Plan

Prise de conscience
Pré-conscience intégrée au corps
Deux grilles

  • de lecture corporelle
  • de décodage du réel

Plaidoyer personnel en cinq points
Un travail réflexif rétrospectif
L'instant précis de la prise de conscience
Définition provisoire
Mise à distance / Prise de distance
Lilian Silburn, Aux sources du bouddhisme: une typologie à sept niveaux:
Matthieu Ricard, sur la prise de conscience
Trois préfixes

  • micro
  • télé
  • macro

Champ corporel de la conscience
Ni simplification, ni réduction
Face-à-face élargi
En guise d'épilogue (Résumé pour lectures pressées)

Autres références sur la conscience


Prise de conscience

Le corps savait, lui, pourquoi/pour qui il s'est récemment tenu éveillé la moitié de la nuit. Je n'en ai pris conscience qu'en suivant le déroulé d'une conversation, le lendemain, devenant plus amicale à mesure qu'elle prenait corps. "Je" n'avait rien préparé parce que "lui" l'était*. Le succès a été au rendez-vous, sous la forme d'un dégagement libératoire hors d'un rétrécissement potentiellement néfaste à une amitié de longue haleine. Le soulagement était manifeste. Presque instantanément.

* Nulle schizophrénie entre Je & le corps: juste un moyen de faire mieux percevoir ce qu'est la prise de conscience.


Préconsicence intégrée au corps

D'être ainsi guidé par la pré-conscience intégrée au corps & voir affleurer la conscience claire de ce qui était en train de se tramer entre deux paroles amies déployant leurs ailes a eu un effet immédiat: le soulagement. Il permet, il autorise alors l'expansion renouvelée de bienfaits réciproques.


Deux grilles
S'affine à chaque fois un peu plus une grille de lecture corporelle; ce texte constitue une utile grille non exclusive de décodage du réel. adossée à une meilleure connaissance de l'Éthique (Spinoza).

Cette nuit pensée - à l'insu de soi - "l'esprit" occupé à tout autre chose: à se demander pourquoi le sommeil ne venait pas, à "s'effrayer" pour rien: une machinerie interne turbinait ferme à l'insu du soi conscient de sa seule insomnie liseuse & non inquiète & confiante.


C'est un Plaidoyer personnel réitéré  pour

  1. lever la chape d'inquiétude qui rôde encore trop volontiers sur une vie;
  2. pour l'élever bien plus haut, sans la dissoudre non plus car elle fait partie du soi - it belongs -; ce serait un leurre de croire sa dissolution possible, d'ailleurs;
  3. pour l'enlever de ses crémaillères qui la maintiennent encore dans l'axe à la verticale du corps;
  4. & la déposer non loin, dans l'entrepôt où l'armure corporelle est également rangée, non pas prête à servir - quoique, avec toute cette malveillance sociale ambiante ! - mais pour servir de balise traçant le chemin parcouru;
  5. pour finalement, un jour, l'élever au rang d'instrument historique, balise obsolète en dépôt.

Un travail réflexif rétrospectif

Ce genre de travail réflexif, plume à la main, constitue de son essence même la nature du chemin & de ses passages étroits.

Je ne sais pas où en est le corps avec cette chape d'inquiétude, à quelle étape il se situe sur ce cheminement. Elle peut encore avoir de beaux restes, ne pas avoir été décrochée. Le simple fait de l'envisager est une étape en soi: il a peut-être suffi que le corps ait pris conscience de son existence pour que s'éclaircisse le chemin, nonobstant (& indépendamment de) la zone froide que ce bout de planète traverse pour l'instant.

La prise de conscience correspond à ce qui figure déjà dans plusieurs bribes sur ce site. Le relevé figure en fin d'essai.


L'instant précis de la prise de conscience

Il sied à la conscience

  • d'intégrer cet instant précis de la prise de conscience dans son déploiement,
  • de définir cet point de cristallisation de la conscience,
    • telle une brièveté temporelle,
    • un "flash" très court où la certitude de quiétude prend pied fermement.

Le munir d'exemples & de caractères définitoires appropriés, propices. Ils permettront d'en mieux baliser la présence.


Définition provisoire

Prendre conscience, c'est soudain percevoir clairement en un instant bref, un "flash" temporellement très court, que le champ de la conscience s'est élargi, a augmenté son étendue, sa portance, sa pertinence aussi. Se savoir toujours être en partance pour une plus grande quiétude intérieure dynamise le cheminement. De savoir qu'elle est susceptible de se manifester assure davantage la fermeté du pas cheminant sur sa voie propre, chemin tendu antre deux abysses qui la bornent: l'avant-naitre et la mort en tant que durée.

