bois-là... M'enfin bon, ça a le mérite d'exister.) |
PT 159 |
Cette logique d'origine orientale ouvre à la complexité de combinatoires infinies, si bien pratiquées de façon théorique par les mathématiciens. Les maths semblent trop éloignées pourtant du réel commun pour être vraiment compréhensibles
Chaque principe dans le tableau ci-dessus, le principe d'identité, celui de la contradiction, du tiers exclu et enfin celui du tiers inclus coexistent dans le réel contraint. Le réel vrai n'est jamais un et entier.
Terme provisoire de cette bribe philosophique
Ce parcours conceptuel mène à la joie si bien définie par Spinoza, et qu'explique avec maestria R. Misrahi. Bien sûr, d'autres arborescences y mènent aussi. Toutefois, sans un minimum de rationnel conscient, de structuration dans l'arborescence de chaque sujet, de chaque individu, cette joie peut alors largement échapper aux capteurs de l'esprit & ainsi éloigner le corps qui l'héberge de rives plus paisibles & plus sereines.
Cette bribe philosophique contient des hyperliens vers de plus amples développements, si cela vous chante...
Cheminement conceptuel proposé à travers proses essayées & poésies tentées si vous souhaitez continuer à réfléchir en ma compagnie:
Porter attention à / L’intuition / Lilian Silburn: la kundalinî / La béatitude, késaco ? / Porter attention à / Humains trop humains / Art poétique, avait-il dit / Le méditatif & le pensif / Complexité, éveil aux matrices du monde / Ariel Suhamy communique le bien chez Spinoza / L'agir & le subi / Spinoza, méthodes pour exister / L'amour intellectuel de la nature en ce jardin paresseux