Prise de conscience, c'est une prise, une saisie càd une prise en main qui oriente le regard que porte l'attention sur la pertinence des éléments à prendre en considération. La définition du substantif féminin prise se lit ainsi dans le TLFi: « Action de saisir quelque chose, généralement avec la main, avec un autre organe ou avec un instrument. » Au moyen d'un autre organe, la conscience...

Est-ce que le suffixe -ANCE indique un mouvement dynamique, tandis que le suffixe -ENCE dénoterait un état qu'a acquis cette dynamique ?

Ce développement ne dit rien de la permanence possible de cet élargissement du champ de la conscience. Le simple fait de percevoir que la place existe pour qu'il s'y élargisse devrait à terme en assumer puis en assurer la pérennité.


Mise à distance / Prise de distance

Cette prise de conscience est une

  • mise à
  • prise de

distance durant un bref instant; celui-ci offre à la conscience la double mise distance / prise de distance, la distance de mise pour le corps, celle qui lui sied. Cette distance mise/prise ne se détache en rien du corps. L'unité ontologique n'est en rien rompue. Le corps tend juste un peu les bras: il prend mieux conscience du réel à bras portants.


Lilian Silburn, Aux sources du bouddhisme: une typologie à sept niveaux

Dans le chapitre que l'indianiste L. Silburn consacre au système philosophique Yogacara ou Vijnanavada dans le volume Aux sources du bouddhisme qu'elle a dirigé aux éditions Fayard, ceci:

« La difficulté la plus délicate tient à la traduction, commente-elle. Ainsi, pour désigner le terme essentiel du système, la conscience, [ce système] dispose de plusieurs mots que jamais il ne confond parce qu'ils correspondent chacun à un aspect différent & précis, tandis que le français n'en offre qu'un.

Vijnana s'étend

  • à tous les phénomènes
  • & aux différents niveaux de la conscience;

c'est en bref la conscience

  • en sa substance & en son évolution,
  • étalée & morcelée,
  • telle qu'elle peut se présenter à nous
    • conscience en soi immaculée
    • ou conscience empirique impure,
    • conscience mentale & sensorielle
    • aussi bien que la conscience de tréfonds, notre inconscient.

Si cetas est la conscience imprégnée d'affectivité – le coeur –

& vijnapti, la conscience informatrice,

citta, par contre, désigne le noyau de la conscience du point de vue de l'activité selon qu'elle est dispersée ou centrée. C'est LA PRISE DE CONSCIENCE de ce qui est intimement senti comme vrai & effectivement vécu. Associée au yoga elle répond au single intent des mystiques anglais. Fine pointe, elle entraine tout l'être vers l'éveil... Seul citta est apte à un tel élan ainsi qu'à la haute réalisation qui l'accompagne. Elle n'a donc rien de la froide pensée à laquelle les traductions occidentales l'assimilent habituellement. » 215-216

& c'est parti pour plusieurs semaines, voire même plusieurs mois, à tenter de reconnaitre ce nuancier de consciences plurielles en soi !

Reprenons, sous forme de tableau:

Niveaux Appellation  Caractère définitoire
 1  Vijnana

 la conscience

  • en sa substance
  • & en son évolution
    • étalée
    • ou morcelée
 2  Vijnana

 la conscience en soi

  • immaculée
  • ou empirique impure
 3  la conscience mentale & sensorielle
 4  la conscience de tréfonds, notre insconscient
 5  Cetas  la conscience imprégnée d'affectivité - le coeur
 6  Vijnapti  la conscience informative
7  Vitta

 le noyau de la conscience considéré du point de vue de l'activité selon que cette activité est

  • dispersée
  • ou centrée


L'auteur de ce texte traduit par L. Silburn a fondé l'école Yogacara; il s'appelait ASANGA. Il est fréquemment désigné par l'appellation le mystique sans attache. Originaire du Gandhara, il vivait à la fin du IVe siècle de notre ère; il était fils de brahmane. Son frère cadet s'est également converti au bouddhisme. À tort ou à raison, nous susurre L. Silburn (216), plusieurs grandes oeuvres lui sont attribuées mais ne sont probablement pas de lui: notamment, Analyse du milieu & des extrêmes, Terres de la pratique du yoga, Analyse des précieuses lignées mystiques. Par contre, la Somme du grand véhicule (Mahayanasamgraha) et un manuel du Vijnanavadin est son oeuvre. Je note encore que son influence sur le zen est considérable. Wikipedia vous en dirait plus.

 Je m'attache à la lecture de ce sixième chapitre entièrement de la main de L. Silburn.

En voici déjà la table des matières très prometteuse:

 
 


À mesure que je progresserai en surlignages dans l'ouvrage, ce qui est bien entamé (9 2 22), je vous reviendrai épisodiquement, sans fréquence prévisible ! Comme à chaque fois sous la plume de Lilian Silburn, le contenu est riche d'enseignements pluriels.


Matthieu Ricard, également sur la prise de conscience dans Carnets d'un moine errant, ch. 10 Ermitage, 119-120.

Voici un passage retranscrit.

" Avec de la patience, le verger devient confiture", dit le proverbe.

Sur le chemin spirituel, les changements véritables se produisent

  • lentement,
  • mais sûrement.

[Les changements véritables] sont à l'image du mûrissement

  • d'un fruit
  • ou des aiguilles d'une grande horloge qui semblent immobiles quand on les fixe du regard tout en bougeant imperceptiblement à chaque instant.

Les feux d'artifices spirituels, les diverses expériences méditatives intenses qui surviennent parfois au cours de la pratique sont semblables à des brumes matinales: elles ne tardent pas à se dissiper. Si on s'y attache, elles deviennent des obstacles.

Le chemin parcouru

  • ne se mesure pas
    • par des avancées subites
    • ou des bonds extraordinaires;
  • c'est en comparant
    • ce que nous étions quelques années auparavant
    • & ce que nous sommes devenus
  • que l'on PREND CONSCIENCE de ce qui a été accompli en nous.

On évalue alors

  • la diminution
    • de notre égoïsme
    • & de nos émotions perturbatrices
  • en même temps que l'épanouissement
    • de notre sérénité,
    • de notre liberté intérieure
    • ainsi que de notre résilience face aux aléas de l'existence.

Les signes de notre progrès se mesurent également à l'aune

  • de notre altruisme,
  • de l'harmonie
  • & que la bienveillance

que nous sommes capables de manifester dans nos rapports à autrui.

...

L'indice d'une pratique qui progresse dans la bonne direction est, dit-on,

  • un tempérament pacifié & maitrisé
  • allié à un amenuisement des émotions négatives.

...

Lors de mes longues pratiques en retraite solitaire, précise encore M. Ricard,

  • je n'eus pas à "endurer" le lent écoulement du temps;
  • je m'en délectais à chaque instant.

Trois préfixes

C'est la focale qui accommode en

  • éloignant l'oeil de la loupe,
  • approchant l'oeil de l'oculaire
    • du microscope dans un sens,
    • du télescope dans l'autre
    • & du macroscope dans une troisième dimension, pour faire bonne mesure.

Le MICROscope permet d'observer une vue rapprochée sur l'infiniment petit,

le TÉLÉscope offre de voir l'infiniment lointain,

le MACROscope permet de placer la focale sur l'infiniment complexe. Forcément, le corps est toujours un peu infirme face à l'infiniment complexe. Il lui revient d'accommoder de façon plus complexe.


Champ corporel de la conscience

Avoir meilleure prise sur le complexe enrichit le champ corporel de la conscience; cela offre de saisir la complexité de ce qui est perçu. C'est

  • un enrichissement,
  • un étoffement de la palette corporelle,
  • une augmentation du nombre indéfini de dimensions qui la caractérise, cette palette corporelle.

Il n'est pas étonnant que le complexe fasse partie du champ corporel de la conscience que le corps a

  • de soi,
  • de son étendue propre,
  • de sa densité,
  • de son poids spécifique.

Ni simplification, ni réduction

Il s'agit

  • de ne pas se (laisser) simplifier à la plus caricaturale binarité du tout blanc/tout noir,
  • de ne pas se (laisser) réduire à un quelconque plus petit commun dénominateur.

La complexité d'un cheminement de vie y perdrait. Infiniment. L'ouvrage de Joël de Rosnay , Le macroscope, qui en présentait le concept dans les années 1970 reste ainsi pleinement d'actualité. Il a bien servi dans certains cours de linguistique anglaise dispensés auprès d'ingénieurs (Haute École) en agriculture, industries agro-alimentaires & environnement...


Face-à-face élargi

Ce face-à-face avec l'agir, élargi à plusieurs titres, comble.

  • À l'organisation séquentielle des apports artisanaux à l'énergie de la maisonnée succède l'organisation en parallèle;
  • l'accueil des temporalités d'autrui se généralise;
  • la nuance répond à "leurs" incapacités organisatrices. De toute façon, elles se trient d'elles-mêmes, ces incapacités; d'autres prennent leur place, prenant davantage en compte l'autre que je suis pour eux;
  • cela sérénise une vie intérieure: celle-ci peut voguer vers ses propres vacations.
  • Être devenu capacité augmentée à se confronter à l'un ou l'autre comportement personnel délétère (il avait un influx négatif sur le soi; il en a beaucoup moins) la fixe, l'attache avec davantage de fermeté à l'esquif vital dans lequel ce corps-ci est embarqué.

Cela montre qu'il s'agit moins de dépendance paralysante, qui impuissante le corps par rapport à des savoirs-faire étrangers aux siens propres que de complémentarités facilitées par cet élargissement; il peut même s'agir

  • de complicités partagées,
  • de fenêtres de connivences,
  • de terrains communs mieux définis, chacun le sien. Cela conforte l'ancrage.

Il a été nécessaire d'en passer par là probablement; en tout cas, cela fait partie du cheminement sur une voie possible d'éveil qui s'étoffe mieux grâce à la congruence dont elle fait (dé)monstration. C'est une étape, une balise, un bornage franchi dont il convient d'en constater, de la façon la plus neutre possible, le franchissement. Être devenu moins farouche, plus accueillant a dû aider.

L'adjectif farouche m'a été suggéré par la lecture d'un auteur, cité par O. Boutonnet dans son ouvrage sur Wu Yun, qui « prémunit son lecteur contre le mauvais usage de la solitude qui traduit parfois une susceptibilité un peu farouche de l'amour-propre. » 68

La section suivante est une reprise consciente de transitions stabilisées; cela sous-entend qu'il en est de non-stablisées... & que je ne déraille pas !


En guise d'épilogue (Résumé pour lectures pressées)

Nulle érosion de potentialités donc: juste des transitions, quelque remous passager qu'il convient de stabiliser, une fois la lucidité établie. Les démarches rénovantes pour la maison s'amplifient en une organisation en parallèle; les temporalités d'autrui s'accueillent plus volontiers. La nuance, toujours la nuance. Voilà qui sérénise une vie intérieure, la soulage d'instabilités mal vécues. Être devenu capacité augmentée à se confronter à l'un ou l'autre comportement approximatif la fixe, cette capacité augmentée, avec davantage de fermeté à l'esquif vital dans lequel ce corps est embarqué, comme tant d'autres.

Cela (dé?)montre qu'il s'agit moins de dépendance par rapport à des savoirs-faire étrangers aux siens propres que de complémentarités facilitées par cet ancrage conforté. Il a été nécessaire d'en passer par là probablement, en tout cas cela fait partie du cheminement sur une voie potentielle d'éveil, toujours en chemin, jamais atteint, voire jmais atteignable de toute façon. Elle est davantage étoffée par la congruence que cela (dé?)montre.

C'est une étape; parmi d'autres. Une balise. Une borne franchie. Il convient de constater le franchissement d'une façon la plus neutre possible, sans l'alourdir de passions. Ce constat s'enroule sur la bobine qui se remplit à mesure que l'autre se vide de son fil sur le bobinoir, (source de l'image) ; elles sont reliées par ce fil de vie-ci tendu entre elles. Sur cette tension qu'est la vie même qui torsade le fil afin de lui donner davantage de force/résistance/solidité/de den.

The self does not set the pace: each turn of the two takes place at a rhythm which is apparently independent from any external will, as if life itself was holding the tool handle. La volonté d'en diriger le rythme de défilement tient probablement de l'orgueil, si bien défini par Spinoza. [« L’orgueil donc est une joie née de ce que l’homme fait de lui-même plus de cas qu’il n’est juste. » Traduction A. Suhamy, Eth. III, p. 26, scol., entre autres; mais aussi, cette définition d'affect, le 28e: « L'orgueil consiste à faire de soi-même par amour de soi plus de cas qu'il n'est juste. » ]. Life, a far more neutral, passionless strength, determines the pace. Not the self. & the pace is not set once for all. Each turn of the two axes is determined by the relative tension on the thread.La tension elle-même semble pouvoir raisonnablement dépendre aussi (& nullement de façon exclusive) de la confiance mise à l'accueil, plus ou moins ouvert, de l'énergie en soi. Il s'agit bien évidemment d'une hypothèse émise, susceptible de révisions. 


 

 

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